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Philosophie et réchauffement climatique

      Je cherchais des réponses à mes interrogations concernant le réchauffement climatique et j’espérais en trouver dans le Hors série n°46 de «Philosophie magazine» consacré à la philosophie du réchauffement climatique. Mais je n’en ai pas trouvé qui m’ont satisfaites.    Ce numéro de «Philosophie magazine» ne présente pas diverses positions au sujet […]

Ecrit par Saucratès – le mercredi 03 février 2021 à 10H19

 

 
 
Je cherchais des réponses à mes interrogations concernant le réchauffement climatique et j’espérais en trouver dans le Hors série n°46 de «Philosophie magazine» consacré à la philosophie du réchauffement climatique. Mais je n’en ai pas trouvé qui m’ont satisfaites. 
 
Ce numéro de «Philosophie magazine» ne présente pas diverses positions au sujet des réponses à apporter aux enjeux du réchauffement climatique. Il ne défend qu’une seule position et il ne donne la parole qu’aux seuls partisans d’une philosophie de l’écologie, de la nature, de l’environnement. On y trouve essentiellement les positions des philosophies adeptes de Gaïa, des plantes, de l’antispécisme, de la libération animale.
 
Je pense que le seul philosophe interrogé qui ne participe pas à cet acharnement philosophique est le slovène Slavoj Zizek, qui remet en cause cette sacralisation de la nature, qu’il présente comme fondamentalement «brutale, radicale, indifférente aux droits et aux devoirs, à nos idées de bien et de mal». À mille lieux de l’idealisme des philosophies parlant de Gaïa. «Les choses en effet peuvent tourner terriblement mal dans la nature. Nous devons l’accepter, mais non y voir un exemple à suivre. Placez-vous par exemple du point de vue d’un évolutionniste strict : que devrait-il penser de l’épidémie de coronavirus ? C’est évident. Qui meurt en effet ? Les personnes âgées, les individus les plus fragiles, les malades. Du point de vue de la sélection naturelle, l’épidémie est une aubaine : elle purge l’espèce des faibles et ne conserve que les forts. C’est une idee impossible à cautionner. Voilà pourquoi je pense que nous devons à tout prix éviter de sacraliser la Terre, de nous y fier.» Mais le pauvre s’est senti obligé de commencer son interview en rappelant qu’il était pro-écologie !
 
La troisième partie de ce magazine est consacrée aux climatosceptiques et aux techno-optimistes, mais aucune de ces deux espèces de personnes ne trouvent grâce aux yeux des rédacteurs de ce magazine. Ce n’est même pas un procès qui leur est fait, mais le prononcé d’une condamnation. 
 
«Sous couvert de légitimes et nécessaires interrogations sur la validité d’hypothèses, de mesures et de modèles (n’ayez pas peur, le magazine ne développera aucune de ces légitimes et nécessaires interrogations), les premiers (les climatosceptiques) se réclament du doute, vertu éminemment scientifique, pour nier l’origine humaine du réchauffement. Les seconds (les techno-optimistes) assurent que les humains s’en sortiront toujours par la technique et que c’est le génie d’Homo Faber que de tirer de sa besace une solution au moment opportun. Les uns ne sont pas moins néfastes que les autres (voilà enfin la position du magazine). Pas facile de faire naviguer la Terre entre Charybde et Scylla. Entre négationnistes et zélotes.»
 
Cette introduction à cette troisième partie du développement de la réflexion de ce magazine donne le ton de la charge portée contre tous ceux qui ne rejoignent pas la collapsologie, l’écologie, le véganisme et l’adoration de Gaïa.
 
Je n’y ai donc pas trouvé une lecture critique des positions et des enjeux des diverses courants philisophiques et éthiques autour de cette notion de réchauffement climatique. À moins d’imaginer que nul philosophe n’interroge ce concept de réchauffement climatique et les moyens d’y faire face ou de le combattre, que nul philosophe ne propose une autre approche de la réalité différente de l’inéluctabilité de la survenue d’une catastrophe écologiste planétaire ou de la recherche d’autres moyens que le Véganisme et l’antispécisme pour y faire face ou pour y répondre.
 
La philosophie peut-elle donc apporter une réponse au problème qui nous fait face ? Et d’abord, quel est ce problème ? 
 – Trouver une solution technique ou économique pour continuer à vivre comme nous le souhaitons, sans nous préoccuper de la finitude du monde ? Non. 
 – Savoir comme réagir au réchauffement climatique et empêcher un emballement du climat terrestre ? Non plus. Pas exactement.
 
La question serait plutôt de savoir guider le monde vers la mise en place d’une organisation économique mondiale vertueuse nous permettant de régler le problème du réchauffement climatique, la moins contraignante possible pour les libertés publiques et pour les individus. Evidemment, on trouve là une première opposition d’envergure entre ma vision de ce qui serait souhaitable et les visions philosophiques, ou les courants de pensée, dont rend compte ce «Philosophie magazine». Je pense «droits des individus» et ils répondent «droits des autres êtres vivants, des animaux et des plantes», alors que moi, je ne reconnais aucun droit au reste de la biosphère terrestre ! Le droit de la vache ou du poulet à ne pas être abattus dans un abattoir ? Le droit de la graminée à pouvoir pousser librement dans son champ ?
 
Une deuxième opposition à ma question n’est pas traitée dans ce magazine. Il a trait à l’opposition entre pays occidentaux et reste du tiers monde, c’est-à-dire la responsabilité des peuples dans les émissions des dernières décennies et des derniers siècles. Les états développés d’Occident doivent-ils porter seuls les efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre ou bien ces efforts doivent-ils être appliqués par tous, sans s’intéresser aux responsabilités passées ? Bizarre que le magazine n’ait retracé aucun débat sur ce sujet, éminemment philosophique. Et évidemment, lorsque je parle de mesures le moins contraignantes possibles, ces mesures n’ont évidemment pas du tout la même incidence selon que je parle d’un américain, d’un européen, ou d’un africain qui adorerait vraisemblablement disposer du niveau et du confort de vie de son homologue américain ou européen. Et inversement. 

À la différence de Slavoj Zizek, je ne commencerais pas cette discussion en me déclarant favorable à l’écologie. L’écologie est un courant politique et je n’ai aucune raison de m’y référer. Les adeptes de la collapsologie et de l’écologie adorent se référer pour leur part à des interdictions. Il faut interdire la consommation de viande, les véhicules automobiles à moteur à combustion, les voyages en avion, et le financement des industries productives ou d’extraction émettrices de CO2. Et c’est justement cette tentation de l’interdiction que j’estime attentatoire aux droits des individus et moralement répréhensible. Qui sont-ils pour déterminer ce qui est bon ou mauvais au niveau de la planète ? Ces adeptes peuvent monopoliser internet sans s’intéresser au coût invraisemblable du refroidissement des centres de serveur pour les téléphones et la technologie dont ils n’envisagent pas de se passer pour véhiculer leurs messages et communiquer sur leurs actions, ils peuvent vivre dans des maisons ou des appartements climatisés ou chauffés, sans s’interroger sur l’impact de cette consommation électrique sur la planète, mais ils décident par contre que telles ou telles autres choses (automobile, viande, avion) sont mauvaises et doivent être interdites ! Je trouve cela extraordinaire, cette certitude d’avoir raison et de savoir ce qui est bon ou mauvais pour la planète, ce qui cause la destruction d’un iceberg et ce qui ne le cause pas. Très clairement, à les entendre, ce qui leur sert est bon ; ce dont ils ont appris à se passer ou qu’ils n’ont pas commencé à se servir est mauvais !
 
Les mouvements activistes qui se réclament de la collapsologie ont trouvé une nouvelle forme d’intervention contre les activités économiques, industrielles, et bientôt de consommation, qu’ils condamnent. Imposer aux grands établissements bancaires de cesser de financer certaines industries émettrices de gaz à effet de serre, comme l’industrie pétrolière. Pour l’instant, cela ne concerne que HSBC et TOTAL. Il faut également noter que des banques se trouvent aux côtés des groupes activistes, comme le Crédit Mutuel ou La Banque Postale. Et on peut imaginer que HSBC devra demain se ranger également aux côtés de ces fonds activistes pour avoir la paix dans le futur. 
 
[https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/01/11/hsbc-sous-pression-de-ses-actionnaires-pour-arreter-de-financer-les-energies-fossiles_6065853_3234.html]urlblank:https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/01/11/hsbc-sous-pression-de-ses-actionnaires-pour-arreter-de-financer-les-energies-fossiles_6065853_3234.html

[https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/04/16/climat-le-petrolier-total-sous-pression-d-un-groupe-d-investisseurs_6036751_3234.html]urlblank:https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/04/16/climat-le-petrolier-total-sous-pression-d-un-groupe-d-investisseurs_6036751_3234.html
 
Certains peuvent évidemment estimer que de telles actions de groupes activistes sont souhaitables. Pour ma part, je ne le pense pas. Si ces attaques réussissaient, si toutes les banques étaient obligées de cesser de financer ces sociétés comme TOTAL et les autres fournisseurs d’énergies fossiles, celles-ci devraient disparaître, avec des centaines de milliers de salariés jetés au chômage, et une impossibilité de se fournir en nombre de produits indispensables à la vie, à notre vie. 
 
Par ailleurs, si ce genre d’attaques activistes réussissent, elles se généraliseront à tout un tas d’autres activités bancaires et elles concerneront demain tels ou tels constructeurs automobiles, tels ou tels fabricants de ciment, puis aux prêts des simples consommateurs. Les banques se verront alors contraintes de ne plus financer les véhicules automobiles autres qu’électriques, puis demain tout moyen de locomotion individuel. Est-ce un futur enviable ? Sont-ce des pratiques activistes souhaitables ? Non. Parce que ces pratiques activistes ne visent toujours que l’interdiction et la contrainte !
 
Je ne dis évidemment pas qu’il n’y a rien à faire pour influer sur le monde de la Finance et de l’industrie, par le biais de normes plus contraignantes et de lois dont l’application doit se faire à l’échelle mondiale. La finance a évidemment un impact catastrophique sur les évolutions des pratiques industrielles et il faut réformer, contraindre, imposer drastiquement le monde de la Finance et l’empêcher de se réfugier dans des paradis fiscaux. 
 
Mais il n’y a pas que la Finance ! Il y a aussi l’aspect démographie. Il faudrait aussi vraisemblablement contraindre tous les états de la planète à restreindre l’accroissement de leur population ; on ne peut pas laisser la population terrestre continuer de croître indéfiniment avec toutes les conséquences migratoires qui en résultent vers les pays occidentaux. On ne peut pas se contenter d’attendre la stabilisation de la population terrestre à 10 ou 12 milliards d’habitants par le simple biais de la transition démographique. La solution chinoise d’un seul enfant par femme (ou par couple) est vraisemblablement la seule réponse possible à l’urgence démographique qui est devant nous ! Evidemment, là aussi, c’est un sujet dont l’impact est différent en Occident, ou la transition démographique a eu lieu il y a plus d’un siècle, et dans les pays en développement qui n’y sont pas encore. 
 
 
Saucratès 
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