Il serait le tout premier roman écrit à La Réunion, selon les exégètes. Pourquoi pas ! Le style, harmonieux, la faculté d’aller à l’essentiel, le verbe ample mais sans fioriture, sont bien d’une époque où il fallait cerner le principal. Il a, en tout cas, été écrit par un homme courageux qui a cher payé son affrontement avec la société esclavagiste et son amour d’une société mixte.
Ce roman a été écrit à compte d’auteur en 1844, avant l’Abolition. L’écrivain s’engageait là sur une pente très savonneuse car les normes, alors, étaient dans la reconnaissance de l’esclavage comme allant de soi ; les châtiments corporels, voire la mort ; l’interdiction d’enterrer les esclaves en terre consacrée puisque, censément, ils n’avaient pas d’âme. Les femmes non plus, d’ailleurs. La Controverse de Valladolid datait d’avant mais les mentalités n’avaient guère évolué.
Avec son roman hors-normes, Louis-Timagène Houat a pris et accepté le risque de se faire mal considérer et d’encourir les foudres d’une société où le terme d’humanisme ne rêvait pas d’entrer à l’Académie. Il était courageux et a accepté les risques inhérents à une telle prise de position jugée alors anti-sociale et contraire aux bonnes moeurs.
Pas manqué : exil, emprisonnement
…
Pourtant, ce roman ne dit rien de surhumain : deux jeunes, un Blanc et une Noire s’aiment. Ben oui mais voilà, si le droit de cuissage existait (en silence : on ne parle pas de ces choses-là, voyons !), l’amour inter-racial était la norme !
Pour ceux qui n’auraient pas encore lu ce roman attachant et enthousiasmant, je ne dirai pas la suite. D’autres auteurs, dans les mêmes époques, se sont élevés contre l’esclavage et la peine de mort, Leconte de Lisle, Eugène Dayot, pour ne citer qu’eux. Ils l’ont aussi payé cher.
Ce roman fait date, comme étant le premier de chez nous. J’effectue un rapide rapprochement avec un autre petit bijou, « Les muselés » d’Anne Cheynet, composé sur un sujet totalement différent mais qui, lui, marque la renaissance du roman créole contemporain.
Houat a écrit ce premier roman sur les Marrons. Il n’est que le premier. Il y eut « Chasseur de Noirs », le sublime roman de Vax. Ainsi que le « Bourbon pittoresque » inachevé de Dayot.
Nous devons chaleureusement remercier l’ami Raoul Lucas, passionné d’histoire et de littérature de chez nous, à l’origine de cette réédition.
Que les amateurs de littérature d’aujourd’hui ne fassent pas la fine bouche en s’écriant « C’est d’un autre temps ! » L’esclavage et ses ravages, hélas, ne sont nullement d’un temps passé.
Au cas contraire, on ne lirait plus « Les Misérables » ; on n’écouterait plus « la Pastorale » ; on ne s’extasierait plus devant « le Ciel étoilé » : C’est d’un autre temps, voyons, tout ça !
Les marrons
Louis-Timagène Houat.
En librairie ou chez l’éditeur.
Ce roman a été écrit à compte d’auteur en 1844, avant l’Abolition. L’écrivain s’engageait là sur une pente très savonneuse car les normes, alors, étaient dans la reconnaissance de l’esclavage comme allant de soi ; les châtiments corporels, voire la mort ; l’interdiction d’enterrer les esclaves en terre consacrée puisque, censément, ils n’avaient pas d’âme. Les femmes non plus, d’ailleurs. La Controverse de Valladolid datait d’avant mais les mentalités n’avaient guère évolué.
Avec son roman hors-normes, Louis-Timagène Houat a pris et accepté le risque de se faire mal considérer et d’encourir les foudres d’une société où le terme d’humanisme ne rêvait pas d’entrer à l’Académie. Il était courageux et a accepté les risques inhérents à une telle prise de position jugée alors anti-sociale et contraire aux bonnes moeurs.
Pas manqué : exil, emprisonnement
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Pourtant, ce roman ne dit rien de surhumain : deux jeunes, un Blanc et une Noire s’aiment. Ben oui mais voilà, si le droit de cuissage existait (en silence : on ne parle pas de ces choses-là, voyons !), l’amour inter-racial était la norme !
Pour ceux qui n’auraient pas encore lu ce roman attachant et enthousiasmant, je ne dirai pas la suite. D’autres auteurs, dans les mêmes époques, se sont élevés contre l’esclavage et la peine de mort, Leconte de Lisle, Eugène Dayot, pour ne citer qu’eux. Ils l’ont aussi payé cher.
Ce roman fait date, comme étant le premier de chez nous. J’effectue un rapide rapprochement avec un autre petit bijou, « Les muselés » d’Anne Cheynet, composé sur un sujet totalement différent mais qui, lui, marque la renaissance du roman créole contemporain.
Houat a écrit ce premier roman sur les Marrons. Il n’est que le premier. Il y eut « Chasseur de Noirs », le sublime roman de Vax. Ainsi que le « Bourbon pittoresque » inachevé de Dayot.
Nous devons chaleureusement remercier l’ami Raoul Lucas, passionné d’histoire et de littérature de chez nous, à l’origine de cette réédition.
Que les amateurs de littérature d’aujourd’hui ne fassent pas la fine bouche en s’écriant « C’est d’un autre temps ! » L’esclavage et ses ravages, hélas, ne sont nullement d’un temps passé.
Au cas contraire, on ne lirait plus « Les Misérables » ; on n’écouterait plus « la Pastorale » ; on ne s’extasierait plus devant « le Ciel étoilé » : C’est d’un autre temps, voyons, tout ça !
Les marrons
Louis-Timagène Houat.
En librairie ou chez l’éditeur.