
L’océan indomptable vient se briser sur les falaises abruptes de la commune de Saint-Philippe. Le village possède un des plus anciens ports de Marine de la côte Sud. Cet espace réservé à l’activité maritime est visible depuis la route. La mer mouvementée ne permet pas un accostage facile. Aussi, les pêcheurs profitent de la houle pour sortir ou pour rentrer à bon port. A l’époque, les habitants ramenaient les produits de leurs pêches dans des embarcations taillées dans des troncs d’arbres évidés (Lhuillier 1703).
Entre le Baril et le village de Saint Philippe, il reste quelques vestiges de la rampe de hallage tranchée dans les pierres basaltiques se jetant dans la mer vers l’Ouest. Les points d’attache du treuil, utilisé pour soulever les marchandises trop lourdes pour l’homme, sont encore visibles.
Entre le Baril et le village de Saint Philippe, il reste quelques vestiges de la rampe de hallage tranchée dans les pierres basaltiques se jetant dans la mer vers l’Ouest. Les points d’attache du treuil, utilisé pour soulever les marchandises trop lourdes pour l’homme, sont encore visibles.

Dans la nuit du 13 au 14 janvier 1897, le Warren Hastings venant du Cap, se présente au large de la pointe de la Table. Ce vapeur transporte des troupes anglaises à Maurice puis en Inde. Depuis quelques heures, le navire connait des anomalies au niveau de ses appareils de navigation. Entre 2h00 et 3h00 du matin, il fait nuit noire, il pleut à torrent, le commandant Holland et ses hommes de veille ne voient rien à moins de dix mètres. Soudain, le compas magnétique s’affole. L’éruption du piton de la Fournaise y serait-elle pour quelque chose ? Nul ne peut le dire. Trop près des côtes, le vapeur vient s’échouer sur un récif. Il touche par l’avant et s’élance encore d’une cinquantaine de mètres avant de s’immobiliser complètement. La proue en l’air et la poupe sous plusieurs mètres d’eau.

Le choc contre les récifs réveille les habitants de Saint-Philippe. Ils entendent une énorme détonation, comme un coup de canon ou plutôt de tonnerre. Fanal à la main, ils s’avancent vers la mer et découvrent l’énorme masse du steamer anglais dont le pont est éclairé (électricité). Surpris tout d’abord par l’immense masse qui leur fait face. Ils agitent leurs lampes et un son de clairon leur répond depuis le navire. Par chance le Warren Hastings, (du nom du Premier gouverneur général de l’Inde, (1732-1818)), s’est échoué au seul endroit accessible par les pêcheurs.

Voyant qu’il se trouvait tout près de la côte, le Commandant Holland fait mettre des chaloupes à l'eau, mais les vagues violentes et le vent du Sud ne facilitent pas le débarquement des passagers. Le bateau est agité et risque de se casser en deux. Un premier contingent de soldats est débarqué. Holland espère tenir jusqu’au lever du jour, mais les assauts de la mer déchainée font tanguer le vapeur qui se remplit d’eau. Alors que le jour pointe, des cordages et des voiles sont placés jusqu’à la falaise. Depuis la terre, les pêcheurs se sont approchés et participent au sauvetage. En 30 minutes, dans un calme parfait descendent, les femmes et les enfants d’abord, puis les malades, les hommes, les militaires et enfin le capitaine. Dans l’eau, les naufragés se tiennent aux cordages et sont guidés jusqu’aux rochers à proximité. Ce naufrage fait deux morts, qui sautent à la mer en espérant gagner la côte à la nage, ils sont emportés par les eaux.
Les naufragés sont accueillis par les habitants de Saint-Philippe. Les hébergements s’organisent dans toutes les maisons, les salles municipales, les anciens logements des engagés. La nourriture arrive par charrettes entières. Les habitants de Saint-Philippe font preuve d’un sens de l’hospitalité hors du commun. En une heure, la petite commune contient 1.262 habitants supplémentaires. Les soldats qui n’ont pas trouvé d’hébergement vont à pied et s’écroulent parfois de fatigue dans des fourrés environnants. Alors, le maire fait appel à la commune voisine, Saint-Joseph et demande de l’aide à Saint-Denis par télégramme.
Trois jours plus tard, les sinistrés du Warren Hastings sont transportés par trains spéciaux jusqu’à la Pointe des galets. Ils quittent La Réunion, le 17 janvier, pour l’Angleterre sur le vapeur anglais Lalpoora. Dans son rapport à sa hiérarchie, le commandant Holland souligne et salue le caractère désintéressé et aimable de la population. La Reine Victoria remerciera les habitants de l’île pour leur hospitalité. L'épave du Warren Hastings repose par 15 m de fond au large des côtes de Saint-Philippe, occupé aujourd’hui par des colonies de poissons et de coraux.
Trois jours plus tard, les sinistrés du Warren Hastings sont transportés par trains spéciaux jusqu’à la Pointe des galets. Ils quittent La Réunion, le 17 janvier, pour l’Angleterre sur le vapeur anglais Lalpoora. Dans son rapport à sa hiérarchie, le commandant Holland souligne et salue le caractère désintéressé et aimable de la population. La Reine Victoria remerciera les habitants de l’île pour leur hospitalité. L'épave du Warren Hastings repose par 15 m de fond au large des côtes de Saint-Philippe, occupé aujourd’hui par des colonies de poissons et de coraux.