Car, si à la barre de la cour d’assises, Billy Zitte a confirmé avoir eu l’intention de tuer en portant 11 coups de couteau à son père, c’est que le paroxysme du conflit qui les opposait depuis l’enfance avait été atteint. Humiliations, dévalorisation, menaces, Antoine Zitte, mortellement poignardé par son fils le 9 novembre 2019, n’y allait pas de main morte avec ses enfants. « Le repli de Billy sur lui-même lors de son adolescence alors que son père aimait communiquer a décuplé ses accès de violence« , a résumé l’experte psychologue face au jury populaire, ce lundi matin.
La professionnelle a également relaté que la mère de l’accusé avait vécu 9 ans avec la victime dont elle avait eu trois enfants. Un concubinage émaillé de nombreuses violences y compris pendant la grossesse de Billy qui était « un enfant non désiré ». Ainsi, Billy avait développé la croyance selon laquelle il n’était pas né dans cette famille dont il se sentait étranger, persuadé d’avoir été abandonné par sa génitrice et placé chez les Zitte chez qui il évoluait « tel un fantôme ».
« Après son geste mortel qu’il regrette, il ressent un deuil qui n’est pas celui d’un fils pour son père », a conclu l’experte psychologue, décrivant un jeune homme au fort sentiment d’insécurité psycho affective.
Face au conflit qui opposait Antoine Zitte, 62ans, à ses enfants, Billy avait obtenu l’autorisation d’aller s’installer sur une parcelle paternelle à La Saline-les-Hauts. Depuis deux ans, il y vivait dans une case sous tôle sans eau ni électricité. En échange, il s’occupait des animaux. Ce funeste samedi, Billy reconnait « être parti un vrille » pour un regard de travers alors que son père était venu nourrir ses bêtes. « Il y a eu acharnement et répétition des coups », a détaillé la représentante de la société au cours de ses réquisitions.
Traitement de défaveur
Si certains membres de la famille du défunt pensaient que Billy souffrait de schizophrénie, l’expert psychiatre l’ayant examiné n’a observé aucun trouble chez le sujet ainsi qu’aucune altération ni abolition du discernement au moment des faits.
La défense n’a cependant pas manqué de sensibiliser les huit jurés ainsi que les deux assesseurs et le président de la cour, Michel Carrue, sur le traitement de défaveur dont a bénéficié son client depuis sa naissance. « Depuis qu’il est mort, je suis soulagée », avait témoigné la fille du défunt lors de la première journée de l’audience criminelle. « Il le traitait de bon à rien, de clochard. Il disait à ceux qui voulaient aider son fils qu’il méritait de vivre comme ça, seul, dans la misère« , a précisé Me Sébastien Navarro.
La cour, après en avoir délibéré, condamne Billy Zitte à 12 ans de réclusion criminelle et 5 ans de suivi socio-judiciaire.