Dates de concours qui changent en plein mois d’août alors que les prix des billets d’avion sont au plus haut, pas de vérification de la pièce d’identité, statistiques curieuses; nombre de candidats métropolitains au concours de poste de sergent du SDIS se posent des questions. Nombreux à avoir déposé un recours, ces candidats mécontents ont formé un groupe et désirent conserver leur anonymat pour l’instant.
La première épreuve écrite se déroule au mois de mai 2017 à la Réunion. Premier billet d’avion pour les candidats métropolitains. « On a l’habitude de passer des concours, et on a accepté de payer nos billets. Ca fait partie du jeu. Si on veut avoir une chance d’être affectés sur l’île, il faut bien faire le déplacement » explique un candidat.
Au final, 60 candidats sont estimés recevables: 49 réunionnais et 11 métropolitains.
Certains ont déboursé plus de 3.000 euros pour ce concours
C’est par la suite que les choses se gâtent. Pour l’épreuve de qualification orale, tous les candidats ayant réussi l’écrit sont reconvoqués pour passer l’oral. « Ils ont finalement changé la date, à un mois du passage. En plein mois d’août, les billets sont plein pot », explique un autre candidat métropolitain.
Sans compter le stress et les frais occasionnés par des changements de dernière minute, certains candidats ayant dû encore une fois avancer des fonds personnels. Pour la plupart, ils ont déboursé plus de 3.000 euros pour ce concours.
Aucune vérification de l’identité pour un concours national
« Le jour de l’épreuve orale, c’était le grand n’importe quoi. On avait bien une heure de convocation, mais au moment de présenter ma pièce d’identité on m’a affirmé que ce n’était pas la peine. J’ai déjà passé des concours et je n’ai jamais vu ça, ce n’est pas du tout conforme aux textes. À un moment donné, le jury lui-même ne savait plus à quel candidat il s’adressait et la personne qui passait avant moi a été confondue avec une autre », relate un sapeur-pompier.
« Au final, n’importe qui aurait pu se faire passer pour un autre candidat » déplore un de ses collègues. Pour rajouter à la confusion, les candidats affirment ne pas avoir vu de feuille d’émargement, pourtant obligatoire.
Michel Mani, pro préférence régionale dans le jury
Fait encore plus troublant, Michel Mani, président du syndicat autonome du personnel du SDIS de La Réunion faisait partie du jury selon un candidat.[ Il est bien connu pour ses sorties médiatiques,]urlblank:http://www.zinfos974.com/Preference-regionale-Un-pompier-zoreil-porte-plainte-contre-le-SDIS-974-pour-discrimination_a115812.html ayant récemment déclaré « à diplôme équivalent, le Réunionnais doit être privilégié »
« 100% des agents d’un département qui réussissent un concours, c’est du jamais vu! »
À la réception des résultats, sur les 49 réunionnais, 48 sont admis et sur les 11 métropolitains, seuls 3 sont qualifiés. Selon les candidats métropolitains, il y a clairement eu discrimination. « C’est un concours national, alors je comprends que l’on puisse parler de préférence régionale mais là, c’est carrément de la discrimination! » s’indigne un candidat. Surtout que pour tous les candidats métropolitains, l’entretien s’est déroulé correctement.
« 100% des agents d’un département qui réussissent un concours, c’est du jamais vu! Dans notre cas, c’est clairement un choix discriminatoire. On se pose des questions » explique un sapeur-pomper métropolitain. « Louper un concours, ce n’est pas un problème, ça arrive. Mais dans les règles de l’art. Dans ce cas-ci, c’est compliqué à vivre, c’est une grande déception pour nous tous. On ne peut même pas comprendre comment nous améliorer car les critères de sélection sont insaisissables » conclut-il.
Autre question qui interpelle les candidats métropolitains : comment se fait-il qu’il n’y ait que 59 reçus alors qu’il y avait 75 postes proposés au concours?
Dernier problème : La liste officielle des candidats reçus devait être publiée sur le site du SDIS, chose qui n’a pas été faite.
Pour le SDIS, les règles administratives ont été respectées
Plusieurs candidats métropolitains ont adressé un recours, ainsi qu’un courrier à la Présidente du SDIS Nassimah Dindar et au colonel Hervé Berthouin, le nouveau directeur.
Le SDIS a communiqué sur cette affaire, déclarant « prendre le problème très au sérieux ». Il déclare avoir à ce jour reçu une seule demande de recours. « Après étude du dossier, il n’y aurait pas d’anomalie. L’organisation s’est déroulée de manière normale, dans le respect des règles administratives ».