Les doutes autour des boîtiers électriques dits « intelligents » n’épargnent pas les consommateurs réunionnais. Certains d’entre eux sont en effet inquiets du remplacement progressif de leur compteur électrique par ces très controversés boîtiers – dont le plus connu est le Linky – en termes de sécurité sanitaire ou d’exploitation des données personnelles…
Pour rappel, sur la période 2014-2021 (jusqu’en 2024 pour les territoires ultramarins) près de 90% des 35 millions de compteurs classiques seront remplacés, avec un pic de 8 millions de compteurs installés pour 2018, comme le prévoit la loi de transition énergétique du 18 août 2015. Dans le département, les premiers déploiements des quelque 440 000 compteurs numériques gris (et non jaunes comme le Linky) ont débuté en novembre 2017 et ce jusqu’à fin 2024.
Ces nouveaux compteurs communicants sont chargés de recevoir et de transmettre des informations à distance, mais aussi de surveiller en temps réel sa consommation électrique. Des informations recueillies une à deux fois par jour entre minuit et six heures du matin et envoyées à via la technologie CPL (la même qui relie via l’alimentation une box internet et le décodeur TV) un concentrateur situé dans le transformateur électrique du quartier. Ce dernier transmet ensuite les données à un serveur informatique via un réseau de téléphonie mobile existant.
Avec ce dispositif, les factures adressées aux clients EDF ne sont plus établies sur la base d’une consommation estimée sur plusieurs mois, mais sur la consommation réelle. De plus, le boîtier interroge l’ensemble des compteurs qui lui sont rattachés à intervalles réguliers afin de surveiller l’état général du réseau basse tension.
Coût total de l’investissement : plus de 5 milliards d’euros, dont 70 millions d’euros dans l’île. L’installation de ces compteurs est assurée sur le territoire métropolitain par ENEDIS, filiale d’EDF, et par des prestataires locaux à La Réunion.
Si pour EDF, l’installation de ces boîtiers numériques permettra une meilleure gestion des dépenses énergétiques en facilitant la gestion des réseaux de distribution de l’électricité pour l’exploitant, les craintes autour de ce boîtier 2.0 sont multiples : exposition aux champs électromagnétiques, son caractère obligatoire ou encore de possibles violations de la vie privée.
Certains clients d’EDF ont reçu depuis la fin de l’année dernière des courriers électroniques leur informant de la venue prochaine d’un prestataire pour l’installation de ce type de boîtier et ce, malgré leur opposition. En effet, une Zinfonaute qui nous a contacté, déplore même l’attitude d’EDF qui continue à la « harceler » avec « plusieurs appels et l’envoi de plusieurs courriers », alors qu’elle avait fait part « à plusieurs reprises » de son refus du boîtier. Elle craint notamment des effets « néfastes » venant du boîtier comme « l’émission d’ondes électromagnétiques ou de possibles incendies ».
Des oppositions balayées par l’opérateur historique qui se base sur [l’étude menée par l’Agence nationale des fréquences (ANFR)]urlblank:https://www.anfr.fr/controle-des-frequences/exposition-du-public-aux-ondes/compteurs-communicants/mesures-linky/#menu2 . Sur les ondes électromagnétiques, cette dernière affirme que « la transmission des signaux CPL (c’est-à-dire grâce aux courants porteurs en ligne) utilisés par le Linky ne conduit pas à une augmentation significative du niveau de champ électromagnétique ambiant ». Ainsi, selon l’étude, les compteurs de type Linky émettraient environ 120 fois moins d’ondes qu’un réfrigérateur.
Concernant la protection des données, le boîtier est conçu pour ne relever que la consommation énergétique et non pas l’identité ou l’adresse du particulier, comme le prévoit les recommandations de la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés).
L’autre grand point de crispation concerne le refus du compteur. Il n’est officiellement pas possible pour le consommateur de refuser l’installation du compteur numérique. En effet, ce dernier n’est pas personnel mais appartient aux collectivités locales. Mais en métropole, des actions ont été entamées par des particuliers [et même des collectivités]urlblank:http://www.leparisien.fr/economie/action-de-groupe-pour-refuser-l-installation-du-compteur-linky-02-05-2018-7693566.php (environ 300) pour refuser les boîtiers Linky. [Une pétition a même été lancée par l’UFC-Que Choisir]urlblank:https://www.quechoisir.org/action-ufc-que-choisir-linky-refusons-de-payer-pour-enedis-n52364/ le 8 mars dernier, et qui a reçu plus de 253 000 signatures. Fervent opposant aux petits boîtiers jaunes, l’association de défense des consommateurs tient malgré tout à rappeler que le remplacement des anciens compteurs « est obligatoire et encadré par la loi ».
Néanmoins, certains abonnés en métropole, dont le compteur électrique était situé à l’intérieur de chez eux, ont semble-t-il réussi à s’opposer à l’installation d’un compteur communicant. Interrogé par [franceinfo]urlblank:https://www.francetvinfo.fr/sante/environnement-et-sante/peut-on-refuser-l-installation-du-compteur-linky-chez-soi_2674952.html en mars dernier, le directeur du programme Linky, Bernard Lassus, avait déclaré que les techniciens « n’installent pas le compteur » si l’accès est obstrué, avec une chaîne par exemple. « Une technique conseillée par de nombreux anti-Linky sur internet », écrit franceinfo.
À La Réunion, EDF est bien clair à ce sujet: « la pose du compteur est obligatoire. C’est une évolution technologique indispensable pour répondre aux normes actuelles. Ils remplacent définitivement les anciens compteurs qui ne sont plus fabriqués. Le remplacement des compteurs est une obligation légale », tient à rappeler l’opérateur historique, comme indiqué par [la directive européenne de 2009]urlblank:http://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/HTML/?uri=CELEX:32009L0072 et aux articles L.341-4 et R.341-8 du code de l’Énergie.
« L’installation et le compteur sont gratuits, le compteur n’appartient ni au client ni à EDF. Il est la propriété de la collectivité représentée par le SIDELEC (Syndicat d’électricité de La Réunion) »
EDF Réunion
Pour chaque demande ou réclamation, EDF apporte une réponse personnalisée « que ce soit par téléphone, par courrier, par mail ou dans nos agences clientèles ».
Le point sur le déploiement de ces compteurs numériques à La Réunion avec Emmanuelle Virassamy-Macé, cheffe de projet-compteur numérique à EDF Réunion: