Il m’est arrivé une mésaventure et j’ai envie de la partager avec vous.
Il y a quelques jours, dans un édito, je vous avais expliqué comment certaines grosses entreprises de la Réunion faisaient pour gonfler artificiellement les prix des matériaux de construction. En moyenne de l’ordre de 39%… Notamment en vous donnant l’illusion d’une concurrence alors que tous les magasins de quincaillerie, ou presque, appartiennent à un même groupe.
Et j’avais conclu mon propos en vous disant que l’Autorité de la concurrence, à l’origine de l’étude, ferait bien de s’intéresser à d’autres secteurs où les abus sont au moins autant scandaleux. Et je vous avais cité comme exemple le secteur de l’automobile, et plus particulièrement des pièces de rechange.
En début de semaine dernière donc, j’ai déposé ma voiture chez un concessionnaire de la place pour un problème mineur. Au passage, je leur ai demandé de regarder pourquoi j’avais un voyant rouge qui s’allumait sur mon tableau de bord.
Pour mon problème initial, on m’avait demandé de compter deux jours d’immobilisation, ce qui me paraissait déjà beaucoup. Mais bon, passons…
J’aurais donc dû récupérer ma voiture jeudi. Le jour-dit, pas de nouvelles. Le lendemain non plus d’ailleurs. Vous l’aurez noté, le lendemain étant un vendredi, j’ai été privé de mon véhicule pendant tout le week-end… Mais là aussi, passons…
Lundi matin, toujours sans nouvelles, je décide d’aller aux infos. Et là, j’apprends que le voyant qui s’allumait était pour me signaler que mes plaquettes de freins étaient usées et qu’il fallait les changer. Soit. Mais dans ce cas, j’imaginais, naïvement, pouvoir récupérer mon véhicule au bout de 24h, maximum 48h…
Ca aurait été trop simple. Eh oui, monsieur… Les plaquettes, nous ne les avons pas en stock, il faut les commander en métropole. Il faut compter une semaine d’immobilisation. Au mieux !
Et là, je mets le doigt sur une pratique de plus en plus en plus courante de nos concessionnaires locaux. Mon père avait été importateur Fiat et je le revois, dans mon enfance, passant des après-midis entières avec un de ses employés, à passer les commandes de pièces détachées. Il n’y avait pas d’ordinateurs à l’époque. Tout se faisait à l’aide de fiches indiquant le nombre de pièces en stock et combien en avaient été vendues dans les mois précédents, ce qui lui permettait de passer commande et de faire en sorte qu’il y en ait toujours en stock. Pas question de faire attendre le client.
Le problème, c’est qu’un stock, ça coûte cher. Et malgré les progrès de l’informatique et les délais d’acheminement raccourcis, nos importateurs locaux ont fait le choix de ne plus avoir de stocks. Ou le moins possible. Résultat : quand vous avez besoin d’une pièce, on la commande et vous devez attendre qu’elle arrive.
Ce que n’ont pas compris nos concessionnaires, c’est que dans ce cas, nous pouvons nous aussi les commander directement en métropole, nos pièces. Et qu’elles nous reviendront beaucoup moins cher que de les acheter chez eux. Et pour changer des plaquettes, n’importe quel petit garagiste du coin sera capable de le faire.
Faudra pas qu’ils viennent pleurer ensuite et regretter que leur chiffre d’affaire diminue parce-que les Réunionnais auront choisi de les boycotter.
Pour paraphraser Abraham Lincoln, on peut voler une fois tout le monde, on peut voler tout le temps une seule personne, mais on ne peut pas voler tout le temps tout le monde.
Réunionnais lé de moins en moins couyon, oté !