Le CIOM a-t-il tenu ses promesses engagées en novembre 2009 ? L’Assemblée nationale débattait hier jusque dans la soirée du degré d’application des mesures prônées depuis cette date. Une discussion en forme de bilan à mi parcours.
Pour rappel, l’année 2009 avait été marquée par les événements du LKP aux Antilles qui eux-mêmes avaient entraîné la mise en place d’états généraux pour l’outre-mer. De ces états généraux avait été décliné un panel de mesures pour redynamiser l’activité économique (au sens le plus large) des régions d’outre-mer.
Bataille de chiffres
Le premier coup de griffe est venu du député PS Victorin Lurel -la veille des débats- qui a déploré que les ultra-marins aient été « nourris de promesses que ni le président de la République ni la ministre de l’Outre-mer n’ont envisagé un instant de respecter« , 18 mois après le CIOM.
Egalement président du conseil régional de Guadeloupe, Victorin Lurel a indiqué que le taux d’exécution des mesures du CIOM était de 19,8% seulement en Guadeloupe, 22,2% en Guyane, 18,3% en Martinique, 25,6% à la Réunion, 5,9% à Saint-Martin, 11,8% à Saint-Pierre-et-Miquelon et 16% dans l’Hexagone. Pour les mesures « transversales », devant s’appliquer dans tous les territoires d’outre-mer, « le taux est de seulement 25% » selon le PS.
La bataille de chiffres était ouverte. Marie-Luce Penchard, également guadeloupéenne pour l’anecdote, a affirmé que Victorin Lurel « majorait artificiellement le dénominateur qui doit rendre compte du taux effectif de réalisation » de ces mesures.
Elle a indiqué que si l’on prend en compte les mesures « à ce jour réalisées ou en cours de mise en oeuvre », les résultats obtenus sont de « 62% en Guadeloupe, 85% en Martinique, 85% en Guyane, 75% à La Réunion ».
S’agissant des 71 mesures « transversales », « 31 sont réalisées, 35 en cours d’exécution et seulement cinq sont dites « en panne », avant d’accuser le député PS de « travestissement de la réalité ».
« On vous dit : démerdez-vous »
Un étalage chiffré qui n’a pas convaincu Victorin Lurel qui a parlé de « la com’ et de l’incantation du gouvernement. En fait, on nous dit : vous savez, on vous aime bien, mais démerdez-vous », la ministre Marie-Luce Penchard étant « là pour nous faire avaler tous les boas ».
Parmi les mesures qui devaient être appliquées ou qui le sont déjà, citons pour exemple « l’augmentation du numerus clausus des études médicales dans notre île, la déconcentration de l’instruction des dossiers Fisac (Fonds d’intervention pour les services, l’artisanat et le commerce) désormais dévolue au Préfet, l’accompagnement des artisans pour qu’ils puissent répondre aux marchés publics en matière de logement social, le lancement d’un Gerri social pour les services à la personne ou encore le soutien du classement des sites de la Réunion au patrimoine mondial de l’Unesco ». Pour cette dernière mesure, pas de doute, la mission est accomplie. Pour le reste, PS et UMP n’en ont pas fini de chicaner.