Alors que le nombre de personnes décédées de la peste a atteint le chiffre de 94 à Madagascar selon le tout dernier bilan communiqué ce vendredi, les autorités sanitaires sont confrontées à la réticence de certaines familles en matière d’inhumation.
Le journal L’Express de Madagascar rapporte dans son édition du jeudi 19 octobre l’immense difficulté que rencontrent les autorités sanitaires locales pour faire comprendre à certaines familles l’importance d’inhumer au plus vite leur défunt.
De nombreux cas similaires se sont présentés aux autorités ces derniers jours. « Il a été impossible pour les agents du Bureau municipal de l’hygiène (BMH) de la commune urbaine d’Antananarivo, de récupérer le corps d’une femme probablement pestiférée, décédée dans sa maison à Ampefiloha-Ambodirano, hier. Ils étaient pourtant accompagnés d’agents des forces de l’ordre », écrit le journal malgache.
Les agents sanitaires étaient venus récupérer le corps lorsque la famille du défunt y a opposé une farouche résistance. « Le pire a été évité. Les membres de cette famille étaient prêts à tuer », relate même le journal. Le corps n’a de ce fait pas pu être soustrait à la famille.
Mais les autorités ne comptent pas se laisser faire par ces traditions d’inhumation dans le caveau familial au regard du risque de propagation qui demeure élevé dans cet épisode de mortalité élevée cette année dans la Grande Ile. Ce genre de scènes s’est répété à au moins trois reprises ces derniers jours à Madagascar.
C’était le cas, dans la même journée, d’une dépouille que les agents du BMH ont pu récupérer dans son foyer à Andranomanalina. « Ses proches nous avaient mis dehors. Avec l’appui des forces de l’ordre, nous avons pu récupérer le corps et l’enterrer dans la fosse commune d’Anjanahary », indique un témoin au journal l’Express.
Les réticences des familles rendent difficiles les travaux du BMH. En règle générale, « le corps d’un pestiféré, comme l’écrit l’Express, doit être mis sous terre au maximum six heures après l’heure du décès. Ces retards d’inhumation peuvent toujours être dangereux, en termes de propagation de la bactérie, surtout pour les personnes qui touchent les cadavres. Elles peuvent contracter la bactérie », souligne un médecin interrogé par le journal.
Le mode d’enterrement des personnes soupçonnées d’avoir contracté la peste est contradictoire avec la tradition malgache, qui prône les veillées funéraires et l’inhumation dans le caveau familial, rappelle l’Express.
Devant ces réticences, le ministère de la Santé publique malgache envisage une stratégie d’enterrement digne et sécurisée des personnes qui meurent de la peste, informe l’Express de Madagascar.