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Pervers pépère, violent, content de lui : « Elle m’énerve, j’ai empoigné le couteau ! »

Correctionnelle Sud - Jeudi 24 mai 2018

Ecrit par Jules Bénard – le vendredi 25 mai 2018 à 11H00

Jean-Hugues, 66 ans aux caramboles, est voûté et malingre et dissimule sous cette frêle apparence un tempérament impulsif et violent qui trompe bien son monde. Il est si chétif qu’on a envie de lui conseiller d’attendre un peu avant de sortir du tribunal (s’il en sort !) ; dehors il souffle un sacré zéph. Pour tout dire, un vent à décorner un cocu ! Ce qu’il n’est apparemment pas.

« Elle m’énerve ! »

Ce qu’on lui reproche ? Des bricoles. Il a juste brandi un couteau de cuisine au-dessus de la tête de sa compagne en lui serrant le gosier, balançant les mots qui vont avec :

« Je te tue et je me tue ensuite ! »

Sympa, non ?

Placé sous contrôle judiciaire depuis quelque temps, il est astreint à des mesures strictes de soins eu égard à sa consommation d’alcool, laquelle semble plus élevée que sa consommation de nourriture. On lui donne à peine 45 kilos tout mouillé. Il attirerait presque la compassion : il n’a pas un sou, aucun revenu et est logé par le CHRS de Saint-Pierre. Dit comme ça, on croirait presque à de la taule. C’est ignorer que les gens du CHRS (centre d’hébergement et de réinsertion sociale) font un sacré travail pour socialiser les gens en rupture de vie familiale ou sociale. On y est plutôt bien, logé, nourri… Je tenais à le préciser pour rendre hommage à ces personnes qui prennent soin des SDF, des gens jetés hors de chez eux, des chômeurs, des mal-aimés. J’connais.

Depuis 2004 que sa femme et lui sont rentrés au pays, il la bat comme plâtre, ce qu’il nie farouchement. Avant de finir par admettre que « oui, de temps en temps, parfois, peut-être… » et encore.

« Pourquoi cette attitude ? – Elle crie, elle m’énerve, elle est hors de la maison au moins trois jours par semaine ». Ce qui peut se comprendre.

« Bande gendarmes lé mauvais ! »

Ce soir-là, 9 février 2016, baizman la pété akoz lu lavé boir.

« Vous aviez beaucoup bu ? demande doucement la présidente Dinot. – Non… pas si tant qu’ça… – Combien ? – Ben… in’ ti pé, pas pliss. – Deux grammes soixante-six dans le sang quand même ! »

C’est à peu près ce qu’on affiche avec dix bières sinon un tiers de charrette. Trois fois rien ; des prunes ; pas bézèf ; in’ ti guine !
Il s’énerve tant et si bien que le séjour ressemble vite à un poulailler dévasté par un coq en chaleur. Puis, ce sont les cris, les insultes et le couteau de belle facture qu’il va chercher à la cuisine.

Il la saisit à la gorge, lève le couteau et éructe :

« Je te tue et je me tue ensuite ».
« La pas vrai ça ! se récrie-t-il. Mwin été au moins à dix mètres ! »

Les gendarmes arrivent, enchristent le violent ; au poste, il s’énerve contre eux.

« Pourquoi ? – Ben ils m’avaient arrêté, c’est normal, non ? » S’il le dit… Puis il se cogne la tête dans les murs pour achever de prouver sa bonne foi et son « état normal » selon lui.

Me Raffi vs. Freud : 1 à 0 !

À la question de son avocat, l’impayable Bruno Raffi, il dit désirer retourner avec sa femme. Cela n’étonnera personne de savoir que cette dernière ne l’entend pas de cette oreille.

Me Brigitte Hoarau pour la femme, a bien expliqué que cette dernière avait de son époux une trouille bleue et qu’elle ne voulait plus le voir en peinture. Mais comme elle n’est pas intéressée, elle a juste demandé un euro symbolique, ce qui suffit à établir son statut de victime.

Le procureur Martin Genet, sobre, précis comme toujours, a simplement dit que les faits sont très graves, durent depuis trop longtemps et, surtout, que l’accusé ne fait que minimiser sa responsabilité. Et de requérir 6 mois avec sursis, l’interdiction de s’approcher de sa victime ni même de la contacter par téléphone, haut-parleur ou table tournante, peu importe ! Et une obligation de soins anti-alcooliques à la clef.

Me Bruno Raffi a commencé par préciser que son seul espoir était que désormais, le prévenu utilise des couteaux pour cuisiner seulement. Et d’expliquer, dans un grand élan de psychanalyse, que si l’homme nie sa faute, c’est parce qu’il ne veut plus se voir comme ça. Après cette envolée, Freud n’à qu’à aller se rhabiller !

Le tribunal a suivi point par point toutes les réquisitions du procureur.

 

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