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Patrick Dalleau, candidat à St-Benoît: « L’urgence c’est de désenclaver la ville »

"Avant de me situer dans une logique de partis, je me situe dans une logique de projets". Et des projets, Patrick Dalleau n'en manque pas pour Saint-Benoît. Candidat sans étiquette pour son premier plongeon dans le bain politique, ce cadre administratif d'une cinquantaine d'années, qui réussit une bonne campagne sur le terrain, compte bien succéder à Jean-Claude Fruteau en mars prochain dans le fauteuil de maire et sortir la capitale administrative de l'est de sa "léthargie". Entretien.

Ecrit par zinfos974 – le mercredi 22 janvier 2020 à 16H00

Ce qui vous a poussé à vous présenter ?

Quand je regarde mon territoire au fil du temps et quand je constate combien il est en panne, qu’il est délabré, que les gens, mais aussi les entreprises sont en souffrance, deux postures s’offraient à moi: soit rester fataliste soit la posture d’un citoyen engagé qui est de dire qu’on n’accepte pas cette situation. Je souhaite avec mon équipe contribuer à ce que cela change de manière ordonnée et pérenne. C’est pour cela que mon engagement a pris corps qui était une idée dans un premier temps, mais au fil du temps, cette idée a pris forme en fédérant autour de moi un certain nombre de personnes de la société civile qui aujourd’hui n’acceptent plus que notre territoire se trouve dans cet état de délabrement avancé comme il l’est aujourd’hui.  

Qu’est-ce qui coince à Saint-Benoît selon vous ?

Cette situation est multifactorielle. Tout d’abord, les entreprises souffrent et ne sont pas forcément accompagnées par la puissance publique pour leur installation et leur développement. Elles ont besoin de locaux, mais aussi de foncier. Saint-Benoît est la seconde commune de l’île en termes de superficie et à ce titre je ne pense pas que le foncier fasse défaut, mais il faut une vraie politique d’aménagement qui permettent aux investisseurs et aux entreprises de s’installer. Vous avez également un obstacle majeur à Saint-Benoît qui est l’obstacle routier. C’est 1h30 d’embouteillages le matin et la même chose le soir: pour un chef d’entreprise le temps passé dans des embouteillages c’est de l’énergie et de l’argent perdus qu’il ne peut pas investir ailleurs. C’est une contrainte forte qu’il conviendra de lever si nous sommes aux affaires.

Sous quelle étiquette ?

Je suis sans étiquette. Je suis avant tout un Bénédictin engagé et mon parti ce sont les Bénédictines et les Bénédictins. Je vois que c’est quelque chose d’entendu puisque j’ai vu dans un article de presse précédemment qu’on m’avait classé dans les divers-droite. Comment veut-on redresser un territoire comme Saint-Benoît qui est aujourd’hui tombé aux oubliettes, pauvre dans tous les domaines sans qu’on ait le soutien de l’État, mais aussi de l’Europe, de l’intercommunalité, de la Région ou du Département ? Avant de me situer dans une logique de parti, je me situe dans une logique de projets. C’est quelque chose de très important pour nous.

Comment expliquer cette perte d’attractivité de Saint-Benoît, pourtant l’une trois des sous-préfectures de l’île, au détriment de Saint-André, devenant la capitale « officieuse » de la microrégion est ?

Saint-Benoît est la capitale administrative de l’est, c’est un fait et on ne peut pas le nier aujourd’hui. Je partage votre avis, les pôles d’attractivité sont partis de Saint-Benoît, qui a perdu de sa superbe sur le plan économique, commercial, de l’animation et de l’aménagement du territoire.  Plusieurs experts vous le disent, nous avons à Saint-Benoît une population qui est en grande partie sous le seuil de pauvreté. Le panier moyen du consommateur est extrêmement bas. Quand vous combinez les commerçants et les investisseurs qui n’ont pas de consommateurs capables d’avoir un pouvoir d’achat convenable, des difficultés routières et manque d’infrastructures, on arrive à cette situation…Saint-Benoît est pourtant la capitale des eaux vives, c’est un joyau qu’il convient aujourd’hui de polir. Nous avons des ressources naturelles comme aucun autre territoire de l’île, avec trois rivières pérennes, le Piton des Neiges est sur le territoire de la commune de Saint-Benoît ! Aujourd’hui qu’est-ce que cela nous apporte ? Quelles activités économiques et touristiques développons-nous autour de ces ressources naturelles ? Rien, absolument rien…Nous sommes une ville côtière, qu’est-ce qu’on fait de l’économie bleue et de l’aménagement de notre littoral ? Si la population de Saint-Benoît nous fait confiance, nous allons ouvrir ces grands chantiers en partenariat avec les collectivités et l’État. J’en ai discuté avec les présidents de Région et du Département qui sont d’accord pour accompagner la prochaine mandature, tout comme avec l’ensemble des parlementaires que j’ai rencontré. Ils sont tous d’accord pour dire qu’il faut absolument regarder ce territoire avec une attention particulière et procéder enfin à ce rééquilibrage.

 

Votre discours trouve-t-il un écho favorable auprès de la population ?

Je suis très bien accueilli parce que sans doute je parle vrai et que je ne fais pas de promesses. C’est facile de promettre énormément de choses, mais ce n’est pas notre crédo aujourd’hui. La seule promesse que nous faisons c’est celle de travailler avec acharnement pour redresser Saint-Benoît. Je me suis entouré de personnes qui disposent de compétences dans la société civile et nous allons regarder les compétences de chacun pour les mettre au bon poste. Et puis quand je parle aux gens, je ne leur parle pas de politique, mais de leur vie quotidienne. Disposez-vous de services de proximité dans votre quartier ? Non. Votre quartier est-il propre et permet-il aux jeunes de bénéficier d’activités sportives et culturelles ? Non. J’attire l’attention des gens sur ce que la municipalité pourrait faire et qu’elle ne fait pas aujourd’hui. Ce qui est paradoxal aujourd’hui ce n’est pas le manque de personnel. On nous explique qu’une commune comme Saint-Benoît avec 38 000 habitants devrait compter environ 900 employés communaux et nous comptons à l’heure où je vous parle de 1500/1600 employés. J’en ai rencontré quelques-uns et certains vous disent qu’ils sont sous-utilisés et aimeraient avoir un réel impact sur la vie des Bénédictins, mais que rien n’est organisé, il n’y a pas d’ambition et de dessein qui permet aux gens de se projeter. L’organisation municipale devra bien évidemment être revue.

Ce manque d’ambition ne serait-il pas lié [aux finances dégradées de la commune]urlblank:https://www.ccomptes.fr/system/files/2019-06/RER2019-170.pdf , comme révélé par la CRC ? Si vous êtes élu maire, pensez-vous pouvoir lancer vos projets avec une possible mise sous tutelle de la commune ?

La Chambre régionale des comptes a mis au grand jour la situation financière de la commune, qui est complexe et critique. Ce rapport attire l’attention sur un fait particulier, à savoir le taux d’endettement de la commune, très préoccupant. Les charges de fonctionnement sont de 72% et pèsent sur le budget communal. Après je dis que les ressources en RH dont dispose la commune sont une chance pour elle: cela voudrait dire que nous devrions avoir un territoire plus propre ou il y a de l’animation partout…Ces problèmes financiers sont également liés avant tout à un manque d’organisation, d’optimisation et de dynamisation de nos ressources. Nous demandons aux employés communaux de nous aider à faire rayonner de nouveau notre beau territoire de Saint-Benoît.

Que reprochez-vous à la majorité sortante ?

Il ne m’appartient pas de porter un jugement sur le maire actuel, c’est quelqu’un qui a sans doute plusieurs raisons pour expliquer cela, il l’a fait lors de précédents conseils municipaux en disant que sur Saint-Benoît, il assume son bilan et qu’il a fait avant tout du social. C’est vrai que le nombre de logements sociaux sur la commune a explosé, avec les difficultés que cela engendre dès lors qu’il n’y a pas d’accompagnement en termes d’équipements publics. Nous dans notre équipe, nous avons pris le parti de ne pas regarder ce que les autres font: nous avons un projet, nous voulons le mettre en place et on veut vraiment avoir l’adhésion des Bénédictines et des Bénédictins pour nous accompagner dans la mise en oeuvre de ce projet.

Sur quoi allez-vous mettre l’accent si vous êtes élu maire ?  

Notre projet s’envisage sur plusieurs temps. Il y a tout d’abord le très court terme avec des choses que nous pouvons faire très rapidement comme l’embellissement de notre cadre de vie. Ensuite, dans un second temps, il va falloir que les projets que nous établissons puissent être financés et demander du partenariat avec l’État et les autres collectivités pour que l’aménagement de notre territoire puisse se faire de manière ordonnée. J’ai déjà rencontré un certain nombre d’investisseurs qui sont d’accord pour venir s’installer à Saint-Benoît dès lors qu’on facilite leur installation au niveau du foncier et qu’on les aide au niveau fiscal. La création d’emploi est aussi quelque chose qui relève du secteur économique. La mairie ne peut pas être Pôle emploi, celle qui embauche tous les Bénédictins. Nous allons également travailler avec les chambres consulaires pour que soit mis à Saint-Benoît un vrai « Plan Marshall » de formation pour nos jeunes de manière à ce que l’entreprise qui s’installe trouve immédiatement à proximité de la RH pour la faire fonctionner. Pour les compétences départementales d’action sociale de proximité ou d’accompagnement des familles, le Département accompagnera la commune à aller dans les quartiers soutenir nos familles et nos associations en difficulté.

Dans le domaine du sport, des crédits sont disponibles via l’Agence nationale du sport pour accompagner les associations et faire l’inclusion du sport dans les quartiers. Nous ne voyons pas uniquement le sport comme étant une production d’élite et de champions, mais aussi comme une école de la vie, ça apprend à nos jeunes le goût de l’effort et le respect des règles et en faire des citoyens. C’est le plus important pour moi. Chaque euro donné en investissement, chaque euro donné aux associations sera un euro qui devra être justifié et qui sera contrôlé par les services de la mairie. Les citoyens attendent qu’il y ait de la transparence, une des valeurs que l’on porte. Ils doivent être informés sur les actions menées et comprendre comment est géré l’argent public.

Dernier mot à rajouter ?  

L’urgence, c’est de désenclaver Saint-Benoît. Où est-ce que vous avez vu une quatre-voies qui se termine en rouleau d’étranglement à l’entrée d’une ville ? Si ça continue, Saint-Philippe ou Sainte-Rose vont avoir une déviation comme à Saint-Joseph, et nous à Saint-Benoît nous n’avons pas au moins une contournante…En matière de développement durable, nous allons œuvrer pour qu’à l’intérieur de l’intercommunalité qu’un projet de rail voit le jour. La Cinor est en train de faire son projet comme la Région et nous allons rester les bras croisés en regardant les autres territoires se développer ? Nous ne voulons pas de concurrence avec les autres projets, mais de la cohérence et que les citoyens de l’est bénéficient de ça aussi.

 

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