Les deux chargés d’affaires en radioprotection de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) ont enfin mis la main sur le matériel qui a déclenché le 2 mai dernier le portique du site de traitement des déchets de la Rivière Saint-Louis. Aux alentours de 15h30 hier, les bips du radiomètre n’ont fait que confirmer les signaux d’alerte du portique sous lequel le camion « ampliroll » était passé.
Pas plus grand que 10 cm et légèrement plus épais qu’une aiguille sur son extrémité, la sonde de crowe aura nécessité des moyens exceptionnels et une procédure en cascade jusque-là inédite dans notre département.
D’abord isolé du reste des déchets dans un sachet plastique isolant, qui lui-même a été placé au centre d’une buse en béton pour limiter son éventuelle irradiation, les deux agents de l’IRSN ont ensuite procédé à son isolation définitive dans un contenant appelé « château ». La sonde y restera confinée tant que la phase numéro deux de ce traitement un peu spécial ne se déclenche.
A vrai dire, cette phase commence réellement aujourd’hui. « On attendait la confirmation du radio-élément auquel on avait à faire« , confirme Vincent Belon, du service de gestion des déchets de l’ISDND (installation de stockage de déchets non dangereux) de la Rivière Saint-Louis.
Une chose est sûre : les deux experts en radioprotection ne repartiront pas avec ce déchet – bien que confiné – dans leurs valises. Ils doivent remettre, avant leur départ, un « rapport de caractérisation » à la Civis qui permettra à l’intercommunalité de saisir à son tour l’ANDRA. L’ Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs est la seule habilitée à traiter ce genre de matériaux.
Confiné, le déchet n’est pas près de quitter la Réunion
Il reviendra ensuite à cet établissement public – dans un délai qui n’est à ce jour pas connu – de proposer une procédure de reprise du déchet. Là encore, à la manière de l’institut de Sûreté Nucléaire qui n’a pas de représentation locale, la CIVIS devra attendre un certain temps avant de voir ce déchet quitter définitivement notre sol. En attendant, la sonde radioactive reste confinée à l’endroit du site de la Rivière Saint-Etienne, en lieu sûr.
Le mystère quant au fait que cette sonde ait traversé les décennies – alors que son usage dans les cabinets de radiologie a cessé au début des années 60 – risque de demeurer entier. Les experts de radioprotection se livrent à une interprétation qui pourrait tenir la route : « Il y a des gens qui achetaient du radium à l’époque comme on achète de l’or aujourd’hui« . Autant dire que l’objet, au-delà même de son usage premier, a sans doute dû être récupéré pour sa valeur marchande, avant de finir au fond d’un tiroir, puis dans la poubelle.
L’objectif des experts en radioprotection et mesure nucléaire à la Réunion est double puisqu’ils dispenseront aux agents de la Civis et de leur prestataire HCE, avant leur départ le 31 juillet, une formation sur les risques de cette nature.
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Sur le site de l’ANDRA, les sondes « de crowe » sont classées dans la catégorie des objets présentant un risque sanitaire élevé pour les personnes séjournant à proximité de l’objet sorti de son boîtier de protection. Dans la classification énumérée en fonction de l’intensité du risque sanitaire, elle fait donc partie de la catégorie la plus élevée sur une échelle de trois classifications.