Revenir à la rubrique : Société

Originaire de Pondichéry, veuve et illettrée, elle se fait extorquer plus de 100.000€

Originaire de Pondichéry où elle avait décidé de retourner après la disparition de son mari, une dame a dû revenir d’urgence à La Réunion. N’ayant plus accès à son argent, elle découvre à son retour que la personne mandatée par son mari pour s’occuper d’elle a dilapidé tout son héritage. Malgré sa plainte, le dossier traîne depuis bientôt 3 ans. Une lenteur de la Justice qui la blesse puisque son défunt mari a travaillé pendant 42 ans au tribunal de Saint-Denis.

Ecrit par zinfos974 – le mercredi 22 septembre 2021 à 12H14

1200€ retirés à un gabier le 8 décembre 2016, puis 1200€ le 15, puis à nouveau la même somme le 2 janvier 2017, et encore une fois le 15 et ainsi de suite jusqu’en mars. Bref, sur les 104.000 euros dont le compte de Mira* était crédité avant son départ en Inde, il n’en reste plus que 2000 à son retour forcé. Ajouté à cela un appartement situé dans le carré d’or dionysien vendu pour 30.000€, il ne lui reste à présent plus que sa pension pour vivre… lorsqu’elle parvient à la toucher.

Pourtant, son mari s’était démené toute sa vie pour qu’elle puisse profiter d’une retraite confortable.  

De l’Inde à Saint-Denis

Née à Pondichéry, Mira y a rencontré Raja* avec qui elle va se marier. Elle le suit en France où il va faire ses études de droit. Le couple s’installera ensuite à La Réunion dès le début professionnel de son époux. Celui-ci a trouvé un poste important au tribunal de Saint-Denis où il fera toute sa carrière pendant 42 ans.

Le couple est resté très traditionnel et croyant. Mira reste femme au foyer, mais ils n’auront jamais d’enfants. Elle s’est par contre parfaitement intégrée parmi la communauté tamoule de l’île. Son mari étant également professeur d’astrologie védique, certains viennent de loin pour apprendre cette tradition auprès de lui. 

Elle garde un lien fort avec sa famille en Inde qu’elle aide financièrement. Le couple est aisé et possède un appartement dans le carré d’or dionysien. Ils profitent de la retraite confortable de Raja mais ont toujours vécu simplement, son mari ayant toujours économisé et investi pour s’assurer qu’elle soit économiquement à l’aise s’il venait à disparaître avant elle. Une démarche dont il était fier.

Un mauvais choix

Raja sent que sa santé décline et l’avenir de Mira devient sa priorité. Elle ne sait pas lire le français, le parle difficilement et ne s’est jamais occupée de tâches administratives. Il veut donc trouver quelqu’un de confiance pour gérer le patrimoine qu’il lui laissera. 

Il se tourne vers Thomas*, l’un de ses élèves en astrologie. Ce dernier est cadre dans une grande caisse de retraite de l’île. Il offre l’avantage de s’y connaître en gestion et placements financiers et surtout ses parents sont de grands amis. Il va donc le mandater pour la gestion de ses comptes.

Finalement, Raja s’éteint en août 2015, dix jours seulement après être arrivé en Inde. C’est là que les problèmes vont commencer pour Mira. 

Un compte en banque dilapidé

Devenue veuve, Mira veut retourner en Inde pour s’occuper de la famille. Elle ne peut pas gérer les tâches administratives et n’est pas en capacité de s’occuper des démarches pour recevoir sa pension de réversion. C’est Thomas qui possède l’ensemble des documents.

Très rapidement, le jeune cadre montre son vrai visage. Il met la pression à la vieille dame : soit elle lui vend son appartement pour la somme de 30.000€, soit il déchire tous ses papiers et elle ne touchera jamais sa pension. L’opération est montée avec le soutien d’une agence immobilière et validée par un notaire.

Un expert immobilier dionysien interrogé n’en revenait pas de la somme annoncée. « Le prix moyen sur Saint-Denis est d’environ 2000€ le m² avec un coefficient bien plus important sur le secteur centre-ville auquel appartient la rue en question. Même avec un coefficient de vétusté…30.000 €… je ne peux y croire…ce n’est même pas le prix d’un studio sur le secteur Moufia par exemple », précise-t-il.

Mais obtenir un logement à bas prix ne suffit pas à notre homme, il va même l’acheter avec l’argent de sa victime. En effet, il lui a demandé de lui signer un chèque en blanc pour « payer les impôts et l’hôpital ». C’est finalement 50.000€ qui seront débités du compte de Mira. De quoi couvrir la vente et les frais de notaire. Il va même pousser le vice jusqu’à prendre tous ses meubles de valeur, dont une table de prière inestimable à ses yeux.

Obtenant l’assurance de recevoir sa pension, Mira rentre en Inde. Chaque mois, l’homme envoie entre 1000 et 1200€ à la dame, mais les envois sont loin d’être réguliers. Et pour cause, les relevés de compte indiquent que cette somme est prélevée deux fois par mois. La carte bleue est également utilisée pour des transactions avec des sommes conséquentes. Des crédits ont même été contractés par le mandataire sur le compte.

La découverte du pot aux roses

Avec les arrivées d’argent qui se raréfient, Mira finit par revenir à La Réunion en mars 2019 sur les recommandations d’amis. Ces derniers vont l’accompagner à la banque où ils vont découvrir le préjudice subi. Sur les conseils du banquier, ils se rendent au commissariat Malartic pour porter plainte pour vol, abus de confiance et abus de faiblesse.

Mira et ses amis vont se rendre chez la famille en question pour comprendre ce qu’il se passe, mais le ton va monter rapidement. La mère du mandataire ne tolère pas que l’on accuse son fils de vol. Par contre, l’aîné de la famille, ne supportant pas la situation dont est victime Mira, va couper les ponts avec son propre frère.

En attendant que les démarches se fassent et surtout en raison de la crise Covid, Mira est bloquée à La Réunion depuis presque 3 ans. Elle est actuellement sans revenus puisque sa pension est reversée au consulat de Pondichéry qui bloque actuellement la somme, ce sont ses amis qui l’hébergent et la nourrissent. Elle ne rêve que de tourner la page et retourner en Inde, d’autant qu’elle a été absente pendant la disparition de sa soeur.

Une lenteur judiciaire blessante

Avec le confinement et les différentes mesures, la Justice a accumulé de nombreux retards dans le traitement de ce dossier. Bien qu’ayant fait appel à un avocat, le dossier n’a toujours pas été ouvert par la brigade financière. Une lenteur qui retourne le couteau dans la plaie pour elle.

« Mon mari a travaillé 42 ans au tribunal de Saint-Denis. 42 ans ! Et ça fait 3 ans que j’attends qu’ils s’occupent de nous. Ça me blesse que le tribunal ne traite pas l’affaire de quelqu’un qui a travaillé toute sa vie avec eux », nous explique-t-elle en pleurs. 

Justice divine et excuses

Aujourd’hui, Mira n’attend pas le remboursement des sommes perdues. Elle souhaite juste pouvoir toucher sa pension et subvenir aux besoins de sa famille. Par contre, ce qu’elle veut absolument, ce sont des excuses de celui qui lui a tout pris. « Je veux qu’il vienne s’excuser devant moi, la justice fera ce qu’elle a à faire de son côté. Il prendra ce qu’il prendra. Je veux surtout qu’il s’excuse devant moi », explique-t-elle.

Très croyante, Mira estime que la disparition prématurée des parents de celui qui l’a arnaquée est une punition divine. Pour elle, les dieux l’ont déjà vengée. Elle attend à présent des divinités qu’ils l’aident à en finir avec toute cette histoire et des humains qu’ils honorent la mémoire de son défunt mari en lui rendant justice.

*Prénoms d’emprunt

 

Thèmes :
Message fin article

Avez-vous aimé cet article ?

Partagez-le sans tarder sur les réseaux sociaux, abonnez-vous à notre Newsletter,
et restez à l'affût de nos dernières actualités en nous suivant sur Google Actualités.

Pour accéder à nos articles en continu, voici notre flux RSS : https://www.zinfos974.com/feed
Une meilleure expérience de lecture !
nous suggérons l'utilisation de Feedly.

S’abonner
Notification pour
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

Dans la même rubrique

1.200 Pétrels de Barau échoués sur toute La Réunion

Durant ce mois d’avril, les Pétrels de Barau juvéniles prennent leur envol pour la première fois, tentant de rejoindre la mer pour aller se nourrir. Chaque année, nombre de ces oiseaux marins endémiques et protégés s’échouent avant d’atteindre le large. Cette année, le nombre d’échouages est beaucoup plus élevé que prévu.

APEBA : Une marche conviviale ce dimanche en faveur de la protection animale

L’association APEBA organise une randonnée familiale dans la forêt de l’Etang-Salé ce dimanche à partir de 9h, en présence de bénévoles, de partenaires, mais aussi de chiens à l’adoption. Un événement qui vise à « soutenir le combat contre la maltraitance et l’errance animales à la Réunion ».

« L’octroi de mer : c’est n’importe quoi ! » selon l’UCOR

L’Union des Consommateurs de La Réunion (UCOR) publie une lettre ouverte critiquant l’octroi de mer pour son impact sur le coût de la vie et exige sa suppression immédiate, ainsi que le financement des communes et de la région par l’État, pour protéger le pouvoir d’achat des Réunionnais.