Pour la première fois à La Réunion, un colloque « Nos reins, parlons-en », sur trois jours, sera organisé autour de la thématique des maladies rénales et de la greffe, par l’association Aurar. Les 19, 20 et 22 juin, scientifiques et professionnels de santé pourront échanger lors du premier Congrès de Néphrologie de l’océan Indien ce jeudi. La journée du vendredi 20 sera consacrée à la sensibilisation du grand public avec une opération de dépistage de 9h à 16h sur le marché de Saint-Paul.
L’objectif de l’association est d’atteindre les 150 dépistages et une sensibilisation de 3500 personnes. Le même jour, une commission sera organisée pour permettre à ceux qui le souhaitent d’échanger avec Sylvie Mercier, présidente de l’association Renaloo.
L’événement se clôturera par la journée nationale de réflexion sur le don d’organes et la greffe, et de reconnaissance aux donneurs, avec des animations sportives et musicales au Croc-Parc de l’Etang-Salé de 9h à 17h.
50% pris en charge par l’Aurar
L’association Aurar existe à la Réunion de 1980 et agit avec 10 établissement répartis sur l’île. Elle rappelle qu’en France, près de 5% de la population adulte, soit 3 millions de personnes, souffrent d’une maladie des reins. À La Réunion, seulement 400 insuffisants rénaux ont été greffés tandis que 1 400 sont en cours de dialyse et 50% sont pris à en charge par l’Aurar, qui compte 700 patients sur toute l’île.
Selon l’Aurar, les risques d’insuffisance rénale sont le plus souvent liés « au surpoids, au tabac, au diabète, et à l’hypertension artérielle ».D’après Marie-Rose Won Fah Hin, « trois quarts des patients à la Réunion sont sous dialyse » ce qui fait de la « greffe un sujet de préoccupation » dans la sensibilisation du public au panel des traitements possibles des maladies rénales. « On essaye de persuader le patient de l’intérêt de la greffe, mais il existe une certaine défiance par rapport à elle », explique-t-elle.
Accompagner est essentiel
Pour l’association, « l’information se fait en amont auprès des familles pour expliquer quels sont les risques et le bénéfices de l’opération ». Sylvie Merci estime qu’un « accompagnement sur le plan mental est aussi important que sur le plan médical » car « c’est un traumatisme qui change une vie ».
Le docteur Durbach assure que l’Aurar œuvre « en tant que lobby qui interagit plus globalement sur le système de la santé » et espère « élargir le cercle de donneurs ». D’après lui, « en métropole les choses avancent » car « 45% des patients sont greffés » contre « 20% à la Réunion ».
« Ce n’est pas une guérison à vie »
Il souligne cependant que « ce n’est pas une guérison à vie », si le patient « prend bien son traitement quotidien » après la greffe, et si le greffon est accepté, « la moyenne d’efficacité est de 15 ans« . La plupart des greffes se font sur donneurs décédés mais pour un donneur vivant, elle monte entre « 17 et 20 ans ».
De plus, « il n’y a pas assez de greffons pour tout le monde, par an, 2.800 nouvelles greffes sont effectuées, mais pour 9000 personnes en attente ». Il rajoute que « la moyenne d’attente sur une liste à la Réunion est de 5 ans », contre « 24 mois en Métropole ».
C’est pourquoi à travers cet événement, l’association aspire à pousser les Réunionnais à « avoir une réflexion » sur le fait de « se déclarer et d’obtenir une carte de donneur » pour ne pas avoir y penser « uniquement dans l’urgence et dans la souffrance« .
D’ailleurs selon les intervenants, « toute personne non clairement opposée peut être considérée comme donneur », mais ils souligne quand même que « le choix de la famille est toujours respecté ».