En venant à La Réunion, Noëlle, l’éléphante de mer aperçue pour la première fois coincée dans les tétrapodes de La Grande-Chaloupe, a signé, sans le savoir, son arrêt de mort. Innocente et sûrement plus curieuse que ses congénères, la femelle juvénile a quitté ses lointaines terres australes et antarctiques françaises.
Elle a réalisé une prouesse en nageant les 2.860 km qui séparent l’archipel de Crozet de La Réunion ou les 3.250 km en venant des Kerguelen. Car Noëlle, comme les autres éléphants de mer, est dotée de capacités extraordinaires, capable de réaliser des apnées de plus de deux heures et de plonger à 2.500 mètres de profondeur. Sur ces îles lointaines, l’activité humaine est quasi absente. Un paradis pour les animaux sauvages. À La Réunion, Noëlle a rencontré l’enfer. "C’est une triste ou tragique allégorie de l’époque dans laquelle nous vivons où nous faisons tout pour que notre activité humaine prime sur les besoins des autres espèces avec les conséquences qu’on voit et qu’on déplore, dont malheureusement nous sommes responsables", précise Jean-Marc Gancille, responsable de la communication, sensibilisation et études impact.
Au milieu des déchets
Dès sa première apparition, Noëlle nous a envoyé un signal. Au lieu de trouver une plage de galets où se reposer, elle est tombée sur un chantier pharaonique, folie de l’homme. L’éléphante de mer a fait la rencontre des tétrapodes et s’est coincée. Grâce à l’intervention des sapeurs-pompiers et des membres de l’association de Globice, elle a pu retrouver la mer. En période de mue, l’animal a besoin de repos et n’est pas en période de chasse. L'animal a ensuite erré sur la côte Ouest où ses pauses ne passaient jamais inaperçues.
Ce week-end, un énième avertissement a été envoyé par Noëlle. Échouée à Saint-Gilles, l’éléphante de mer avait deux hameçons plantés dans son corps. Heureusement, elle a pu compter sur les bénévoles et des vétérinaires bienveillants qui l’ont aidée à surmonter cette nouvelle épreuve. Un hameçon lui sera retiré. Pour le plus petit, situé dans la paroi de l’œsophage, il "aurait pu facilement s’enkyster, c’est-à-dire se confondre à la chair et ne pas poser de problème à la déglutition", a précisé Globice.
La photo de Noëlle publiée par l'association ce mercredi pour annoncer sa mort traduit l’un de ces moments où l’animal, à la place de trouver un lieu de repos, est tombé dans une eau sale et polluée, au milieu des déchets. "Elle a souvent été dans cette situation en surface, à respirer et à se reposer. Il y a avait la conjonction de cette attitude et la présence de déchets dont un masque qui est arrivé sur son visage. Ce qui donne cet effet un peu troublant et parle bien de cette époque. C’est la pollution d’un milieu fortement anthropisé, c’est-à-dire où il y a des activités humaines multiples", souligne Jean-Marc Gancille. Un nouveau signal envoyé par le mammifère marin.
Elle a réalisé une prouesse en nageant les 2.860 km qui séparent l’archipel de Crozet de La Réunion ou les 3.250 km en venant des Kerguelen. Car Noëlle, comme les autres éléphants de mer, est dotée de capacités extraordinaires, capable de réaliser des apnées de plus de deux heures et de plonger à 2.500 mètres de profondeur. Sur ces îles lointaines, l’activité humaine est quasi absente. Un paradis pour les animaux sauvages. À La Réunion, Noëlle a rencontré l’enfer. "C’est une triste ou tragique allégorie de l’époque dans laquelle nous vivons où nous faisons tout pour que notre activité humaine prime sur les besoins des autres espèces avec les conséquences qu’on voit et qu’on déplore, dont malheureusement nous sommes responsables", précise Jean-Marc Gancille, responsable de la communication, sensibilisation et études impact.
Au milieu des déchets
Dès sa première apparition, Noëlle nous a envoyé un signal. Au lieu de trouver une plage de galets où se reposer, elle est tombée sur un chantier pharaonique, folie de l’homme. L’éléphante de mer a fait la rencontre des tétrapodes et s’est coincée. Grâce à l’intervention des sapeurs-pompiers et des membres de l’association de Globice, elle a pu retrouver la mer. En période de mue, l’animal a besoin de repos et n’est pas en période de chasse. L'animal a ensuite erré sur la côte Ouest où ses pauses ne passaient jamais inaperçues.
Ce week-end, un énième avertissement a été envoyé par Noëlle. Échouée à Saint-Gilles, l’éléphante de mer avait deux hameçons plantés dans son corps. Heureusement, elle a pu compter sur les bénévoles et des vétérinaires bienveillants qui l’ont aidée à surmonter cette nouvelle épreuve. Un hameçon lui sera retiré. Pour le plus petit, situé dans la paroi de l’œsophage, il "aurait pu facilement s’enkyster, c’est-à-dire se confondre à la chair et ne pas poser de problème à la déglutition", a précisé Globice.
La photo de Noëlle publiée par l'association ce mercredi pour annoncer sa mort traduit l’un de ces moments où l’animal, à la place de trouver un lieu de repos, est tombé dans une eau sale et polluée, au milieu des déchets. "Elle a souvent été dans cette situation en surface, à respirer et à se reposer. Il y a avait la conjonction de cette attitude et la présence de déchets dont un masque qui est arrivé sur son visage. Ce qui donne cet effet un peu troublant et parle bien de cette époque. C’est la pollution d’un milieu fortement anthropisé, c’est-à-dire où il y a des activités humaines multiples", souligne Jean-Marc Gancille. Un nouveau signal envoyé par le mammifère marin.

Cette photo n'est pas la dernière de Noëlle mais est éloquente sur le sort subi par l'animal. (Photo Globice)
Noëlle était en bonne santé
Comme toujours, à l'annonce d'un tel fait, les réseaux sociaux s’emballent. Des experts marins fleurissent, donnant un avis sur la santé de l’animal, suggérant de le mettre dans un bassin. Le directeur de Kélonia s’est exprimé dans les médias, indiquant que le centre de secours n’avait pas de bassin pour l’animal.
Pour mémoire, l'opération de secours de l’otarie sub-antarctique baptisée Marius n’avait pas permis de sauver l’animal. Avec près de 200 kg, Noëlle aurait dû subir une anesthésie pour être amenée dans un centre de soin. Un risque pour cet animal qui supporte mal un tel traitement. "On a fait le choix de ne pas le faire en considérant que plus elle était dans son milieu naturel, plus elle aurait de chances de retourner dans son milieu sauvage. Nous avions parié là-dessus car nous avions considéré que son état de santé n’était pas mauvais, et l’autopsie nous le confirme", rappelle le membre de l’association Globice.
Les résultats de l’examen de corps sont en effet sans appel : l’animal n’était ni porteur de bactéries, ni de parasites. "C’était un animal en bonne santé, au vu de l’autopsie. Elle n’était pas malade". Les quelques traces sur son corps sont normales et dues à des morsures de squalelet féroce, un petit requin de profondeur se nourrissant de bouts de gras et de l’épiderme d’autres animaux. Son air hagard d’un animal fatigué, tout comme son amaigrissement, étaient les conséquences de sa période de mue. Rien d’anormal.
Signal d'alarme
Le dernier piège fabriqué par l’homme et rencontré par l’animal a donc été celui de trop. Aperçue par les maîtres-nageurs le 12 janvier au matin à Boucan Canot, Noëlle ne sortira plus la tête de l’eau. Fidèle à elle-même, sa curiosité l'a poussé à s'intéresser au filet anti-requin. Ou peut-être a-t-elle simplement repéré un poisson de l’autre côté. Qui sait ? Nous le saurons jamais. Mais l'issue est certaine. Elle finira coincée dans les filets avant de mourir noyée, prise au piège.
"Ces animaux ne sont pas dépendants de l’humain. Ils sont dans un milieu qui n’est plus le leur et que nous avons totalement colonisé avec nos infrastructures. Leur milieu est devenu hostile. Malgré tous nos efforts déployés pour essayer de laisser tranquille l’animal et éviter des risques comme des collisions, l’animal est décédé", conclut le responsable communication de Globice. Car comme David contre Goliath, des bénévoles se sont mobilisés pour sauver l’animal, se relayant nuit et jour pour alerter les bateaux et les pêcheurs quittant le Port de la présence de l’animal. En vain, les obstacles étaient trop nombreux.
La mort de Noëlle nous envoie un ultime signal. "Il y a une interdépendance avec tous les écosystèmes et ce qu’ils constituent. Plus les écosystèmes sont malades, plus nous nous rendons malades. Les animaux sont témoins de tout ça. Cette situation devrait nous alerter sur le fait qu’on est train de se suicider", rapporte Jean-Marc Gancille. La mort de Noëlle nous envoie un ultime signal, à nous de ne pas l’oublier. Comme le disait Léonard de Vinci, “Le jour viendra où les personnes comme moi regarderont le meurtre des animaux comme ils regardent aujourd'hui le meurtre des êtres humains".
Comme toujours, à l'annonce d'un tel fait, les réseaux sociaux s’emballent. Des experts marins fleurissent, donnant un avis sur la santé de l’animal, suggérant de le mettre dans un bassin. Le directeur de Kélonia s’est exprimé dans les médias, indiquant que le centre de secours n’avait pas de bassin pour l’animal.
Pour mémoire, l'opération de secours de l’otarie sub-antarctique baptisée Marius n’avait pas permis de sauver l’animal. Avec près de 200 kg, Noëlle aurait dû subir une anesthésie pour être amenée dans un centre de soin. Un risque pour cet animal qui supporte mal un tel traitement. "On a fait le choix de ne pas le faire en considérant que plus elle était dans son milieu naturel, plus elle aurait de chances de retourner dans son milieu sauvage. Nous avions parié là-dessus car nous avions considéré que son état de santé n’était pas mauvais, et l’autopsie nous le confirme", rappelle le membre de l’association Globice.
Les résultats de l’examen de corps sont en effet sans appel : l’animal n’était ni porteur de bactéries, ni de parasites. "C’était un animal en bonne santé, au vu de l’autopsie. Elle n’était pas malade". Les quelques traces sur son corps sont normales et dues à des morsures de squalelet féroce, un petit requin de profondeur se nourrissant de bouts de gras et de l’épiderme d’autres animaux. Son air hagard d’un animal fatigué, tout comme son amaigrissement, étaient les conséquences de sa période de mue. Rien d’anormal.
Signal d'alarme
Le dernier piège fabriqué par l’homme et rencontré par l’animal a donc été celui de trop. Aperçue par les maîtres-nageurs le 12 janvier au matin à Boucan Canot, Noëlle ne sortira plus la tête de l’eau. Fidèle à elle-même, sa curiosité l'a poussé à s'intéresser au filet anti-requin. Ou peut-être a-t-elle simplement repéré un poisson de l’autre côté. Qui sait ? Nous le saurons jamais. Mais l'issue est certaine. Elle finira coincée dans les filets avant de mourir noyée, prise au piège.
"Ces animaux ne sont pas dépendants de l’humain. Ils sont dans un milieu qui n’est plus le leur et que nous avons totalement colonisé avec nos infrastructures. Leur milieu est devenu hostile. Malgré tous nos efforts déployés pour essayer de laisser tranquille l’animal et éviter des risques comme des collisions, l’animal est décédé", conclut le responsable communication de Globice. Car comme David contre Goliath, des bénévoles se sont mobilisés pour sauver l’animal, se relayant nuit et jour pour alerter les bateaux et les pêcheurs quittant le Port de la présence de l’animal. En vain, les obstacles étaient trop nombreux.
La mort de Noëlle nous envoie un ultime signal. "Il y a une interdépendance avec tous les écosystèmes et ce qu’ils constituent. Plus les écosystèmes sont malades, plus nous nous rendons malades. Les animaux sont témoins de tout ça. Cette situation devrait nous alerter sur le fait qu’on est train de se suicider", rapporte Jean-Marc Gancille. La mort de Noëlle nous envoie un ultime signal, à nous de ne pas l’oublier. Comme le disait Léonard de Vinci, “Le jour viendra où les personnes comme moi regarderont le meurtre des animaux comme ils regardent aujourd'hui le meurtre des êtres humains".