Il s’agit d’une histoire cent pour cent réunionnaise. Ce roman s’appuie sur des faits qui, hélas, ont bien eu lieu chez nous et il n’y a pas de quoi en être ravi. Des faits qui se sont passés dans l’Est il n’y a guère. Je ne vais pas vous en dévoiler la trame… ce serait gâcher le plaisir bien réel que vous prendrez à cette lecture.
Le bouc émissaire, vous connaissez tous. Il s’agit, pour des gens haut placés dans l’échelle sociale, de charger un innocent de tous les péchés de la terre et, accessoirement, le faire accuser, « preuves » (!) à l’appui, d’un ou plusieurs crimes que d’autres ont commis mais ne veulent surtout pas en solder l’addition.
Ce vieux filou d’Arnold prend mille précautions et utilise toutes ses circonvolutions (très riches, les circonvolutions de notre Suisse préféré !), pour nous égarer. Nous adorons ces phrases qu’on retrouve en 4è de couve :
« Ainsi, affirma le procureur, tout comme dans les temps primitifs, pour sauvegarder une unanimité, au moins de façade, à défaut d’accéder à une conciliation réelle et durable, les institutions humaines ont constamment besoin de sujets sacrificiels. On les appelait déjà à l’époque des boucs émissaires. Nous ne pouvons nous en passer. C’est une violence, certes, mais une violence de substitution, mise au service de nos régulations sociales ! »
Tout est dit en peu de mots ; lorsqu’une justice de classe vient au secours des puissants et des fortunés, le citoyen lambda peut s’attendre à voir s’abattre sur lui les foudres d’une justice qu’il n’a pourtant pas défiée. Et contre laquelle il ne peut rien.
Ce roman est un polar psycho-sociologique qui se laisse lire très aisément. Même s’il laisse un goût amer une fois la dernière page lue.
Cet « Acquit de conscience » est judicieusement sous-titré « Un procès ordinaire », un sous-entendu chargé de sens et qui fait froid dans le dos : ce qui arrive à cet homme, accusé des pires monstruosités sans qu’il y comprenne quoi que ce soit, est plus d’une fois passé par les comptes-rendus de presse. Ça peut vous arriver à vous, ça peut m’arriver à moi et tout le monde s’en fout comme de l’An-quarante !
Ça fait la Une quelques jours durant mais la victime, qui n’est pas celle que l’on croit, moisira quand même dans son cachot de longues années durant.
Et quand on sait le sort dévolu aux « pointeurs » en prison…
Arnold Jaccoud prouve une fois encore sa totale connaissance des rouages de la société réunionnaise. Et sait nous la communiquer avec une habileté jubilatoire.
J.B.
« Acquit de conscience »
Par Arnold Jaccoud
Editions L’éclipse du temps
En librairie, 16 euros
Le bouc émissaire, vous connaissez tous. Il s’agit, pour des gens haut placés dans l’échelle sociale, de charger un innocent de tous les péchés de la terre et, accessoirement, le faire accuser, « preuves » (!) à l’appui, d’un ou plusieurs crimes que d’autres ont commis mais ne veulent surtout pas en solder l’addition.
Ce vieux filou d’Arnold prend mille précautions et utilise toutes ses circonvolutions (très riches, les circonvolutions de notre Suisse préféré !), pour nous égarer. Nous adorons ces phrases qu’on retrouve en 4è de couve :
« Ainsi, affirma le procureur, tout comme dans les temps primitifs, pour sauvegarder une unanimité, au moins de façade, à défaut d’accéder à une conciliation réelle et durable, les institutions humaines ont constamment besoin de sujets sacrificiels. On les appelait déjà à l’époque des boucs émissaires. Nous ne pouvons nous en passer. C’est une violence, certes, mais une violence de substitution, mise au service de nos régulations sociales ! »
Tout est dit en peu de mots ; lorsqu’une justice de classe vient au secours des puissants et des fortunés, le citoyen lambda peut s’attendre à voir s’abattre sur lui les foudres d’une justice qu’il n’a pourtant pas défiée. Et contre laquelle il ne peut rien.
Ce roman est un polar psycho-sociologique qui se laisse lire très aisément. Même s’il laisse un goût amer une fois la dernière page lue.
Cet « Acquit de conscience » est judicieusement sous-titré « Un procès ordinaire », un sous-entendu chargé de sens et qui fait froid dans le dos : ce qui arrive à cet homme, accusé des pires monstruosités sans qu’il y comprenne quoi que ce soit, est plus d’une fois passé par les comptes-rendus de presse. Ça peut vous arriver à vous, ça peut m’arriver à moi et tout le monde s’en fout comme de l’An-quarante !
Ça fait la Une quelques jours durant mais la victime, qui n’est pas celle que l’on croit, moisira quand même dans son cachot de longues années durant.
Et quand on sait le sort dévolu aux « pointeurs » en prison…
Arnold Jaccoud prouve une fois encore sa totale connaissance des rouages de la société réunionnaise. Et sait nous la communiquer avec une habileté jubilatoire.
J.B.
« Acquit de conscience »
Par Arnold Jaccoud
Editions L’éclipse du temps
En librairie, 16 euros