Les commerçants du parc du Colosse ne sont pas au bout de leur peine. Après avoir dû composer avec un parc mourant, où même un coup de peinture n’a pas été passé sur des murs décrépis depuis des années, ils se battent aujourd’hui pour leur indemnisation.
10 millions d’euros pour la réhabilitation
Car il devront quitter les lieux au plus tard le 20 août prochain, date à laquelle les travaux de réhabilitation du parc vont commencer. Montant des travaux, 10 millions d’euros simplement pour remettre les locaux à neuf. Cela fait déjà plusieurs mois qu’une poignée de commerçants est en contentieux avec la mairie car pour beaucoup, la fermeture du parc n’est pas une garantie de pouvoir retrouver une activité à la sortie.
Pas d’indemnisation si les commerçants ne sont pas à jour avec l’administration fiscale
L’indemnisation pour perte d’activité pendant la fermeture des travaux est, elle aussi, soumise aux conditions de la mairie. « L’indemnisation se fera dans un cadre légal, nous avons déjà proposé aux commerçants de venir nous rencontrer. À supposer que les commerçants ne puissent pas nous fournir de bilan certifié comptable, ils peuvent à minima nous communiquer les éléments de dialogue qu’ils ont eus avec les services fiscaux. Leur activité doit bien être déclarée quelque part, que ce soit auprès des services de l’Etat ou de la Chambre de Commerce… », assure Alain Sinaretti, élu délégué à l’aménagement du territoire à la Mairie de Saint-André et vice-président de la CIREST. Seuls trois commerçants sur quinze ont déposé un dossier d’indemnisation pour le moment.
En effet, un cahier des charges bien précis sera imposé par la mairie si les commerçants veulent réintégrer les locaux tous neufs. Et jusqu’à présent, rien n’est moins sûr.
Depuis la nouvelle réglementation imposant appel d’offre pour le renouvellement des autorisations d’occupation temporaire (AOT), les commerçants se sont regroupés sous le collectif « Association de défense des commerçants et artisans du Parc du Colosse ». Ils ont reçu par voie d’huissier, le 20 juillet dernier, un document leur stipulant la résiliation de leur AOT ainsi qu’une demande libération des lieux. Au début du mois de juillet, ils avaient déposé un référé suspension auprès du tribunal administratif afin de faire suspendre l’arrêté municipal leur interdisant de reprendre leur activité suite au passage de Fakir. Ils ont été déboutés le 6 juillet 2018.
Interdiction d’exercer depuis le passage de Fakir
« Bien sûr le passage de Fakir est indépendant de la volonté des élus de la ville de Saint-André et des commerçants également. Il s’agit d’une catastrophe naturelle. C’est une circonstance dont il nous a fallu tenir compte puisque réhabiliter le parc pour deux mois nous aurait coûté 200.000 euros, pour refermer ensuite le parc. Cela aurait été de l’argent du contribuable gaspillé » estime Alain Sinaretti.
« Nous n’avons pas seulement attendu Fakir pour indiquer aux commerçants que le parc allait être fermé. Depuis 2014, nous sommes en relation avec les commerçants du Colosse pour leur indiquer notre programme de travaux à intervenir », précise l’élu.
« On a l’impression que l’équipe municipale s’est appuyée sur Fakir pour régler un problème »
Alain Sinaretti répond en fait au député Jean-Hugues Ratenon, qui affirmait le 6 aout dernier « on a l’impression que l’équipe municipale s’est appuyée sur Fakir pour régler un problème, peut-être même des règlements de comptes » déclarait-il alors.
Réponse de la mairie: « En qualité de député, la mairie de Saint-André lui est grande ouverte. Nous sommes ardemment défenseurs des emplois et de nos commerçants. Il ne s’agit pas de volonté de blocage ou de combat d’arrière garde », prévient Alain Sinaretti.
Un projet bien plus juteux à terme
Car les enjeux de la mairie sur ce dossier sont grands. Derrière cette première tranche de travaux de réhabilitation, la municipalité a un projet bien plus ambitieux pour le parc. À terme, la municipalité compte bien externaliser la gestion du parc à des sociétés privées, avec la construction de bassins de baignade payants, des activités nautiques et aquatiques également payantes et à terme, un complexe d’hôtellerie et des restaurants aux enseignes franchisées.
Quelle place pour les commerçants actuels? Combien vont pouvoir être réintégrés au nouveau parc du Colosse? « Tous les commerçants ont vocation à intégrer le parc » assure Alain Sinaretti. « La loi nous impose aujourd’hui de passer par un appel à projets y compris pour ceux étant sur site. Il leur appartiendra le moment venu de déposer leur dossier de projet qui sera examiné et fera l’objet d’une commission. » Pour le moment, personne n’a encore déposé de dossier.
Autant dire que la présence de petits snacks de type « barquette-pain bouchon » restera anecdotique, même si la municipalité assure « l’accompagnement à travers le service économique et les aides qui existent. »