Les banians de l’Hermitage sont donc provisoirement sauvés. La mobilisation a permis de faire reculer les élus du TCO. Néanmoins, les travaux de déforestation pour le PAPI (Programme d’Action pour la Prévention des Inondations) continuent, nombre d’arbres sont abattus pour laisser place aux futures digues en béton qui vont défigurer cette zone.
Certains pensent que c’est le prix à payer pour prévenir les inondations et mettre en sécurité les personnes et les biens. Mais ce vaste système de digues et de bassins de rétention, chiffré à vingt-six millions d’euros et financé entre autres par la nouvelle taxe GEMAPI (Gestion des Milieux Aquatiques et prévention des Inondations), va-t-il vraiment sécuriser la zone ?
Plusieurs questions se posent et il serait bon que les élus du TCO se les posent aussi lors du prochain Conseil Communautaire.
Le PAPI se propose de « résoudre le problème des débordements pour des crues centennales » mais ne prend pas en compte les autres types d’inondations.
Ainsi, il ne prend pas en compte les inondations dues aux remontées des nappes phréatiques. Pourquoi ?
Il ne prend pas non plus en compte les inondations par submersion marine. Pourquoi ?
C’est d’autant plus surprenant que la prévention des inondations par submersion marine est explicitement une mission constitutive de la GEMAPI (article R. 562-18 du Code de l’environnement) On sait que le récif protège la zone littorale mais le PAPI en augmentant les déversements dans le lagon va altérer cette protection récifale et accroître ainsi le risque d’inondation par submersion marine. Le PAPI ne prend pas non plus en compte les houles exceptionnelles.
Plusieurs instances scientifiques ont alerté le TCO sur l’ensemble de ces risques qui peuvent se cumuler. En vain.
Enfin, le PAPI va favoriser l’expansion démographique et l’urbanisation, or, dans l’espace contraint du littoral du TCO, les embouteillages sont de plus en plus fréquents, notamment aux heures de pointe. Le PAPI ne comporte pas de volet déplacement et mobilité. Pourquoi ?
À l’heure du changement climatique et de la montée du niveau des océans, on doit s’interroger sur l’efficience d’un dispositif coûteux mais qui apparaît aujourd’hui comme une véritable bombe à retardement pour les années à venir.