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« Nous ne laisserons pas sacrifier le pan balnéaire de notre économie touristique »

Océan Prévention Réunion (OPR), Prévention Requin Réunion (PRR), l'association Elio Canestri, Protégeons Nos Enfants (PNE), le Collectif Humanisme Océan Indien (CHOI) et le Collectif Citoyen Handicap ont rédigé un communiqué commun sur le risque requin. Le voici :

Ecrit par Zinfos974 – le vendredi 05 mai 2017 à 10H14

« C’est malheureusement un nouveau drame qui nous fait réagir aujourd’hui, avec la disparition d’Adrien, un jeune passionné. Nous exprimons tout notre soutien à la famille et aux proches dans ce moment difficile.

Avec 2 des 3 morts comptabilisés pour l’ensemble de la planète depuis le début de l’année, notre petite île détient un nouveau record du monde avec 66 % des attaques mortelles pour 2017.

Certes comme on nous le dit à chaque attaque, « la zone était interdite » ! Mais faut-il rappeler également à chaque accident que cette interdiction totale « provisoire » d’accès à l’océan, et instaurée depuis le 26 juillet 2013, n’avait pour but que de protéger les pratiquants le temps que l’on mette en place des solutions de sécurisation, qui à ce jour restent insuffisantes ?

Le préfet évoque l’imprudence en mentionnant les conditions de mer. Nous rappelons qu’Adrien n’est pas mort du fait des vagues mais bien d’une attaque d’un requin. Les conditions de vagues n’ont jamais tué de surfeurs à la Réunion. Bien au contraire, ce sont les surfeurs qui sauvent les vies des imprudents lorsqu’il y a une forte houle.

Les seules zones autrement autorisées le sont grâce à la mise en place de vigies requins sécurisant des surfeurs licenciés, et de filets non maillants protégeant 1.5 kms de côte sur 220 kms de littoral, et cela uniquement pendant les périodes de l’année où il n’y a peu de vagues. Par leur complexité de mise en œuvre, leur disponibilité et leur coût, les filets et les vigies requins ne constituent que des solutions localisées, difficilement généralisables à la totalité des zones balnéaires.

Depuis plus d’un mois et demi les signalements de requins très fréquents se succèdent au niveau de la passe de l’Ermitage et à Trou d’eau, avec le 18 avril dernier la présence d’un requin de 2 m 50 signalé sur le site officiel info-requin, ce qui nous fait également douter de la pérennité de ce dernier espace de liberté. Jusqu’à présent la pêche sélective par l’intermédiaire du programme « Cap requins 2 », établi sur le modèle des exemples sud-africains et australiens, avait semblé donner des résultats probants sur une grande partie des côtes en rétablissant une pression territoriale sur ces deux espèces invasives.

Le programme Cap requin : une pêche localisée remise en cause malgré les promesses ?

Suite à un changement de direction au sein du comité des pêches local, « cap requins 2 » et ses protocoles de pose de smart-drumlines à la côte, laborieusement mis en place en juin 2015, est aujourd’hui totalement à l’arrêt. Plus aucune pêche à la côte n’est pratiquée sur l’ensemble des zones littorales depuis 2 mois. Seule une pêche au large, moins sélective, est actuellement remise en place et ce depuis seulement quinze jours.

On ne peut que s’étonner de voir ainsi abandonner le protocole des smart-drumlines après deux ans et demi d’expérimentation, procédé pourtant satisfaisant aux exigences de sélectivité des captures.

Comment croire que ces prélèvements au large loin des zones d’activités nous permettent de retrouver un risque requin acceptable, équivalent à celui des autres îles de l’océan indien. Pour chasser des rats de nos maisons, pose-t-on des pièges à l’autre bout de la ville en espérant en tuer suffisamment pour que ceux-ci ne viennent plus dans notre cuisine ?

Alors que les opposants de ce programme se réjouissent officiellement, par la voix du président local de la FFESSM, de l’abandon de ce programme soi-disant « dangereux » pour les usagers (alors même que plus de 15 attaques ont eu lieu avant juin 2015, date de sa mise en place effective) on ne peut que s’étonner de ces affirmations régulières d’attractivité de ces engins de pêche.

L’Etat, maitre d’œuvre du programme, qui interdit aujourd’hui aux Réunionnais l’accès à la mer pour des raisons de sécurité, laisserait-t-il mettre en place un programme de pêche cap requins 2, et ses smart-drumlines, si son innocuité n’avait pas été prouvée lors des essais de cap requins 1, imposés en baie de st Paul pendant presque un an ?

La communication

Il est heureux qu’enfin le Centre de Ressources et d’Appui pour la gestion du risque requin (institution en charge de la mise en place des systèmes de sécurisation) se soit enrichi de la présence d’un responsable de communication depuis quelques semaines.

Ce dernier saura, nous l’espérons, dénoncer au nom de l’Etat, des collectivités et des différents partenaires du centre de ressources, toutes les absurdités et manipulations sans aucun fondement scientifique, mais pourtant diffusées régulièrement par les associations environnementales.

Les services de l’état se bornent cependant encore une fois à mettre en cause les victimes sans jamais rechercher la cause de ces attaques dont la fréquence a été multipliée par 8 sur la seule côte ouest en seulement six ans. L’hypothèse d’une désinhibition de ces squales par la mise en place d’une Réserve Marine en face de nos plages n’a d’ailleurs toujours pas été démentie scientifiquement.

L’évolution du périmètre de la réserve marine

Faisant suite à une concertation avec les autorités, le déplacement ou l’aménagement des zones de protections renforcées demandé depuis l’année dernière par les associations pour favoriser la sécurisation de nos plages n’est toujours pas envisagé.

Aucune suite n’a été donnée au travail réalisé et proposé par l’association Elio Canestri il y a plus de six mois. Jusqu’en 2007, la simple présence au niveau de la zone balnéaire des chasseurs sous-marins et des petits pêcheurs traditionnels constituait une barrière efficace contre les prédateurs, une menace directe pour les requins, susceptible de les maintenir à bonne distance.

Le risque était alors quasi inexistant. Après une phase de nécessaire régulation, l’occupation de la colonne d’eau et le retour à une pression de pêche régulière et localisée pourrait suffire, là où de couteuses études scientifiques et des moyens de prévention importants sur plusieurs années n’ont jusqu’à aujourd’hui apporté ni explication ni solution au phénomène.

La reprise de la commercialisation

La reprise de la commercialisation des requins bouledogues et de requins tigres, solution simple économique et durable, est, elle aussi, à l’arrêt depuis l’annonce par Mr le sous-préfet de st Paul fin février 2017 de deux cas de traces de « ciguatoxine » sur les 120 requins analysés jusque-là. Malgré nos demandes répétées aucun rapport officiel, ni données ne nous ont été transmis.

Sans communication de ces éléments ni décisions objectives sur cet arrêté dont l’impact ne saurait être nié sur l’évolution des populations de requins bouledogues et tigres autour de l’ile de la Réunion, et alors que d’autres espèces de prédateurs susceptibles d’être porteuses des mêmes maladies et intoxications sont aujourd’hui autorisées à la commercialisation, nous nous réservons la possibilité de contester cette décision au tribunal administratif.

Fait plus troublant : L’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire) a mis en place un comité de déontologie et de prévention des conflits d’intérêt. Pourquoi l’ANSES n’a-t-elle pas vérifié les compétences et les Déclarations Publiques d’Intérêt de scientifiques travaillant pour des organismes réunionnais ayant apporté des expertises sur ce risque, en conflit d’intérêt manifeste ?

Le Directeur Général de l’ANSES, interrogé sur ces faits, n’a fourni aucune justification satisfaisante. Alors que la Réunion constitue la zone présentant le risque le plus faible en termes d’intoxications ciguateriques de l’Océan Indien, pourquoi sommes-nous le seul endroit où la commercialisation de la chair de ces requins est interdite ?

Pourquoi protège-t-on de façon drastique les Réunionnais face à une menace n’ayant jamais fait de morts à la Réunion, alors même que de nombreux produits alimentaires à l’origine d’intoxications graves et régulières eux sont toujours sur le marché ?

Comment faire pour être entendu ?

Si nous condamnons formellement toute action violente et incitons chaque jour nos sympathisants à croire encore à une solution négociée et pacifique, nous ne pouvons que constater la frustration qui monte.

Alors que l’on missionne la police scientifique pour des cocktails Molotov devant la Réserve, relevant plus d’actes de vandalisme sur fond d’extrême détresse, que d’actes terroristes proprement dits, les auteurs des dégradations des filets de protections et d’engins de pêche sélectifs dédiés à la sécurisation des plages, eux courent toujours en toute impunité. On peut s’étonner du manque de résultats des services de police pour faire établir les responsabilités dans le « scandale requin » alors même que des moyens démesurés sont déployés pour lutter contre les petits pêcheurs sans carte, ou contre des surfeurs « libres » auxquels l’état n’apporte pas de réelles solutions.

Aujourd’hui plus que jamais, face à la lenteur administrative, notre volonté commune et notre engagement sont intacts. Face à cette situation qui dépasse l’entendement, nous appelons chaque personne lisant ce communiqué, chaque association de pêcheurs traditionnels, de chasseurs sous-marins, d’usagers nautiques, d’acteurs économiques, de simples citoyens soucieux de la résolution définitive de cette crise, à s’associer à notre démarche.

En plus de la menace permanente qui pèse sur tous ceux qui sont en contact avec l’océan, nous ne laisserons pas sacrifier le pan balnéaire de notre économie touristique, véritable moteur du développement de notre île.

La préservation de la biodiversité est un sujet majeur auxquels nous adhérons tous, mais celle-ci ne se limite pas à la protection de deux espèces de poissons en surpopulation, détruisant notre écosystème et menaçant directement la vie de nos enfants.

Durant des décennies, avec l’occupation quotidienne de la colonne d’eau par des activités de pêche, la côte Ouest était épargnée. La Réunion ne connaissait de tels drames que dans des zones sauvages et réputées. Il suffit de lire les statistiques d’attaques réunionnaises depuis six ans pour constater un changement radical.

Mais l’absence d’explications scientifiques valides semble servir indéfiniment d’alibi au piétinement dans la gestion de cette crise. Il faut qu’enfin les causes réelles de cette crise soient admises par les autorités, permettant de conduire à des moyens efficaces et rapides de régulation et de reconquête de l’espace littoral, avant que de nouveaux drames aient lieu. Parce qu’aujourd’hui ce ne sont plus quelques pratiquants nautiques ou nageurs qui sont concernés, mais bien chaque parent amenant ses enfants se baigner dans le lagon ».

Association Océan Prévention Réunion (OPR)
Association Prévention Requin Réunion (PRR)
Association Elio Canestri
Association Protégeons Nos Enfants (PNE)
Collectif Humanisme Océan Indien (CHOI)
Collectif Citoyen Handicap

 

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