Qui peut aujourd’hui barrer la route à l’avancée inéluctable de Paul Vergès vers un autre mandat de président de la Région Réunion ?
S’il y a quelques mois, Gilbert Annette à gauche, et Jean-Paul Virapoullé et Didier Robert à droite, faisaient illusion, aujourd’hui, le contexte social, économique et politique conforte une stratégie simple et terriblement efficace : attendre et laisser les autres se battre, se ridiculiser en de conflits stériles et se décrédibiliser à l’approche d’une échéance régionale capitale.
Paul Vergès a pris son temps pour éliminer de sa route un éventuel obstacle à son prochain triomphe. Son cercle rapproché travaille sur deux fronts en même temps : le parti socialiste à Gauche, et Didier Robert et Jean-Paul Virapoullé à Droite. Ce week-end, Claude Hoarau et Huguette Bello ont permis à Paul Vergès de faire coup double.
D’une part, les deux maires sortants ont conforté la dynamique de succès dans laquelle se trouve Paul Vergès depuis des mois. La communication à coups de millions d’euros pour la route des Tamarins et Gerri est très efficace. A chaque visite, les ministres du gouvernement confortent sa position d’homme incontournable à La Réunion.
A Droite, Nassimah Dindar, présidente du Conseil général, a inscrit la politique du Département dans la continuité et la complémentarité de celle développée par la Région. Ainsi, l’insertion va devenir une prérogative du Conseil régional, à travers un établissement public.
L’évolution de la gestion des services à la personne (ARAST) à travers une SEM, va permettre à la Région Réunion de contrôler un autre domaine social, aujourd’hui compétence du Conseil général. Cela fait quelques années déjà que Paul Vergès donne à sa collectivité une dimension économique, politique et sociale, sans cesse croissante. La Réunion a d’ores et déjà dans les faits son assemblée unique présidée par celui qui le désire le plus.
Cette stratégie a eu aussi pour effets et conséquences de nuire à la droite. Cette position de Nassimah Dindar depuis l’installation d’une majorité composite l’année dernière au palais de La Source, n’a eu de cesse de déstabiliser la droite à plusieurs niveaux.
Cela fait plus d’un an et demi que la droite ne sait plus où elle habite. Depuis ce week-end, elle est sans domicile fixe. Et sans avenir. Ses deux chefs de file potentiels se détestent cordialement. Didier Robert et Jean-Paul Virapoullé tentent toujours d’obtenir auprès des instances nationales de l’UMP une légitimité qu’ils ont du mal à avoir dans les urnes à La Réunion.
Qu’importe, la Droite n’a pas de relève ni de chef de file crédible à quelques mois de la prochaine échéance régionale. A Gauche, le parti socialiste en meilleure santé n’a toutefois plus ni les moyens, ni l’ambition de concurrencer Paul Vergès aux Régionales de 2010. La division, avec la menace de deux listes, gangrène un parti pourtant dans une courbe ascendante jusqu’à l’année dernière. L’échec des Européennes cette année n’est pas dû au hasard.
Au parti communiste réunionnais, la situation est différente. En surface tout va bien et tous derrière Paul Vergès. Le dernier congrès a permis aux “jeunes” loups de se positionner. Elie Hoarau a succédé à Elie Hoarau. Il a d’ailleurs été élu député européen. A La Réunion, c’est un autre “jeune espoir” de la politique qui mènera la liste de l’Alliance aux Régionales de 2010.
A 84 ans, Paul Vergès va se succéder à lui-même à la présidence de la Région Réunion, puis il devrait passer le témoin à son fils, Pierre. Le “président” avance sereinement. A six mois des Régionales, il n’y a plus aucun obstacle sur sa route.
Aujourd’hui, qui peut espérer entraver la marche triomphale de Paul Vergès et famille vers la pyramide inversée ?