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Peut-on établir un lien entre le zamal et la schizophrénie? Réponse d’un spécialiste

De nombreuses études ont déjà tenté de montrer qu'il existe un lien entre la schizophrénie et le cannabis, la question n'a de cesse de provoquer la polémique. Une nouvelle étude parue le 12 octobre dernier dans la revue "Biological Psychiatry", produite par l'université du Texas, affirme qu'il y aurait un gène commun, le NRG1, dans le risque de schizophrénie et d'addiction au zamal. Le docteur David Mete, chef du service addictologie du CHU Nord de la Réunion, nous donne son avis sur la question... ainsi que sur le débat sur la dépénalisation.

Ecrit par zinfos974 – le vendredi 19 octobre 2012 à 09H43

Dr Mete, que pensez-vous de cette nouvelle étude qui consiste à penser que schozophrénie et cannabis ont un gène commun?

Dr Mete : Dans toutes formes d’addiction aux drogues (alcool, zamal, tabac…), il est question de vulnérabilité génétique, à valeur de 30 à 60% des cas pour le tabac. Dans le cas de la schizophrénie, il est également question de vulnérabilité génétique c’est-à-dire qu’il n’est pas question de maladie génétique, mais plutôt des gènes associés favorables à l’apparition de la maladie.

Cette vulnérabilité se manifeste de plusieurs façons. Par exemple, dans beaucoup de pays d’Asie, la Corée et la Chine, les individus digèrent très mal l’alcool. Ils ont le visage qui devient rouge et qui gonfle et sont victimes de vomissements. En quelque sorte, leur gènes les « protègent » de l’addiction à l’alcool. Inversement, chez certaines personnes qui ont un plaisir inhabituel à boire ou à se droguer, il peut y avoir un terrain génétique favorable. A l’heure actuelle, même avec un suivi courant, on ne peut pas pour autant déterminer les facteurs génétiques…

Beaucoup d’études avancent l’idée que le fait de fumer du cannabis peut favoriser l’apparition de la schizophrénie…

D’abord, il faut plutôt parler « des schizophrénies » car il s’agit d’un ensemble de maladies prenant une forme et intensité différentes selon les individus. La schizophrénie paranoïde est la plus connue. Cette maladie est, par exemple, courante chez les vrais jumeaux car il y a plus de gènes favorables à la schizophrènie. Il se peut qu’un des deux developpe cette psychose.

Zamal et schizophrénie touchent généralement des personnalités ayant des prédispositions à la réverie, au mysticisme, ayant du mal à communiquer, des personnes « fragiles ». Pour eux prendre toute drogue peut être fatal, ils peuvent rester bloqués.

Profitons de cette interview pour vous interroger sur le débat politique lancé autour de la dépénalisation du cannabis. Serait-ce une bonne ou une mauvaise chose pour vous?

Il y a une confusion entre dépénalisation et légalisation. En tant que professionnel de santé, il est sûr que je soutiens l’idée que les drogues et toutes les formes d’addictions sont nuisibles à la santé.

Le problème est que ce sont les politiques qui décident, avec leur vision généralement réductrice du problème. Ils véhiculent des symboles forts pour faire peur aux populations. L’interdiction de la drogue fait accroître la criminalité et les mafias, et cela n’empêche pas que les gens se droguent dans la clandestinité.

En tant que médecin , les consommateurs de drogue ne sont pas considérés comme des criminels mais comme des patients, des personnes en difficultés. Un législation contrôlée permettrait de limiter et de contrôler pour mieux soigner et stopper la clandestinité.

La majorité des professionnels de l’addictologie espère une évolution de la loi qui avait été votée un 31 décembre 1970, pour une vérité plus nuancée…

Quoi qu’il en soit le cannabis est une substance dangereuse. Tous les jeunes, avant 15 ans évidemment, et bien sûr après, ne devraient vraiment pas fumer de cannabis, ni boire d’alcool, pour la simple et bonne raison qu’ils sont en pleine croissance.

 

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