Depuis plusieurs semaines, alors que le niveau de l’étiage est au plus bas (le niveau des rivières est à 80% en-dessous des normes saisonnières, et le niveau de la nappe phréatique est à 40% en-dessous de la norme, selon l’Office de l’Eau, qui dépend du Conseil Général), un quartier de Sainte-Marie, l’Espérance-les Hauts, souffre de manière chronique d’une pénurie d’eau. Or il faut savoir que dans la commune de Sainte-Marie, les quartiers sont diversement approvisionnés en eau de consommation humaine, entre une ressource pluviale dans les Hauts ou souterraine dans les Bas. Cette situation n’est pas unique à La Réunion, mais elle survient dans une climatologie de sécheresse prolongée dans cette zone nord-est. Les écarts sainte-mariens sont dans cette configuration de pénurie.
Rappelons qu’à La Réunion :
– 55% de l’eau de consommation est fournie par les captages superficiels, alors que moins d’1/3 de l’eau potable, en métropole, est d’origine pluviale.
– Les dangers de la nappe phréatique : eau rémanente, elle est soumise aux pollutions agricoles (nitrates, pesticides) ; d’ailleurs, il y a quelques années, un captage souterrain a été fermé à Dos D’âne en raison de cette pollution, qui tend à croître au fil des ans. De plus, elle est soumise au biseau salé (contamination océanique).
– L’eau réunionnaise est la moins chère de France (environ deux euros le m3), le Réunionnais est le plus gros consommateur (environ 260 m3 par habitant et par an).
– Un arrêté sécheresse a déjà été pris en décembre 2007 dans l’Est de l’Île.
Il est surprenant de constater ces faits, alors que personne jusqu’à présent n’a proposé la moindre modification des captages, ou mis en place une politique plus systématique de réduction de consommation. En tous cas pas de la part de nos élus (compétences du Conseil Général et des Communes par le biais du Comité de Bassin), toujours splendidement silencieux sur ce sujet. Voici ce que nous proposons à Europe Ecologie les Verts :
– Réduction de la consommation en période de sécheresse (octobre à décembre) par tous moyens parfaitement décrits dans un opuscule édité par l’Office de l’Eau et accessible gracieusement au grand public (http://www.eaureunion.fr). Un focus peut être fait sur la récupération des eaux de pluie pour arrosage.
– Sur le plan départemental et communal : augmenter la part des captages d’eau phréatique en préservant les périmètres de protection, favoriser les captages à mi-pente pour éviter le biseau salé, accompagner l’agriculture dans une utilisation raisonnée des pesticides (ou pas de pesticides du tout dans le cadre de l’agriculture biologique), ce qui diminuera la contamination phréatique par les polluants agricoles.
– Respecter la directive européenne cadre sur l’eau, qui exige un rendement des adductions vers 75%, alors que le rendement actuel à La Réunion est de l’ordre de 50%, ce qui diminuera drastiquement la consommation en évitant le gaspillage. Ceci passe par un partenariat fort avec les sociétés de fermage ou les régies communales.
Ces quelques mesures peuvent parfaitement suffire à ne plus avoir de pénurie comme on l’a constaté dans le passé ou comme on le constate actuellement, ce qui est surprenant dans une île aussi (il est vrai inégalement) arrosée : l’Espérance, gardez espoir !
Dr Bruno Bourgeon
Candidat aux Cantonales sur Sainte-Marie
Pour Europe Ecologie-les Verts