Zinfos974: Vous avez été condamné en métropole pour des faits d’agressions sexuelles, vous avez été libéré en 2003 après deux ans de prison. En arrivant à la Réunion, vous étiez en liberté conditionnelle et vous n’aviez pas le droit d’entrer en contact avec des mineurs. Comment se fait-il que l’on vous ait confié l’aumônerie du CHD et la paroisse de la Source ?
Père Jean-Marie Vincent : Je logeais dans la cure de la paroisse de la Source à l’époque. Le père Antaya (ndlr: nommé depuis à Saint-Louis) m’avait installé un petit local dans la cure (NDLR: Le local de la cure jouxte la maison des jeunes de la paroisse et se trouve en face de l’église). J’étais à l’hôpital, j’ai rendu des services également. j’ai été dire des messes à la Bretagne, mais aussi à Saint-Benoit. La première année, je n’ai pas été en contact avec des mineurs et j’étais toujours en contrôle judiciaire. En 2004, j’ai pris la paroisse de la Source mais je n’ai pas fait le catéchisme (NDLR : à ce moment de l’interview plusieurs enfants viennent lui dire bonjour et l’embrassent. Embarrassé, le père Vincent nous déclare : « Oui, je sais. Je de devrais peut être pas les embrasser…« ). A la Source le curé ne fait pas le catéchisme. Pour les chorales, ce n’était pas moi. Je n’ai jamais pris de chorale ici. Il y a une chorale à la Source mais je n’ai pas fait ça. J’ai assez donné pendant 36 ans en étant directeur de chorale à Bar-le-Duc.
Concrètement comment s’est déroulé votre contrôle judiciaire ?
Pour moi c’est la justice qui compte. Ici, un juge d’application des peines m’a notifié mon contrôle judiciaire, mais il ne m’a vu qu’une seule fois. Il m’a dit : « Vous êtes nommé accompagnateur au CHD de Bellepierre mais vous n’allez pas dans le service de pédiatrie« . Première réponse de la justice. Dans le suivi de ma conditionnelle, j’ai vu un psychiatre en avril 2004 et il m’a dit que je pouvais reprendre les fonctions de mon ministère. J’ai ensuite été suivi par un psychologue chargé de l’insertion qui m’a pas mal aidé. Ma liberté conditionnelle s’est terminée en mai 2005. Comme la paroisse était vacante entre 2004 et 2005 (ndlr : suite au départ du père Antaya), Monseigneur m’a nommé avec deux autres personnes. En mai 2005, ma liberté conditionnelle s’est achevée et donc j’ai pu reprendre mes fonctions normalement. Sur le plan juridique, j’étais parfaitement en règle.
Est-ce que Monseigneur Aubry était au courant de votre passé judiciaire ?
Mais bien sûr qu’il était au courant ! Il y a eu un dialogue très serré entre l’évêque de Verdun et l’évêque de la Réunion. Un échange de courriers dans lequel ils ont trouvé une solution. On m’avait interdit d’aller dans la Meuse, il y avait Nancy ou Paris. Mais je connaissais la Réunion et le juge d’application des peines en métropole m’a dit : « La Réunion c’est très bien car c’est loin » et c’est pourquoi il a obligé la Réunion à me prendre. Moi je vous ai donné les faits tels qu’ils sont.
Mais on aurait pu vous donner un autre poste au diocèse ?
Je ne vais pas revenir sur le passé. Il (NDLR: Monseigneur Aubry) a pris une décision intelligente en examinant les faits. En métropole, l’évêque de Verdun est venu me voir tout de suite. Quand je me suis retrouvé en préventive, j’étais démoli. La première question que j’ai posée était de savoir si je pourrais toujours exercer. Il m’a répondu « évidemment« . C’était ça mon souhait. Avec Monseigneur Aubry, il y a eu des liens très précis et les faits qui m’étaient reprochés ont été remis à leur juste mesure. Du coup, il a pris la décision de m’accueillir tout en suivant les règles de la justice.