Entendre un écologiste parler de biodiversité, cela n’a rien d’étonnant. Entendre un candidat défendre un programme détaillé pour la mettre en avant et en faire un atout pour La Réunion, c’est beaucoup plus rare. C’est ce que s’est évertué à faire Jean-Pierre Marchau lors de la présentation de la première partie de son programme.
En cas de victoire, l’écologiste souhaite comme première action lancer une étude sur l’enjeu de la neutralité carbone. « Il faut que dans 10 ou 15 ans, l’île n’émette pas plus de carbone qu’elle peut en absorber. Il faut étudier les conséquences sur la société. Il y a 3 segments à cette démarche : institutionnel, économique et citoyen », précise-t-il.
Pour cela, il désire mettre tous les acteurs concernés autour de la table pour les décisions à prendre dans l’objectif zéro carbone. « Le chantier de la transition écologique est une transition économique et sociale. L’enjeu, c’est des créations d’emplois ».
La biodiversité comme poumon du programme
« J’aimerais que mes enfants aient le même cadre que moi », indique Sylvie Moutoucomorapoule, en 2e position sur la liste. « Notre biodiversité est remarquable et il faut l’expliquer aux gens. Notre taux d’endémisme est suffisamment élevé. 40% de notre territoire est classé à l’UNESCO, c’est une chance inestimable. Mais plus de 30% des espèces végétales sont en voie de disparition », ajoute-t-elle.
L’avocate et conseillère régionale sortante assure que le parti veut être force de propositions. Ils attendent beaucoup de l’Agence réunionnaise de la Biodiversité (ARB) qui doit voir le jour dans quelques mois et dont ils veulent faire une « vraie force ».
« Toutes les associations doivent pouvoir se retrouver pour mettre en place une vraie stratégie globale. Il faut mettre en place des actions contre les espèces exotiques envahissantes. Ce fléau qui menace notre bien commun. Il y a également le problème des nouveaux animaux de compagnie lâchés dans la nature. Un décret est en préparation, mais il tarde à se mettre en place », souligne Sylvie Moutoucomorapoulé, avant de conclure que « notre intérêt, c’est de protéger le vivant ».
Pour Jean-Christophe Espérance, 7e de la liste et ancien adjoint de Miranville à La Possession, sauver le lagon est une urgence. En comparant ses souvenirs de jeunesse à la réalité actuelle, il fait un constat alarmant. Selon lui, les causes sont moins imputables à la pression de la population sur le lagon, notamment depuis la crise requin, qu’à la pollution qui descend des terres.
Il reste néanmoins optimiste pour inverser la tendance grâce à la replantation de corail, qui bénéficie de fonds européens, mais également à la réintroduction de coquillages qui jouent le rôle « d’infirmiers du lagon ». « Les Mauriciens l’ont compris et le font actuellement », ajoute-t-il.
Développer le tourisme vert et mettre fin au plastique
Pour Jean-Pierre Marchau, l’un des secteurs à développer est le tourisme, à condition d’en avoir une autre vision que celle actuellement en vigueur. « Le tourisme est en panne. Il n’a pas atteint l’ambition du modèle voulu basé sur les riches touristes. Le socle qui soutient le tourisme est local, cela représente les 2/3 de son chiffre d’affaires. Notre stratégie est de mettre les Réunionnais comme acteurs du tourisme », indique la tête de liste.
Pour arriver à cela, Jean-Pierre Marchau veut dépolitiser l’IRT. Il souhaite que la gouvernance soit partagée avec les établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) et mettre la lumière sur le patrimoine local. « Le tourisme est une pépinière d’emplois, mais il faut renoncer au tourisme de masse », ajoute Geneviève Payet, 4e sur la liste.
L’autre grand objectif du programme vise à faire de La Réunion une île zéro plastique. Jean-Pierre Marchau pense que la pédagogie va être le moteur de cette initiative. Le développement des consignes est un autre levier dans cette ambition. « C’est la grande mesure. Il faut une politique volontariste qui ne soit pas punitive », conclut-il.