Je suis de permanence quand au matin du 12 novembre 2016 à 5h00, je reçois un appel m’annonçant le décès de Paul Vergès. Quelle nouvelle bouleversante !
Éliminer la pauvreté, clé de voûte de l’Agenda 2030
Hommage selon le dictionnaire Larousse, c’est l’acte par lequel le vassal se reconnaissait l’homme du seigneur. Quelle contradiction si je devais m’arrêter au premier sens pour honorer la mémoire de celui qui appelait de tous ses vœux à s’élever contre toutes les formes d’oppression : l’esclavage, le colonialisme.
Je me rappelle du 8ème congrès du PCR à Sainte-Suzanne, je présidais la première séance du 5 juillet 2013, j’écoutais attentivement Paul Vergès dans son discours d’ouverture quand il lança cet appel pour la victoire de l’émancipation du peuple réunionnais :
« …que ce congrès soit la victoire de l’émancipation et de la satisfaction des Réunionnais, ceux qui souffrent le plus parmi nos pauvres et parmi nos jeunes, car ce sont ceux qui vont construire La Réunion de demain. »
Visionnaire ou humaniste ?…les deux, car « éliminer la pauvreté sous toutes ses formes et partout dans le monde » est le 1er objectif du développement durable sur les 17 fixés par les États membres de l’ONU, « la clé de voûte de l’Agenda 2030 ».
Respect, développement autonome et émancipation
Hommage, c’est aussi le don qui exprime le respect, l’admiration, la reconnaissance de quelqu’un, la marque de respect.
A l’heure où certaines initiatives peu louables m’ont supprimé de l’ours du journal communal Vanille, j’exprime mes remerciements, mon respect pour tout le travail accompli aux côtés de Paul Vergès. En effet, c’est dans son engagement que j’ai puisé l’inspiration et toute l’énergie nécessaire pour agir, créer des rubriques telles que le développement durable, ti chemin-grand chemin et…résister !
Au Parti, bien que les délais fussent toujours très courts, surchargée déjà, je ne refusais aucune mission, chaque tâche confiée était un défi à relever. Je n’étais pas là pour occuper la scène mais effectuer un vrai travail en coulisse. Il fallait produire des analyses, des propositions en cohérence avec une ligne idéologique claire : le développement autonome de La Réunion, clé de l’émancipation.
Notre ligne politique combattue hier par tous est actuellement au cœur de toutes les analyses économiques sous le vocable de développement endogène, ce qui veut dire la même chose que le développement autonome
des territoires !
Respecter les populations, les spécificités locales pour en faire des atouts, les bases du progrès social, économique et environnemental.
Agenda 21 agir local, penser global
De même, son engagement pour faire de la lutte contre les effets du réchauffement climatique une priorité s’est heurté à la raillerie avant d’être salué partout dans le monde. Seul un insulaire pouvait sentir cette pression de l’océan qui monte encore et encore jusqu’à engloutir les espaces et les populations.
D’ailleurs en 2015, l’appel au monde pour un accord sur le climat à l’issue de la COP 21 organisée par La France sera lancé dans la Républiques des Philippines à Manille : « ces dernières année, nous prenons conscience que les pays en développement, qui ont le moins contribué au changement climatique, sont ceux qui souffrent le plus de ses effets ».
De plus, l’Organisation Mondiale de la Santé recense près de 7 millions de personnes décédées prématurément en raison de la pollution de l’air !
Jamais les générations d’aujourd’hui et de demain n’auront été autant menacées, impactées par la pollution.
C’est pourquoi l’agenda 21 « agir local et penser global » est porteur d’espoir !
Certes, j’ai écrit dans le programme municipal le projet d’agenda 21 avant de le porter politiquement à la reconnaissance nationale, ce qui fait de Sainte-Suzanne, la seule commune de l’île à être honorée du label national agenda 21 local France.
Mais je me dois de rappeler ici que c’est Paul Vergès qui initie le tout premier agenda 21 à la Région Réunion le 14 février 2002, j’y ai vu un signe…
Limiter à 1,5° la hausse des températures
En 2013, à l’occasion d’une conférence de presse, Paul Vergès explique l’importance d’être présent à la COP 21 Paris 2015.
En tant que militante je ne pouvais entendre cette recommandation sans réagir.
Même si ce chantier m’a personnellement beaucoup impactée, la manifestation le jardin du développement durable de Sainte-Suzanne a été labellisé à la conférence internationale sur le climat visant à limiter à 1,5° la hausse des températures, c’était le vœu du Président de l’ONERC Paul Vergès.
Honneur à celui qui savait qu’il ne serait plus là mais dans une solidarité intergénérationnelle poursuivait la lutte pour les enfants d’aujourd’hui et de demain.
A l’heure où l’émancipation est sanctionnée, la loyauté sacrifiée, il me vient en tête une chanson de Daniel Balavoine « les lois ne font plus les hommes mais quelques hommes font la loi …»
Au moment où les énergies les plus vaillantes pourraient s’épuiser, je regarde avec étonnement le bel héritage que vous nous avez tous laissé : ne jamais baisser les bras quoiqu’il advienne.
Ainsi se révèlent les propos de Rosa Parks « si nous baissons les bras, nous sommes complaisants envers les mauvais traitements, ce qui les rend encore plus oppressifs ».
La liberté d’entreprendre pou not peï
Le groupe parlementaire les Constructifs vient de défendre le dispositif « équivalents fonds vert » mis en place par Ericka Bareigts Ministre de l’Outre-mer et remis en cause par son successeur.
Ce fait d’actualité confirme que les causes justes peuvent s’affranchir des négociations d’arrière-boutique, transcender les Partis politiques et triompher.
Alors, pour la victoire de l’émancipation du peuple réunionnais, nous avons tous la liberté d’entreprendre pou not peï et pour le monde.
Tous ensemble, agissons pour ne rien regretter demain !
Patricia Coutandy
La militante,
3ème Adjointe déléguée à l’agenda 21 et Communication
Commune de Sainte-Suzanne