Son dernier opus, « Diaboliques », ne fait pas dans la dentelle et, pour une fois, au lieu de nous raconter les faits et méfaits de mâles diaboliques, il nous montre les heurts et malheurs de nos semblables féminines qui, lorsqu’elles s’y collent, sont aussi rouées que nous. Peut-être plus. Peut-être mieux. Le style de Chabirand est très particulier et si ça surprend au premier abord, on se laisse vite emporter.
L’auteur use beaucoup du descriptif, lequel peut parfois se traduire en digressions mais ce n’est qu’une apparence. Ses inspecteurs, Cazambo et Picard, deux cousins Dupont(d) plus perspicaces que leurs homologues hergéiens, nous sont proches avec leurs doutes, leurs envies, leur vie de tous les jours. Pensez : Cazambo roule en moto Guzzi. Vous en connaissez beaucoup des comme ça ?
Phrases simples mais vocabulaire choisi, documentation soignée, connaissance parfaite de la vie créole dans ses détails les plus insoupçonnés, Chabirand met le mystère créole à portée de tous. Avec une analyse très fine des rapports sociaux ; l’actualité sociale et politique passée à la moulinette ; les « grands » ratiboisés parce que décidément trop cons…
J’ai particulièrement apprécié qu’il faille attendre les toutes dernières lignes pour connaître le pourquoi du comment. Et l’on en reste parfois sur son red bottom, je ne vous dis que ça. Je ne vais évidemment pas vous raconter ces histoires. J’ajouterai juste que chaque roman comporte deux nouvelles, ce qui ne donne pas le temps de se lasser et n’est pas le moindre intérêt de cet auteur.
P.S. : l’érotisme le plus échevelé est souvent présent dans les écrits de saint Christoph. Ne laissez donc pas traîner ces ouvrages à la portée des moins de 77 ans. Je vous aurai avertis.
J.B.
« Diaboliques »
« Les gouttes d’eau »
Christoph Chabirand
Orphie éditions
En librairie, 10 euros