Comme il avait de l’humour et savait se tourner en dérision, Paul Vergès doit ricaner doucement en cet instant. Et se dire qu’il a raté, sinon le film, au moins le coche en un domaine précis.
Depuis trois jours, des théories de vieux clampins et vieilles clampines se relaient sans discontinuer sur certaine radio. Leur leitmotiv est banal, morne, idiot :
« Paul Vergès là, ça té nout’ papa, ça ».
Lui qui, précisément, leur a martelé mille et mille fois, avec obstination (et il avait raison), qu’ils devaient être fiers d’être Réunionnais. Qui les avait enjoints d’en finir avec le paternalisme colonial et la déification du patron. Le voici confronté à la même idolâtrie !
On avait eu droit à « papa Debré », « papa Giscard » (une chanson d’une rare stupidité), « papa Legros »… Lagourgue y a échappé de peu. Voici que « papa » Vergès s’y colle et doit se dire que la leçon n’a pas porté tous ses fruits.
A quand les prochains « papa Annette » ? « papa Sini(stre) » ? « papa (papy?) Fruteau » ? « papa Michel » ? « grand-papa TAK ? » et autres « mémé Huguette » ? « mama Vanessa » ? « gramoune Vira » ? Le plus tard possible j’espère, car dire le contraire serait souhaiter leur départ les pieds devant.
Oté Pierre, à ou minm lé là po dire à zot arrête èk ça !
Jules Bénard