Nicolas Sarkozy a donné sa version des faits suite à sa mise en examen pour « corruption active », « trafic d’influence » et « recel de violation du secret professionnel ». S’exprimant hier soir en simultané sur TF1 et Europe 1, l’ancien chef de l’État a assuré qu’il y avait dans cette décision une « volonté de l’humilier » et dénonce également une « instrumentalisation politique d’une partie de la justice ».
« Je n’ai rien à me reprocher », a répété à plusieurs reprises Nicolas Sarkozy, avant d’affirmer que si la preuve était fournie qu’il avait commis des fautes, il en « assumerai[t] les conséquences ».
Nicolas Sarkozy est revenu sur sa garde à vue et se dit « profondément choqué de ce qui s’est passé ». « Est-il normal que je sois placé en garde à vue pendant 15 heures (…) ? Ne pouvait-on pas me convoquer pour que je réponde aux questions des juges ? », a-t-il déploré, avant d’ajouter que « Monsieur Cahuzac (…) qui était en charge de la lutte contre la fraude fiscale et à qui on a découvert un compte en Suisse, n’a pas fait une seconde de garde à vue ».
L’ancien locataire de l’Élysée s’est ensuite livré à une charge contre une des juges qui l’a mis en examen pour le délit de corruption active, à qui il reproche son appartenance au Syndicat de la magistrature, réputé à gauche. « Je demande à ceux qui nous écoutent ou nous regardent : qui aimerait, pour avoir à trancher un différent entre lui et la Justice, en face de lui un magistrat dont l’obsession politique est de détruire la personne contre qui il doit instruire à charge et décharge ? », a déclaré l’ancien président.
Pour appuyer ses dires, l’ancien chef d’État ressort une lettre de ce syndicat, datant de la veille du second tour de la présidentielle de 2012. Le président de ce syndicat l’avait accusé d’avoir « attisé la haine de la justice » durant son quinquennat.
Nicolas Sarkozy a ensuite attaqué le gouvernement, qu’il soupçonne d’instrumentaliser une partie de la justice afin de l’empêcher de revenir en politique. Selon lui, tous les membres de l’exécutif sont au courant, voire impliqués, dans les dossiers le concernant. « Madame Taubira a menti sur les écoutes », assure-t-il. « Manuel Valls a menti. D’ailleurs Manuel Valls a dit ce matin que ‘les faits qui me sont reprochés sont très graves’. A-t-il lu le dossier? A-t-il eu les juges au téléphone? », s’est-il interrogé.
François Hollande n’a pas été oublié : « Quant à monsieur Hollande, ses collaborateurs se sont livrés à une exploitation éhontée de mes archives (…) Le directeur des services informatiques de l’Elysée a été licencié au motif – a-t-il dit – qu’il refusait d’examiner le disque dur de mon ordinateur ».
Revenant sur les autres affaires le concernant, comme l’affaire Bettencourt ou Bygmalion, Nicolas Sarkozy a indiqué qu’il a été « lavé de toute accusation » dans la première et que sur la seconde, « il n’y a jamais eu le moindre système de double facturation ». La justice ne s’est pas encore prononcée dans cette affaire, mais Nicolas Sarkozy est contredit par son ancien directeur adjoint de campagne.
Interrogé sur son avenir politique, Nicolas Sarkozy a indiqué qu’il donnerait sa décision « fin août, début septembre ». « Je regarde avec consternation l’état de la France et je connais l’inquiétude des Français ». Nicolas Sarkozy se donne encore un « temps de réflexion » avant de décider de briguer ou non la présidence de l’UMP.