« Je veux profiter de ma vie sociale d’avant », annonce d’entrée Marguerite. Assise à une table du restaurant le KT Dral, la jeune femme attend une amie pour le premier resto d’après confinement. « On attendait ça avec impatience », indique la cliente avant d’ajouter qu’elle n’est « pas trop inquiète, La Réunion n’a pas été trop touchée ».
À la table d’à côté, disposée à un mètre de distance, Camille et Jean-Baptiste ont également tenu à être présents pour ce moment. Ancienne employée du restaurant, la jeune femme souligne que sa présence est « une grosse forme de solidarité ». Professionnelle de la restauration, Camille souhaite que « tous les Réunionnais soient solidaires et fassent repartir l’économie du secteur. On a la sensation de retrouver une forme de liberté avec nos habitudes », enchaîne son compagnon. Le couple a décidé de faire la tournée des restaurants qu’ils apprécient pour soutenir les restaurateurs.
Entre les habitués venus donner « un coup de pouce » ou des clients juste pressés de retrouver une « vie normale », le carré cathédrale avait une belle affluence pour ce premier service, même si une bonne partie des tables n’avait pas trouvé preneur. Les habitués de l’épicentre festif dionysien ne devraient pas tarder à retrouver ses plus belles heures selon certains clients.
Du côté des restaurateurs, l’optimisme est moins flagrant. « Il n’y aura plus l’ambiance comme avant », craint Karine, la directrice adjointe du KT Dral. Après plus de deux mois de fermeture, la gérante craint que cet épisode ait un impact sur son commerce. « Ce sera comme avec les gilets jaunes », poursuit-elle. Une manière de rappeler que les commerçants de l’île ont eux de nombreux coups durs depuis deux ans.
Autre difficulté avec deux mois d’inactivité: le manque de repère. « Je ne retrouve plus mon restaurant comme avant, je ne me retrouve plus », affirme Karine. Un constat que les membres de son staff partagent. Des repères à prendre également pour les fournisseurs qui doivent mettre les bouchés doubles pour répondre aux besoins de leurs clients. Conséquence, les livraisons ont du retard, générant un peu plus de stress dans les restaurants. Karine était toutefois satisfaite de pouvoir proposer une carte complète à ses clients.
Concernant les mesures Covid, Karine regrette qu’il n’y ait pas eu plus d’informations pour les professionnels sur les mesures à prendre. Certaines règles peuvent pénaliser les clients comme les restaurateurs. « Les clients doivent mettre un masque pour aller aux toilettes, on doit malheureusement les refuser s’ils n’en ont pas », se désole la restauratrice.
Ce n’est pas la seule mesure que le restaurant a adoptée. Les tables sont espacées d’un mètre, des distributeurs de gel hydroalcoolique sont disposés un peu partout et tous les paiements se font aux tables. Les clients n’ont pas le droit de se déplacer à côté du comptoir et du bar tandis que les tables sont limitées à 10 personnes. La crainte du personnel est d’avoir les enfants qui s’amusent au milieu des tables. « Les serveurs vont devoir faire la police et leur travail », reconnaît la gérante. Toutefois, le restaurant ne fera pas payer de « taxe Covid » comme cela peut se faire en métropole.
Selon certains clients, « c’est jeudi soir qu’on saura si le carré cathédrale va repartir », allusion aux After-Works d’avant le confinement. Pour Camille, il va y avoir « d’abord une phase d’observation de 2-3 semaines avant que les gens se lâchent ». C’est probablement à ce moment que les restaurateurs sauront si tout repart comme avant ou si la crise est bien plus profonde.