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Paul Hoarau : « Avec les réseaux sociaux et internet, c’est la débandade maintenant »

Tous les jeudis, jusqu'aux élections municipales de mars 2014, la rédaction de Zinfos974 vous propose de voyager dans les méandres d'anciennes municipales, de vous replonger dans les campagnes électorales d'antan et de revivre quelques anecdotes grâce aux interviews d'ancien élus ou maires de la politique réunionnaise.

Ecrit par zinfos974 – le jeudi 13 mars 2014 à 10H43

Notre rubrique « Hier en campagne » s’arrête aujourd’hui sur Paul Hoarau. Ancien journaliste et politique, il a dirigé pendant de nombreuses années le journal le Progrès. Ancien attaché parlementaire de Wilfrid Bertile (1971), conseiller régional et adjoint à la municipalité de Saint-Denis, Paul Hoarau a été un des artisans de la régionalisation en 1982; et a fait de la fraude électorale, une de ses grandes batailles. Il revient pour nous sur son passé de militant et d’élu, mais également sur sa vision de la politique en 2014.

Zinfos974: Pouvez-vous revenir sur votre parcours professionnel à la Réunion ?

Paul Hoarau : J’ai commencé à travailler au Progrès (journal fondé en 1914 dont le dernier numéro est paru en 1977 ndlr) où nous soutenions les actions syndicales et les planteurs dans un premier temps. Est arrivée par la suite la politique avec deux gros problèmes, celui de la fraude électorale et du débat sur le statut d’autonomie et de départementalisation de la Réunion. J’ai appuyé la création de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat avec Auguste Legros. A partir du Progrès (le journal ndlr), nous avons créé le comité du progrès. En 1971, de nouvelles têtes en politique ont fait leur apparition. Wilfrid Bertile est devenu député et je suis devenu son attaché parlementaire. J’ai également été adjoint à la mairie de Saint-Denis. J’ai mené un combat au sein de la république française, celui de la régionalisation en 1982, et suis devenu conseiller régional. J’ai toujours été élu en tant que personnalité de la vie civile, je n’ai jamais été dans un parti.

Comment se déroulaient les campagnes électorales à l’époque ?

Ce n’était vraiment pas pareil à l’époque. Vous ne pouviez pas être candidat si la Préfecture ne vous y autorisait pas. Il y avait le candidat du PCR et les candidats nationaux. J’avais lancé le MPR (Mouvement populaire réunionnais) et j’avais reçu l’autorisation de passer à la télévision. Cette autorisation j’avais pu l’obtenir car la Préfecture s’était trompée et avait compris que j’étais du MRP (Mouvement républicain populaire). A la télévision, j’avais tenu un discours résolument tourné contre la fraude électorale. Cela avait provoqué un scandale à l’époque. Toujours dans mon combat contre la fraude électorale, je me rappelle de campagnes électorales où, lorsque les bureaux de vote étaient fermés, on demandait à tout le monde d’évacuer la salle. On s’était rendu compte que le dépouillement n’était pas fait et que les résultats étaient tout de même prononcés. J’avais réussi à cette époque à prouver la fraude dans un bureau de vote du Guillaume. A partir du moment où Michel Debré est venu se présenter à la Réunion (1963 ndlr), ce genre de pratique s’est estompé. A son niveau on ne pouvait pas se permettre ça (Michel Debré était l’ancien Premier ministre sous De Gaulle ndlr). Ca a été un changement dans le style de campagne à la Réunion.

 

Puisque vous abordez ces anecdotes, est-ce que vous en avez d’autres qui vous reviennent en mémoire ?

Avant, les campagnes électorales étaient musclées. Je me souviens de ma grand-mère, lors d’une élection avant-guerre, qui nous disait de ne pas sortir de chez nous. C’était assez violent, il y avait des coups de fusil. J’ai une autre anecdote, nous faisions campagne à Commune Primat, lorsque nous nous sommes retrouvés dans notre voiture, moi et le candidat, encerclés par des femmes, galets à la main. On a voulu faire demi-tour, mais un énorme galet a traversé la lunette arrière de la voiture pour atterrir entre nous deux. Les gendarmes de l’époque n’ont jamais voulu prendre notre plainte.

Qu’est-ce que vous pensez de la campagne électorale aujourd’hui ? 

Avec les réseaux sociaux et internet, c’est la débandade maintenant. C’est devenu un combat d’égos, un combat de carriéristes, un combat de responsables. Maintenant on vous dit : « votez pour moi vous aurez un logement ou un emploi ». Mais une fois l’élection passée, les candidats ne peuvent pas tenir leurs promesses et se retournent en criant que c’est de la faute à l’Etat. La politique est devenue une frange confortable et qui rapporte. Il n’y a plus de responsabilité et on fait de la politique marketing aujourd’hui. On crie au scandale quand un homme ou une femme politique passe de la gauche à la droite ou inversement, mais c’est dans la logique et la réalité de la politique de maintenant.

Pour vous est-ce qu’un homme ou une femme politique se dégage du paysage local ? 

Certains candidats trouvent grâce à mes yeux mais je ne vous dirai pas qui. Le système a changé, la classe politique a changé.

 

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