« Je veux partir ». Ce sont les premiers mots prononcés par l’un des gramounes de la pension marron « Ti Case Kréol 974 » à Saint-André lorsque la police est arrivée pour les délivrer en janvier 2018. Ce monsieur était l’un des quatre pensionnaires de Marie Sylvaine Dobi dans la famille d’accueil qu’elle a continué à faire tourner malgré un retrait d’agrément en mars 2017. Insultes, menaces, tapes sur la main… mais aussi aucun accès aux téléphones, tablettes, ventilateurs pour na pas « utiliser l’électricité ». Aucune sortie non plus, même dans la cour, une chambre « couloir » sans fenêtre et des médicaments mal administrés. Un autre pensionnaire, paraplégique, racontait devoir « supplier pour mes médicaments et même un verre d’eau » et ne recevoir aucune aide pour se nourrir. « Chiasse de zoreil, moukat de zoreil », aurait proféré Marie Sylvaine Dobi.
Alertée par des professionnels médicaux, l’ARS lui avait retiré son agrément mais près d’un an plus tard, c’est une infirmière qui a dénoncé les faits. Les pensionnaires avaient ainsi pu être évacués en urgence vers l’EPSMR de Saint-Benoît. Et pour Marie Sylvaine Dobi, 4 mois de détention provisoire.
Jugée ce vendredi devant le tribunal correctionnel de Saint-Denis, la Saint-Andréenne de 55 ans niait les faits : « Le fait de crier, c’est pas de la maltraitance même si mi crie fort ». Elle rappelle également qu’ « en 13 ans de services, il y a eu aucun problème ». Marie Sylvaine Dobi était presque « hermétique » comme a affirmé la procureure. Presque. Car en garde à vue, elle avait pourtant avoué avoir secoué et donné des claques sur les mains car « sur le visage, ça laisse des traces ». Des paroles qu’elle aurait prononcées alors que la police l’avait agressée, enfermée et muselée, selon elle. Sentant le peu de crédibilité qu’elle tenait s’effriter, elle finit par avouer certains actes.
Elle a finalement été condamnée à 18 mois de prison dont 14 avec sursis. Son « employé » a été condamné à 8 mois avec sursis.
Leur avocat, le bâtonnier Georges-André Hoarau a quant à lui pointé du doigt un « problème de société » et la « défaillance de l’Etat », alors que « 850.000 vieux arrivent chaque année sur le marché, si on peut le dire ainsi ». « Ils ont voulu réaliser à leur façon une mission d’aide à la déchéance humaine ».