
Le discours de la députée :
Bonjour à tous,
J’ai eu le devoir en tant qu’élue ultramarine certes, mais citoyenne de la République avant tout, de cosigner cette proposition de résolution portée par mon collègue Olivier Serva à l’occasion de l'anniversaire du décret d'abolition de l'esclavage dans les colonies françaises.
Celle-ci est transpartisane, et est le parachèvement d’une longue et lente bataille politique afin que l’esclavage puisse être pleinement condamné par notre loi comme crime contre l’humanité, et par voie de fait par notre République.
L’histoire de plusieurs des territoires qui constituent la France est en effet intimement liée à la traite négrière. L’île de Bourbon, aujourd’hui nommée La Réunion, déserte au XVIIe siècle, reçoit l’essentiel de son peuplement des XVIIIe et XIXe siècles en raison de l’esclavage colonial.
L’histoire de La Réunion est un laboratoire de démonstration de la créolisation d’une société. Notre île doit éclairer, à l’heure du déploiement de discours haineux, ce que constitue le parcours mouvant d’une société dans sa construction identitaire. L’identité peut être, à rebours de ce qui est véhiculé aujourd’hui à longueur de journée sur les ondes radios et télévisées, le vecteur de l’acceptation, de la tolérance et du vivre ensemble.
Les Réunionnais sont ainsi pour beaucoup à la fois descendants d’esclaves et de colons, et pour réellement laisser ce passé derrière nous, la reconnaissance du passé aussi effroyable soit-il est une nécessité.
Cela permet de comprendre le lien particulier à la fois historique et culturel qui unit entre eux les pays de l’océan Indien.
Cela permet aussi à la République non pas de se racheter, mais d’être fidèle aux idéaux qu’elle porte d’humanisme. Car l’humanisme c’est aussi regarder en face son passé, et le condamner avec force quand il est criminel afin que plus jamais ces horreurs ne se reproduisent. Regarder en face son passé, c’est ne pas oublier notre histoire.
Ne pas oublier notre histoire, c’est également ne pas oublier l’héritage des luttes et des révoltes d’esclaves, et c’est également faire honneur à la mémoire de ces esclaves à qui je pense aujourd’hui : d’Eli, de Cimendef, d’Anchaing, d’Heva, de Marianne, de Raharianne, de Simangavole, et de tant d’autres.
Il paraissait à cet égard incohérent que notre pays ne reconnaisse pas, au même titre que d’autres moments très sombres de l’Histoire, comme illégal le négationnisme envers ce crime contre l’humanité.
Il ne peut y avoir lieu de hiérarchiser entre les crimes contre l’humanité, et c’est tout simplement cette injustice que nous souhaitons corriger. “Un cri jaillit de tous les cœurs d’un peuple qui a été trop patient” disait Martin Luther King, cette proposition de résolution est le nôtre.
Bonjour à tous,
J’ai eu le devoir en tant qu’élue ultramarine certes, mais citoyenne de la République avant tout, de cosigner cette proposition de résolution portée par mon collègue Olivier Serva à l’occasion de l'anniversaire du décret d'abolition de l'esclavage dans les colonies françaises.
Celle-ci est transpartisane, et est le parachèvement d’une longue et lente bataille politique afin que l’esclavage puisse être pleinement condamné par notre loi comme crime contre l’humanité, et par voie de fait par notre République.
L’histoire de plusieurs des territoires qui constituent la France est en effet intimement liée à la traite négrière. L’île de Bourbon, aujourd’hui nommée La Réunion, déserte au XVIIe siècle, reçoit l’essentiel de son peuplement des XVIIIe et XIXe siècles en raison de l’esclavage colonial.
L’histoire de La Réunion est un laboratoire de démonstration de la créolisation d’une société. Notre île doit éclairer, à l’heure du déploiement de discours haineux, ce que constitue le parcours mouvant d’une société dans sa construction identitaire. L’identité peut être, à rebours de ce qui est véhiculé aujourd’hui à longueur de journée sur les ondes radios et télévisées, le vecteur de l’acceptation, de la tolérance et du vivre ensemble.
Les Réunionnais sont ainsi pour beaucoup à la fois descendants d’esclaves et de colons, et pour réellement laisser ce passé derrière nous, la reconnaissance du passé aussi effroyable soit-il est une nécessité.
Cela permet de comprendre le lien particulier à la fois historique et culturel qui unit entre eux les pays de l’océan Indien.
Cela permet aussi à la République non pas de se racheter, mais d’être fidèle aux idéaux qu’elle porte d’humanisme. Car l’humanisme c’est aussi regarder en face son passé, et le condamner avec force quand il est criminel afin que plus jamais ces horreurs ne se reproduisent. Regarder en face son passé, c’est ne pas oublier notre histoire.
Ne pas oublier notre histoire, c’est également ne pas oublier l’héritage des luttes et des révoltes d’esclaves, et c’est également faire honneur à la mémoire de ces esclaves à qui je pense aujourd’hui : d’Eli, de Cimendef, d’Anchaing, d’Heva, de Marianne, de Raharianne, de Simangavole, et de tant d’autres.
Il paraissait à cet égard incohérent que notre pays ne reconnaisse pas, au même titre que d’autres moments très sombres de l’Histoire, comme illégal le négationnisme envers ce crime contre l’humanité.
Il ne peut y avoir lieu de hiérarchiser entre les crimes contre l’humanité, et c’est tout simplement cette injustice que nous souhaitons corriger. “Un cri jaillit de tous les cœurs d’un peuple qui a été trop patient” disait Martin Luther King, cette proposition de résolution est le nôtre.