Revenir à la rubrique : Société

Personnes sans abri : Encore trop peu de places en hébergement d’urgence

Carole Tipveau via son association Amour Désintéressé/DA se bat pour défendre les intérêts des sans-abris. Elle dénonce un manque d’hébergement d’urgence et "la pression" qu’il faut exercer sur le 115 pour tenter d’obtenir une place pour passer une nuit en toute sécurité, à l'abri, quand la vie nous a tout pris.

Ecrit par zinfos974 – le dimanche 27 décembre 2020 à 09H12

« Il faut non seulement insister mais aussi mettre la pression. J’en ai fait l’expérience moi-même pour un couple qui s’est retrouvé à la rue. La dame a appelé le 115 qui lui a répondu qu’il n’y avait pas de place. Quand j’ai pris le téléphone pour dire que ce n’était pas possible, qu’il fallait trouver une solution, finalement le nécessaire a été fait », témoigne Carole Tipveau.

Un exemple parmi d’autres assure la présidente de l’association Amour Désintéressé/DA. Une structure qu’elle a créée avec un couple il y a 5 mois après une rencontre avec une sans-abri du côté de l’Etang-Salé. Une rencontre qui l’a bouleversée. Depuis, « l’association est énormément sollicitée ». 

« Le dispositif 115 est un mirage »

Le nombre de sans-abris dans l’île est difficile à estimer tant les situations sont diverses et complexes. Selon le rapport régional 2019 de la Fondation Abbé Pierre, les personnes sans domicile fixe seraient 725 à La Réunion. « On ne peut pas laisser des humains dormir sur des trottoirs », s’insurge la présidente de l’association, qui travaille dans l’immobilier. Pour cette dernière, « la première marche quand on se retrouve à la rue, à savoir le 115, est déjà sciée ».

« Ce dispositif est un mirage. Les places ne sont pas assez nombreuses et du coup le lot quotidien des sans-abris c’est d’être contraints d’appeler trois fois par jour pour s’entendre dire qu’il n’y a pas de place. Et si par miracle une place se libère, il faudra le lendemain à 8H se retrouver à nouveau dans la rue et recommencer la même démarche, inlassablement ».

 

Des sans-abris aux multiples visages

6 places d’hébergement d’urgence de nuit sont proposées dans le sud et 24 dans le nord. Au total, il existe 204 places d’urgence orientables par le 115. « J’ai été contacté pour deux sans-abris en attente d’aide à Saint-Joseph. J’ai pris attache aussi auprès du CCAS et je n’ai toujours pas reçu de réponse », déplore Carole Tipveau. « Les sans-abris que l’on voie ne sont que la partie émergée de l’iceberg ». Les visages des personnes sans domicile fixe sont multiples: des couples avec ou sans enfant, des jeunes, des femmes, des hommes qui vivent dans des squats ou sont hébergés par la famille ou des proches. Selon l’éclairage régional de 2019 de la Fondation Abbé Pierre, les femmes seules sont plus fréquemment confrontées à des demandes non pourvues. 

Une situation qui s’améliore avec la création de nouvelles places pour les victimes de violences conjugales mais pas seulement, rassure Manon Heribert-Laubriat, responsable des politiques d’hébergement et d’accès au logement à la Direction de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DJSCS). Plus de 40.000 appels sont traités par le 115 chaque année.

« La DJSCS n’a cessé d’adapter les places d’hébergement au besoin et à la demande »

« De 40 % de mise à l’abri sur appel du 115 en 2017, nous sommes passés à 70 % en 2019 », assure-t-elle. Manon Heribert-Laubriat reconnaît « qu’il peut arriver » que les centres soient saturés. « En fonction des besoins remontés par le 115, la DJSCS n’a cessé d’adapter les places d’hébergement au besoin et à la demande ». Ainsi, les 20 places mises à disposition durant le confinement sur Saint-Denis seront pérennisées l’année prochaine.

Avec le dispositif de mise à l’abri généralisé et d’accompagnement au logement début août dernier, 53 personnes ont été relogées, avance-t-elle.  Le dispositif sera reconduit en fonction des besoins. Des besoins que la responsable des politiques d’hébergement et d’accès au logement de la DJSCS sent bien qu’ils devraient augmenter avec les effets de la crise sanitaire.
 

C’est pour cette raison que Carole Tipveau veut également, à l’instar d’autres associations comme la Fondation Abbé Pierre, demander une refonte de la politique du logement social, « un bateau sans capitaine », insiste-t-elle. Ainsi avec son association, Carole frappe à toutes les portes et espère rencontrer un maximum d’acteurs dans chaque collectivité pour que « chacun ait le droit à la dignité ». 

 

Thèmes :
Message fin article

Avez-vous aimé cet article ?

Partagez-le sans tarder sur les réseaux sociaux, abonnez-vous à notre Newsletter,
et restez à l'affût de nos dernières actualités en nous suivant sur Google Actualités.

Pour accéder à nos articles en continu, voici notre flux RSS : https://www.zinfos974.com/feed
Une meilleure expérience de lecture !
nous suggérons l'utilisation de Feedly.

S’abonner
Notification pour
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

Dans la même rubrique

Sakifo 2024 : “50% de notre programmation sera réunionnaise”

Pour son édition 2024, le Sakifo veut encore proposer du grand spectacle au public réunionnais. Si de grand nom de la musique francophone, comme Hamza, Grand Corps Malade ou IAM répondront présent, les artistes péis ne sont pas en reste, avec Danyel Waro, Lindigo ou encore TABA.

La Réunion est le département le moins sportif de France

Une étude de l’INSEE révèle que La Réunion est le département français qui pratique le moins d’activité sportive. Seul 50% des Réunionnais pratiquent au moins une activité physique par semaine. Comme partout, le nombre de licenciés est en baisse et les femmes restent minoritaires.