Le soir du réveillon, il sera préférable de vous faire mal avant minuit, car après il pourrait vous en coûter 19,61 euros. Dès le 1er janvier, chaque passage aux urgences sera facturé pour les personnes ne disposant pas de mutuelle.
Ce dispositif appelé « forfait patient urgences » consiste en l’instauration d’un tarif unique et plafonné pour chaque passage aux urgences non suivi d’une hospitalisation.
Le montant est réduit à 8,49 euros pour les femmes enceintes de plus de 5 mois et les personnes atteintes d’une affection longue durée. Les frais sont exemptés pour les enfants atteints de sévices, les victimes de terrorisme et les malades du Covid.
Cette mesure avait été lancée par Édouard Philippe en 2019 et votée dans le cadre du projet de loi de finances de la Sécurité sociale en 2021. Elle aurait dû entrer en vigueur en septembre, mais la Fédération hospitalière de France a demandé un report en raison des complexités informatiques et du contexte budgétaire de l’hôpital public.
Une « réforme de simplification »
Selon le député LREM Thomas Mesnier, qui a porté cette mesure, il s’agit d’une « réforme de simplification ». « À l’heure actuelle, si l’on passe des examens en plus de la consultation lors d’un passage aux urgences, la facture peut monter. Et beaucoup. Alors que là, la facture va être plus juste, plus équitable, plus simple à comprendre », a-t-il expliqué au Huffington Post.
Surtout, 95% des Français possèdent une complémentaire santé ou une aide équivalente (la complémentaire santé solidaire pour les petits revenus ou l’aide médicale d’État pour les plus précaires). Ils pourront donc faire jouer le tiers payant et n’avoir rien à régler sur présentation de la carte vitale et de la carte de mutuelle.
Reste les 5% qui n’ont pas de mutuelles, souvent composés de retraités et de chômeurs. Pour ces derniers, payer une mutuelle revient plus cher que leurs dépenses en frais médicaux. De nombreux professionnels craignent que ces personnes ne viennent plus se faire soigner de peur d’avoir à payer.
Pour la Fédération hospitalière de France, cette mesure va éviter une déperdition de la trésorerie liée aux factures impayées, les urgences représentant une part très importante des impayés à l’hôpital. Selon Thomas Mesnier, seulement 30% du reste à charge des passages aux urgences sont encaissés par les hôpitaux. Cela en raison de la difficulté de facturation.
L’hôpital n’est pas prêt
Qui dit paiement, dit encaissement. Et c’est là que se situe la grande peur du personnel médical. Cela implique pour les hôpitaux d’avoir de la monnaie, des lecteurs de carte bleue, voire même un bureau de sortie confidentiel pour que les patients puissent régler leur facture.
C’est surtout la gestion de nuit qui inquiète le secteur. Les secrétaires médicaux ne sont pas toujours présents et ce sont donc les infirmiers et aides-soignants qui devront se substituer à cette tâche, en plus de leur fonction principale.
Surtout, le personnel hospitalier regrette le manque de communication du gouvernement à ce sujet. Ce sont eux qui auront à charge d’annoncer aux patients qu’ils doivent payer et devront gérer la colère. Le député Thomas Mesnier explique cette non-communication en ce que la mesure serait essentiellement technocratique et ne concernerait pas directement le grand public, puisque 95% des Français ne sont pas concernés.