L’année 2018 s’achève. Drôle d’année…
Si je ne devais retenir que deux événements, je citerais sans hésiter le phénomène Gilet jaune et la crise des migrants.
Dans quelques années, des sociologues, des analystes politiques et tout ce que la France compte comme experts vont analyser, disséquer, décortiquer les raisons qui ont fait que la mayonnaise des Gilets jaunes ait pris à ce point.
Pour le moment, alors que nous avons encore la tête dans le guidon et un peu de mal à prendre de la hauteur, relevons simplement que ça a été la révolte de tous les laissés-pour-compte de la société. Ou tout au moins, de ceux qui se considèrent comme tel.
Passons sous silence pour le moment les manipulations de quelques hommes politiques et de quelques ZADistes de Notre Dame des Landes étonnamment actifs et retenons que s’il y avait de nombreux Réunionnais avec de vrais problèmes sur les barrages, il y avait aussi pas mal de personnes qui s’auto-persuadent d’être en difficulté. Comment expliquer sinon les voitures haut de gamme dans lesquels on voyait certains Gilets jaunes arriver ou les smartphones dernier cri avec lesquels on les voyait téléphoner ?
Notre société consumériste comme dirait le Pape, est ainsi faite. Elle a le chic pour nous tenter, pour nous aguicher avec des pubs de mieux en mieux faites et ceux qui se laissent tenter ont dès lors toutes les peines du monde à boucler les fins de mois. Quitte à ensuite se plaindre que les temps sont difficiles et à maudire le gouvernement qui diminue leur pouvoir d’achat.
C’est en ça que l’arrivée d’une centaine de migrants sri-lankais est quelque part salutaire. Elle nous permet de prendre conscience de ce que représente la vraie misère.
Eh oui, il existe des pays dans le monde dans lesquels on vit avec quelques dizaines d’euros par mois, où on ne téléphone pas avec le dernier iPhone à 1.100 euros, où on n’a pas Canal+, où il n’y a pas deux voitures par ménage et où le petit dernier se voit offrir une voiture le jour de ses 18 ans.
Des pays où il existe des vraies dictatures. Ce qui permet au passage de relativiser ceux qui traitent Emmanuel Macron de dictateur… On voit qu’ils ne savent pas ce que c’est vraiment. On devrait leur offrir un petit voyage au Sri-Lanka ou au Vénézuéla…
Des pays dans lesquels on risque sa vie tous les jours. Au point que l’on préfère prendre le risque de s’enfuir sur un bateau et effectuer des milliers de kilomètres dans des conditions épouvantables, quitte à perdre la vie, plutôt que de rester et de continuer à subir.
Je retiendrai aussi l’effondrement de la crédibilité du président de la République. Et ce ne sont pas les dernières révélations d’Alexandre Benalla à Médiapart qui vont améliorer les choses…
Alors, dans ces conditions, que souhaiter pour 2019 ?
Au-delà des vœux traditionnels de santé, de bonheur et de prospérité, j’aimerais pour une fois prendre un peu de hauteur et souhaiter à mon pays de ne pas tomber, comme quelques états voisins, dans le populisme, prélude à de vraies dictatures.
J’aimerais que nous retrouvions notre « vivre ensemble », que La Réunion redevienne cette ile quasiment unique au monde où tout le monde se côtoyait sans chercher à savoir quelle était la couleur ou la religion de son voisin.
J’aimerais qu’Emmanuel Macron annonce ce soir des mesures suffisamment fortes pour que le mouvement Gilets jaunes s’arrête et que notre économie puisse redémarrer. Trop d’entreprises ont déjà été impactées, les contraignant à des licenciements. Avec la cohorte de drames personnels que ça représente et qui auraient pu être évités.
J’aimerais que nos politiques créent les conditions d’un développement qui permettent la disparition de la misère et des créations d’emploi en nombre suffisant pour donner du travail à tous nos jeunes.
Je sais, je suis utopiste. Mais si on ne l’est pas une fois par an, au moment des vœux, quand est-ce qu’on pourra l’être ?