Fin septembre 2011, le préfet autorisait de façon exceptionnelle ce qu’il appellera le « prélèvement » de 10 requins tigres et bouledogues, les deux espèces les plus menaçantes dans les eaux réunionnaises.
L’expérience n’a débouché que sur la pêche d’un seul prédateur, c’était le 29 septembre. Un peu plus tôt dans l’année, ce sont des particuliers qui ont décidé de procéder de la sorte.
Ces deux cas médiatisés de pêche aux requins ont tous deux pour point commun d’avoir répondu à chaud à une attaque sur un pratiquant.
Le 19 février 2011, un requin arrache la jambe d’un touriste de 32 ans à peine débarqué de Gillot le matin même. Une attaque qui s’est déroulée sur le spot de Trois-Roches. Sans tarder, le lendemain, un requin bouledogue est cueilli à Trois-Roches en fin de journée par des particuliers pratiquants de sports nautiques. Cette première prise augurait d’une année 2011 qui restera dans les mémoires.
Septembre 2011, l’attaque de trop, celle sur Matthieu Schiller à Boucan Canot. Cette fois-ci, c’est l’autorité préfectorale qui manoeuvre. Prise dans l’étau entre des données scientifiques qui, avouera le préfet, tarderont à venir, et les tenants d’une réaction immédiate, Michel Lalande prônera la solution intermédiaire des désormais fameux « prélèvements ». Un seul requin sera pêché avec toutes les peines du monde le 29 septembre. D’initiative privée ou publique, dans les deux cas la pêche des requins sera critiquée par une frange de l’opinion publique, quant ce n’est pas des associations comme la Sea Shepherd Foundation ou d’autres associations écolos ou de protection des animaux.
Juste des prises sur des « espèces non menacées »
D’ateliers requins en réunions de crise dans les heures qui suivent les observations (Saint-Leu, Trois-Bassins après Roches Noires et Boucan Canot), certains surfeurs estiment ces derniers jours avoir atteint le point de rupture.
Le sujet est délicat, l’anonymat reste de circonstance. « La plupart d’entre nous a déjà arrêté nos activités », racontent des moniteurs de clubs de surf. « Disposer des drumlines en entrée de spots, et on en parle plus. Du moins, c’est peut-être la méthode la plus efficace pour éloigner quelques spécimens sédentarisés ». Comme conséquence, ils espèrent que la pêche de deux ou trois prédateurs pourrait avantageusement alerter les autres requins. « Ils savent déterminer si l’un des leurs a été pêché, et ils s’éloigneront du site à nouveau fréquenté par nos lignes de pêche », prévoit un professionnel sur les dents et qui laisse planer le doute sur le fait que ces pêches préventives ont déjà eu lieu.
Devant le tollé suscité par ces deux exemples connus de pêche aux requins de 2011, les pratiquants se disent prêts à s’organiser pour mener des expéditions. « Le manque d’autorité des pouvoirs publics est consternante. Il y aura un autre drame si rien n’est fait », s’exclament-ils. Le jeu en vaut-il la chandelle ? Les discours semblent en tout cas déterminés. Ne sont-ils que des discours d’intention ?
« Si l’on part sur le principe du pas vu pas pris, qu’est-ce qui nous interdirait d’aller pêcher les requins en toute discrétion ? », demande faussement l’un d’entre eux. Puisqu’après tout, disent-ils, « les bouledogues et les tigres ne font pas partie des espèces protégées ».