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Notes de lecture « Mon p’tit quit’ ta mère ! » de Roger Payet

Une précision importante avant tout : malgré un titre qui pourrait suggérer le contraire, ce recueil de souvenirs n’est PAS écrit en créole. Il est rédigé en français et même, en très bon français. Certes l’auteur parle ici de ses souvenirs d’enfance… et plus. Il ne renie rien de ses origines de petit Yab. Au […]

Ecrit par Jules Bénard – le dimanche 02 septembre 2018 à 09H00

Une précision importante avant tout : malgré un titre qui pourrait suggérer le contraire, ce recueil de souvenirs n’est PAS écrit en créole. Il est rédigé en français et même, en très bon français.

Certes l’auteur parle ici de ses souvenirs d’enfance… et plus. Il ne renie rien de ses origines de petit Yab. Au besoin, quand les mots créoles se font indispensables parce que « collant » mieux à ses idées, Roger Payet les place ici et là, avec une malice non dissimulée et c’est bien ce télescopage des langues qui donne encore plus de saveur à ces souvenirs.

Roger Payet a de la verve, de la faconde. Il raconte les souvenirs d’une vie avec un plaisir non dissimulé, un plaisir qu’il nous fait partager avec une passion non feinte non plus.

Il est né en 1949 dans un coin pour lequel j’ai une certaine affection, je pense vous l’avoir dit : La Rivière. Pour les non-avertis, je consens à préciser « La Rivière-Saint-Louis » mais nous, là-haut, du haut de nos 250 mètres d’altitude, on dit « La Rivière », point/barre.
Divisé en deux tomes, « Mon petit qui’ ta mère ! » prend son temps. La prime enfance, l’adolescence, la jeunesse puis les années d’adulte, Roger Payet passe en revue, de façon quasi-exhaustive, tout ce qui a pu marquer une existence bien remplie.

Et, la mémoire ne lui faisant pas défaut, notre « jeune » auteur prend son temps, manière de ne rien négliger. Ceux de la même génération ou presque retrouveront bien des épisodes communs. Les autres découvriront avec plaisir, surtout que notre auteur sait trouver les mots « qui parlent », sans aucune pédanterie ni didactisme superflus.

Le genre « souvenirs », je sais de quoi il s’agit, n’est pas des plus aisés. Il est essentiel alors de magnifier le souvenir en lui-même sans se laisser aller à la nostalgie qui, contrairement au souvenir, est destructrice ; elle vous ronge par en-dedans en vous laissant naïvement croire à un possible mais illusoire retour en arrière. Or l’Histoire ne repasse jamais les plats.

Le souvenir, lui, fait office de racines, bien ancrées dans son terroir, qui poussent le tronc et sa canopée vers le soleil.
Pour moi, qui ai récemment publié des « Souvenirs d’une enfance créole », il est toujours passionnant de lire ceux d’un autre… surtout quand ils sont si bien rédigés.

On saisit mieux alors que si tous les gens d’une génération donnée possèdent un socle de souvenirs communs, il y a ces mille petites différences qui font qu’il y a autant de récits possibles que d’auteurs potentiels. Personnellement, je suis reconnaissant à l’auteur de m’avoir remis en mémoire une foule de petites choses qui m’étaient sorties de l’esprit et c’est impardonnable de ma part, concernant notre lieu d’enfance commun, cette chère Rivière.

On ne peut donc que remercier Roger Payet pour ce plaisir sans mélange qu’il nous procure. Parole d’auteur !

Le tirage étant limité, nous ne saurions trop conseiller aux amateurs de littérature locale de se les procurer sans perdre de temps.
Les deux tomes, « En famille » et « Dans le monde », sont en vente « Chez Gérard et dans les deux librairies « Autrement », au prix de 22 et 24 euros.

 

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