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Notes de lecture – « La gestapo Sadorski », redoutable d’efficacité dans l’horreur absolue

Que les âmes sensibles s’abstiennent de lire ce roman ! Mais si vous avez le coeur bien accroché, si vous tenez à vraiment tout savoir des horreurs perpétrées sous l’Occupation, alors, pas d’hésitation : voici un chef-d’oeuvre de l’insoutenable, de l’indicible, comparable dans le polar à ce qu’un Stephen King est dans l’épouvante. Le personnage […]

Ecrit par 1735024 – le samedi 17 septembre 2022 à 17H24

Que les âmes sensibles s’abstiennent de lire ce roman ! Mais si vous avez le coeur bien accroché, si vous tenez à vraiment tout savoir des horreurs perpétrées sous l’Occupation, alors, pas d’hésitation : voici un chef-d’oeuvre de l’insoutenable, de l’indicible, comparable dans le polar à ce qu’un Stephen King est dans l’épouvante.

Le personnage principal du roman, l’inspecteur Sadorski de la PJ parisienne, collaborationniste, est un infini salaud, un monstre absolu, un fumier comme j’en ai rarement rencontré au hasard de mes lectures et Dieu sait si je lis. « L’Ombre Jaune » ne lui arrive pas à la cheville.

Le point de départ est simple : dans l’espoir de mettre un terme aux activités des Résistants, la Gestapo parisienne invite Sadorski à monter un groupe de policiers collaborationnistes purs et durs et à traquer les FTP (francs-tireurs partisans) afin qu’ils soient soumis à des interrogatoires « musclés » avant d’être exécutés comme « terroristes ». Car les patriotes français n’étaient « que » des terroristes aux yeux des occupants. Comme les résistants espagnols n’étaient que des terroristes pour la police de Napoléon. Question de vocabulaire et de point de vue.

Sadorski va y déployer une énergie peu commune. Si ce triste sire n’aime pas trop les Allemands, il déteste encore plus les juifs (qu’est-ce qu’ils prennent, les pauvres !), les communistes, les gaullistes et tous ceux qui ne vénèrent pas son demi-dieu, Pétain. Ainsi que les femmes qui ne s’allongent pas devant lui car Sadorski est un obsédé sexuel.

Sadorski va donc rameuter tous ses indicateurs, au profit de l’occupant, certes, mais aussi de ses propres intérêts. Car ce bonhomme pense d’abord à lui-même en mentant à tout le monde quand ça l’arrange, à sa femme, ses maîtresses, ses collègues, ses supérieurs, et aux forces d’occupation.

A chaque page, on a envie de l’étrangler lentement de façon qu’il se sente mourir, ce qui prouve le très grand art de l’auteur.

Je ne vais pas, ici, vous détailler la liste de toutes les monstruosités de Sadorski. A vous le plaisir (!) de les découvrir.
Pourquoi l’auteur, me direz-vous, a-t-il fait d’un tel monstre son personnage central ? Car Sadorski n’est évidemment pas un héros, ni même un anti-héros : c’est un monstre qui flanquerait des démangeaisons à Frankenstein…

Il paraît évident que Romain Slocombe ne partage pas les opinions de Sadorski ni de qui que ce soit dans ce livre. Il me semble qu’il a trouvé le meilleur moyen de raconter par le menu ce qui s’est réellement passé sous l’Occupation, en endossant la tenue du salaud : terreur millimétrée, arrestations arbitraires, tortures (certaines pages sont insoutenables), exécutions ; mais également la vie de tous les jours, tickets de rationnement, vie misérable, peur chevillée au corps, soumission envers la Wehrmacht, trouille monstrueuse quand passait l’uniforme noir SS…

Last but not least, s’appuyant sur une documentation époustouflante (plus de 400 références, livres, archives, essais, témoignages…), Romain Slocombe fait revivre des personnages bien réels ayant traversé ces heures qui restent parmi les plus sombres de notre histoire de France.

Voilà, je préfère arrêter là mes commentaires pour vous laisser le plaisir de parcourir ces pages qui, peut-être, vous empêcheront de fermer l’oeil. Mais cette lecture est indispensable à tous ceux qui veulent savoir, comprendre pourquoi et comment une idéologie improbable a pu pousser l’homme à se comporter comme une bête ne l’aurait jamais fait.

« La gestapo Sadorski » (Romain Slocombe)
Collection Points
Chez Robert Laffont
En librairie et à la FNAC
8,70 euros

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