Que se passe-t-il entre l’ESPE (Ecole supérieure du professorat et de l’Education), le rectorat et les contractuels de l’Education nationale, fraîchement auréolés de leurs écrits, et en attente de passer leurs oraux (juin 2014) pour devenir enseignants.
Ces professeurs en devenir ont signé des contrats au sein de plusieurs établissements de l’île et certains étudiants se disent aujourd’hui victimes de « chantage » de la part du rectorat. Ils l’accusent ouvertement de les pousser à prendre obligatoirement une formation, en vue de la préparation des oraux, sous peine de voir leur contrat rompu. Prévenu, le ministère de l’Education nationale entend donner une priorité à ce dossier.
De nombreux syndicats ont été alertés de la manoeuvre. Le SNES a été le premier à dégainer. Dans un article de nos confrères du Quotidien datant de septembre dernier, le syndicat s’inquiétait déjà de la non-gratuité de la formation au sein de l’ESPE.
D’autant que les contractuels touchent un salaire de 1.000 euros par mois – pour six heures d’enseignements par semaine en sus de la préparation des cours – et l’ESPE leur réclame la somme de 600 euros pour suivre 58 heures de formation. Une somme impossible à sortir pour certains d’entre eux. Deuxième syndicat à monter au front, la FSU (voir [ici]url:http://www.zinfos974.com/FSU-Devenir-enseignant-formez-vous-mais-a-vos-frais-_a64033.html ) avait dénoncé la méthode de « la formation mais à vos propre frais » dans nos colonnes.
« Si nous ne prenons pas cette formation, le rectorat annule nos contrats passés avec les établissements »
Sauf que la situation pourrait s’arrêter là si le rectorat ne faisait pas du « chantage » à l’emploi, comme nous l’ont expliqué plusieurs étudiants souhaitant garder l’anonymat par peur de représailles. C’est que le rectorat emploie la manière forte pour obliger ces étudiants à payer cette formation. « On nous explique que si nous ne prenons pas cette formation (dont le coût est de 600 euros ndlr), le rectorat annule nos contrats passés avec les établissements. En gros c’est paye ta formation ou tu n’as plus de contrat. Certains ont eu peur et ont signé, résigné, à l’idée de perdre leur contrat« , souligne l’un d’entre eux.
Pourtant à la lecture des contrats, nulle trace d’une clause « suspensive » ou « d’annulation » en cas de refus de suivre une formation à l’ESPE.
Selon la circulaire du ministère, les formations doivent être « offertes » à l’agent
Mais selon la dernière circulaire du ministère de l’Education nationale entrant dans le « Cadre de recrutement et d’emploi des candidats admissibles de la session exceptionnelle 2014« , aucune référence n’est faite aux dires du rectorat. Pis, selon les conditions d’emploi des « admissibles contractuels titulaires d’un Master 2 » il est mentionné : « Dans le second degré (…). En complément de leur service d’enseignement, vous veillerez à ce que des actions de formation professionnalisantes organisées par l’établissement d’enseignement supérieur de l’académie en charge de la formation des maîtres leur soient proposées. Exceptionnellement, et avec l’accord de l’intéressé, le contrat peut être à temps complet si le service est compatible avec le suivi des actions de formation « offertes » à l’agent« .
Selon le SNES, dans un mail que nous nous sommes procurés, le rectorat botterait en touche expliquant ne pas être concerné. En effet, l »ESPE dépend de l’Université et donc d’un autre ministère.
Reste que le ministère de l’Education nationale a été alerté des cas d’étudiants réunionnais dans cette situation pour le moins inconfortable. Dans un mail adressé à un contractuel concerné, un cadre du ministère explique : « Il s’avère que le ministère a reçu des questions similaires émanant de personnes dans la même situation que vous dans l’académie de la Réunion (…). L’ensemble de ces courriels, dont les vôtres, ont été regroupés et transmis à ma hiérarchie, qui compte tenu de l’urgence traitera directement ce dossier« .
Quid du rectorat dans cette histoire? Par l’intermédiaire de leur service communication voici leur réponse : « Il a été demandé aux contractuels de se former dans le cadre du M2 ou, pour ceux ayant déjà un M2, dans le cadre de modules de formations, afin qu’ils assurent un suivi pédagogique étant devant élèves. La construction des compétences professionnelles repose sur l’alternance, si l’on enlève la théorie, la formation perd de son efficacité. L’objectif est donc d’être préparé à enseigner en responsabilité et de préparer le concours. La présence au cours dépend de l’éthique et de l’engagement de chacun mais n’interfère pas avec le maintien du contrat« . A suivre.