Le sexe fait vendre. Jusqu’ici, rien de nouveau. Ce qui est plus récent en revanche, c’est l’utilisation massive de réseaux sociaux pour vendre des images érotiques ou pornographiques. Le phénomène a pris une ampleur considérable avec le confinement. La plateforme la plus connue en la matière est Onlyfans (plateforme britannique créée en 2016). Le site français MYM.fans, lancé en 2019, lui emboîte le pas.
Le fonctionnement est simple : pour visionner les contenus partagés (majoritairement par des femmes), les internautes doivent souscrire à un abonnement dont le tarif mensuel est fixé par le créateur de contenu (notons que les contenus peuvent être de tout ordre, pas forcément à caractère sexuel). Les abonnés peuvent également faire des demandes de contenus personnalisés. Les créateurs de contenu perçoivent une somme avoisinant les 80% du prix de leur vente, les plateformes prenant une commission. Pour les célébrités, les montants peuvent être mirobolants.
À La Réunion, ces plateformes ont déjà des adeptes. C’est notamment le cas de Sarah, mannequin, inscrite depuis l'an dernier comme modèle. "C’est surtout l’aspect financier qui m’a attirée", confie la jeune femme de 21 ans. "J’ai toujours été à l’aise avec mon corps et j’ai remarqué que c’était un bon moyen de se faire de l’argent tout en faisant ce que j’aime : des photos dénudées". Pour attirer des abonnés, Sarah fait de la publicité sur ses autres réseaux, notamment sur Instagram, où elle a déjà sa communauté. "Ça permet de découvrir d'une autre manière des filles qu'on suivait déjà sur les réseaux, comme si on entrait dans leur intimité", nous confie un Dionysien inscrit depuis quelques mois.
Une liberté dans les contenus diffusés
Calie, elle, a décidé de s'inscrire pendant le confinement. "Je fais du strip-tease depuis 15 ans et avec l'arrivée de Covid je me suis retrouvée sans emploi. Il m’a fallu une solution de secours", explique-t-elle. Outre l'argent que cela peut rapporter, c'est la liberté dans la façon de vendre ses images, mais aussi de s'organiser, qui l'a séduite.
Le fonctionnement est simple : pour visionner les contenus partagés (majoritairement par des femmes), les internautes doivent souscrire à un abonnement dont le tarif mensuel est fixé par le créateur de contenu (notons que les contenus peuvent être de tout ordre, pas forcément à caractère sexuel). Les abonnés peuvent également faire des demandes de contenus personnalisés. Les créateurs de contenu perçoivent une somme avoisinant les 80% du prix de leur vente, les plateformes prenant une commission. Pour les célébrités, les montants peuvent être mirobolants.
À La Réunion, ces plateformes ont déjà des adeptes. C’est notamment le cas de Sarah, mannequin, inscrite depuis l'an dernier comme modèle. "C’est surtout l’aspect financier qui m’a attirée", confie la jeune femme de 21 ans. "J’ai toujours été à l’aise avec mon corps et j’ai remarqué que c’était un bon moyen de se faire de l’argent tout en faisant ce que j’aime : des photos dénudées". Pour attirer des abonnés, Sarah fait de la publicité sur ses autres réseaux, notamment sur Instagram, où elle a déjà sa communauté. "Ça permet de découvrir d'une autre manière des filles qu'on suivait déjà sur les réseaux, comme si on entrait dans leur intimité", nous confie un Dionysien inscrit depuis quelques mois.
Une liberté dans les contenus diffusés
Calie, elle, a décidé de s'inscrire pendant le confinement. "Je fais du strip-tease depuis 15 ans et avec l'arrivée de Covid je me suis retrouvée sans emploi. Il m’a fallu une solution de secours", explique-t-elle. Outre l'argent que cela peut rapporter, c'est la liberté dans la façon de vendre ses images, mais aussi de s'organiser, qui l'a séduite.
En effet, aux manettes de leur profil, les "modèles" peuvent décider à leur guise du contenu proposé, de la manière dont elles se mettent en scène, et choisir d'accéder ou non aux demandes personnalisées. Des conditions particulièrement appréciées quand on connait les dérives de l'industrie du porno. Ainsi, si certains déplorent une hypersexualisation des femmes, d'autres y voient plutôt une démarche féministe permettant de reprendre le contrôle sur son image.
Mais si Calie explique "assumer complètement" ce qu'elle fait, elle tient à mettre en garde les jeunes filles qui seraient séduites par l'idée de se faire de l'argent facilement. "Déjà, si tu n'as pas au départ une base de clients potentiels, tu ne te feras pas d'argent facilement en quelques semaines ou même en quelques mois". Mais surtout : "il faut avoir conscience que c'est votre image, et qu'une fois que c'est sur internet ça ne disparaît pas". Mieux vaut donc selon elle ne pas se lancer sans avoir mûrement réfléchi aux conséquences : "L'étudiante qui veut plus tard être médecin, ou secrétaire, ferait mieux de prendre un petit boulot, de serveuse par exemple".
Le risque du vol des données
Si les données sont en théorie accessibles seulement pour ceux qui ont payé, en pratique, le risque d'une fuite des images ne peut être écarté. "Des personnes malveillantes peuvent être capables de payer pour obtenir des media privés dans le but de nous ruiner en les partageant sur d'autres supports", redoute Sarah. Et ce risque augmente avec la popularité. "Plus on a d'abonnés, plus il risque d'y avoir des hackers parmi eux", note Calie.
Rappelons qu'en droit français, la diffusion publication sans autorisation est considérée comme du Revenge porn, un délit passible d'un an d'emprisonnement et de 60.000 euros d'amende par le code pénal. De leur côté, les plateformes s'engagent à mettre en place des mesures pour la suppression des contenus sur la plateforme externe et la recherche de l'abonné fraudeur.
"Une fois sur le réseau, ces images n'appartiennent plus à leurs auteurs, il faut faire très attention avec ça", met en garde Me Jean-Christophe Molière, avocat au barreau de Saint-Denis, alertant sur les risques de piratage et s'interrogeant sur la politique de conservation des données. La robe noire souligne un autre problème : celui de pédopornographie. Car si des vérifications d'identité sont demandées pour ne permettre qu'à des majeurs de s'inscrire, "en l'absence de contrôles renforcés", elles lui semblent insuffisantes.
L'exhibitionnisme devenu la norme ?
C'est aussi l'impact psychologique du développement de ces pratiques qui interroge, des célébrités faisant la promotion de leur compte Onlyfans directement sur leurs autres réseaux, accessibles aux plus jeunes. Michael Stora, psychologue du numérique en métropole, veut "éviter moraliser" le débat. "Si la personne est majeure et fait le choix de l’exhibitionnisme, je dirais qu’au fond je ne perçois pas de dérive", commente le fondateur-président de l'Observatoire des mondes numériques en sciences humaines (OMNSH). "Certaines femmes prennent du plaisir à susciter le désir, ça peut même être libérateur".
Toutefois, "on peut imaginer que si la personne le fait pour des raisons purement pécuniaires, et se trouve dans une position de clivage entre son image et ce qu’elle est profondément, cela puisse poser problème", souligne-t-il. "On voit comment certaines personnes vont se laisser berner par les influenceuses et veulent coller à quelque chose qui ne leur ressemble pas".
L'essor de ce genre de plateforme est aussi révélateur d'une société où l'image a pris une place considérable."Je pense que le voyeurisme et l’exhibitionnisme sont devenus une sorte de norme, ça s’est démocratisé, pour le meilleur et pour le pire. Aujourd’hui, on a l’impression que si une chose n'est pas photographiée, elle n’existe pas ; que l’image ne se borne pas à une apparence mais à un statut quasi existentiel", analyse-t-il, évoquant le cas de certains influenceurs dont le "moi réel s’appauvrit", au profit d'un "moi virtuel puissant". Et de conclure : "Il faut aussi valoriser le fait que nous ne sommes pas uniquement un corps exhibé".
Mais si Calie explique "assumer complètement" ce qu'elle fait, elle tient à mettre en garde les jeunes filles qui seraient séduites par l'idée de se faire de l'argent facilement. "Déjà, si tu n'as pas au départ une base de clients potentiels, tu ne te feras pas d'argent facilement en quelques semaines ou même en quelques mois". Mais surtout : "il faut avoir conscience que c'est votre image, et qu'une fois que c'est sur internet ça ne disparaît pas". Mieux vaut donc selon elle ne pas se lancer sans avoir mûrement réfléchi aux conséquences : "L'étudiante qui veut plus tard être médecin, ou secrétaire, ferait mieux de prendre un petit boulot, de serveuse par exemple".
Le risque du vol des données
Si les données sont en théorie accessibles seulement pour ceux qui ont payé, en pratique, le risque d'une fuite des images ne peut être écarté. "Des personnes malveillantes peuvent être capables de payer pour obtenir des media privés dans le but de nous ruiner en les partageant sur d'autres supports", redoute Sarah. Et ce risque augmente avec la popularité. "Plus on a d'abonnés, plus il risque d'y avoir des hackers parmi eux", note Calie.
Rappelons qu'en droit français, la diffusion publication sans autorisation est considérée comme du Revenge porn, un délit passible d'un an d'emprisonnement et de 60.000 euros d'amende par le code pénal. De leur côté, les plateformes s'engagent à mettre en place des mesures pour la suppression des contenus sur la plateforme externe et la recherche de l'abonné fraudeur.
"Une fois sur le réseau, ces images n'appartiennent plus à leurs auteurs, il faut faire très attention avec ça", met en garde Me Jean-Christophe Molière, avocat au barreau de Saint-Denis, alertant sur les risques de piratage et s'interrogeant sur la politique de conservation des données. La robe noire souligne un autre problème : celui de pédopornographie. Car si des vérifications d'identité sont demandées pour ne permettre qu'à des majeurs de s'inscrire, "en l'absence de contrôles renforcés", elles lui semblent insuffisantes.
L'exhibitionnisme devenu la norme ?
C'est aussi l'impact psychologique du développement de ces pratiques qui interroge, des célébrités faisant la promotion de leur compte Onlyfans directement sur leurs autres réseaux, accessibles aux plus jeunes. Michael Stora, psychologue du numérique en métropole, veut "éviter moraliser" le débat. "Si la personne est majeure et fait le choix de l’exhibitionnisme, je dirais qu’au fond je ne perçois pas de dérive", commente le fondateur-président de l'Observatoire des mondes numériques en sciences humaines (OMNSH). "Certaines femmes prennent du plaisir à susciter le désir, ça peut même être libérateur".
Toutefois, "on peut imaginer que si la personne le fait pour des raisons purement pécuniaires, et se trouve dans une position de clivage entre son image et ce qu’elle est profondément, cela puisse poser problème", souligne-t-il. "On voit comment certaines personnes vont se laisser berner par les influenceuses et veulent coller à quelque chose qui ne leur ressemble pas".
L'essor de ce genre de plateforme est aussi révélateur d'une société où l'image a pris une place considérable."Je pense que le voyeurisme et l’exhibitionnisme sont devenus une sorte de norme, ça s’est démocratisé, pour le meilleur et pour le pire. Aujourd’hui, on a l’impression que si une chose n'est pas photographiée, elle n’existe pas ; que l’image ne se borne pas à une apparence mais à un statut quasi existentiel", analyse-t-il, évoquant le cas de certains influenceurs dont le "moi réel s’appauvrit", au profit d'un "moi virtuel puissant". Et de conclure : "Il faut aussi valoriser le fait que nous ne sommes pas uniquement un corps exhibé".