Cela fait un moment que les grandes manœuvres ont commencé, mais elles entrent dans la dernière ligne droite et chaque jour apporte son lot de rebondissements.
Rappelons quelques principes de base : une majorité de conseillers généraux s'est fait élire sous une étiquette de Droite et Nassimah Dindar, la présidente du Département, ne cesse de clamer sur tous les toits qu'elle est UMP. Dans la pratique cependant, c'est une coalition socialo-communiste qui dirige le Conseil général.
Depuis l'élection de Didier Robert à la présidence de la Région, la pression se fait plus forte sur Nassimah Dindar. "Paris", autrement dit l'Elysée, verrait bien le Conseil général basculer à Droite, ce qui permettrait à Nicolas Sarkozy de s'appuyer sur deux places fortes en vue des prochaines présidentielles. D'où des exigences plus fermes de voir enfin Nassimah mettre ses balles paroles à Paris en conformité avec ses actes à la Réunion.
Un poste de sénatrice dans la balance
C'est Olivier Biancarelli, le conseiller en charge de l'Outremer à l'Elysée, qui suit le dossier et mène les négociations avec Nassimah Dindar. Les exigences de cette dernière? Rien moins qu'un poste de sénatrice, comme je l'ai déjà écrit ici...
A ce stade de la négociation, les choses ne sont déjà pas faciles car Olivier Biancarelli ne peut nullement garantir le vote de chacun des grands électeurs de Droite et Nassimah n'ignore pas leur ressentiment à son sujet. Autrement dit, même avec l'aval de Paris, elle hésite à franchir le Rubicon...
Nassimah plus isolée que jamais
Plusieurs autres difficultés viennent s'ajouter pour Nassimah.
Tout d'abord, dans une négociation, on ne pèse que par la force de ses troupes. Aujourd'hui, sa majorité est composée de trois parties : le PS, l'Alliance et les élus qui sont censés la soutenir, réunis sous l'étiquette de la Droite sociale et dont le responsable du groupe est Ibrahim Dindar. Problème: Ibrahim et Nassimah sont fâchés, au point de ne plus se dire bonjour !
Le groupe Droite sociale est aujourd'hui composé, outre Ibrahim et Nassimah, de Bruno Mamindy Pajany, Rico Florian, Patrick Erudel, et Gino Ponimballom. Quel leader ces derniers vont-ils suivre, en cas de désaccord ? Nassimah ou Ibrahim ?
A ces élus, il faut encore rajouter Monica Govindin, qui a basculé à Droite depuis les dernières Régionales, qui s'entend bien avec Ibrahim Dindar mais qui refuse d'aller dans le même groupe que Nassimah...
Même dans l'hypothèse où tous ces élus décidaient de "basculer", ce qui semble acquis pour la quasi-totalité d'entre eux, le rapport de force s'établirait à 25 contre 23. Vingt-cinq à Droite contre vingt trois à Gauche. Autrement dit, une majorité extrêmement fragile dans laquelle Nassimah pourrait continuer à tirer son épingle du jeu en jouant sur les deux tableaux.
Nassimah a sauté le pas
Malgré toutes ces incertitudes, ou justement à cause d'elles, Nassimah Dindar a décidé de franchir le pas. Dans un courrier adressé le 20 mai dernier à Daniel Gonthier, Stéphane Fouassin et Serge Hoarau, elle leur annonce qu'elle a décidé d'inscrire le remplacement des vice-présidences vacantes (Thierry Robert et Jean-Claude Fidji) "à l'ordre du jour de la prochaine Assemblée plénière", soit le 16 juin prochain.
Pour en arriver là, la présidente du Département utilise un argumentaire juridique biscornu. Je la cite : "Il ressort des dispositions de l'article 3122-6 du Code général des collectivités qu'il ne peut être procédé au cours de la mandature à la recomposition de la Commission permanente, ni même à son élargissement comme je l'avais préconisé au lendemain des Régionales". Notons au passage que la présidente du Département reconnait avoir dit et écrit des bêtises à ce sujet, mais passons. Elle poursuit : "En revanche, la loi autorise le Président de l'exécutif à remplacer les postes des vice-présidents vacants. Aussi, le renouvellement de la Commission permanente ne peut-il se faire légalement que dans ce cadre".
Mais Nassimah Dindar omet de faire référence à la dernière phrase de l'article 2122-6 : "A défaut d'accord, il est procédé au renouvellement intégral des membres de la commission permanente autres que le président". Autrement dit, si les groupes politiques se mettent d'accord et qu'il n'y a qu'un seul candidat pour le poste renouvelable, ce candidat est élu. Et s'il y a désaccord, c'est à dire s'il y a plus d'un candidat pour le poste, c'est l'ensemble de la Commission permanente qui tombe, et on doit procéder à un nouveau vote pour l'ensemble des vice-présidences. Seule la présidente garderait son poste dans cette hypothèse, la loi la rendant intouchable.
Quoi qu'il en soit, Nassimah Dindar a décidé d'inscrire le renouvellement des postes de vice-présidents à l'ordre du jour de la prochaine assemblée plénière et, ce faisant, elle ouvre la boîte de Pandore. Toutes les combinaisons deviennent possibles...
Que va faire le PCR ?
Le rapport de forces 25/23 est celui qui existait avant les élections à la Région, le 21 mars dernier. Mais qui peut garantir qu'il soit toujours valable aujourd'hui, que les lignes n'ont pas bougé?
Aujourd'hui, le principal adversaire du PCR ne se situe plus à Droite, mais du côté du PS, de Saint-Paul et de Saint-André.
On imagine mal le PCR rejoignant une éventuelle majorité de Droite (encore que tout soit possible...), mais Paul Vergès peut être tenté de demander à un ou plusieurs élus proches de son parti sans pour autant y être encarté, de franchir le pas... Comme un Thierry Robert par exemple, qui a toujours affirmé qu'en tant que "petit maire", il serait toujours du côté de la majorité...
Comme on le voit, les prochains jours s'annoncent passionnants...
Rappelons quelques principes de base : une majorité de conseillers généraux s'est fait élire sous une étiquette de Droite et Nassimah Dindar, la présidente du Département, ne cesse de clamer sur tous les toits qu'elle est UMP. Dans la pratique cependant, c'est une coalition socialo-communiste qui dirige le Conseil général.
Depuis l'élection de Didier Robert à la présidence de la Région, la pression se fait plus forte sur Nassimah Dindar. "Paris", autrement dit l'Elysée, verrait bien le Conseil général basculer à Droite, ce qui permettrait à Nicolas Sarkozy de s'appuyer sur deux places fortes en vue des prochaines présidentielles. D'où des exigences plus fermes de voir enfin Nassimah mettre ses balles paroles à Paris en conformité avec ses actes à la Réunion.
Un poste de sénatrice dans la balance
C'est Olivier Biancarelli, le conseiller en charge de l'Outremer à l'Elysée, qui suit le dossier et mène les négociations avec Nassimah Dindar. Les exigences de cette dernière? Rien moins qu'un poste de sénatrice, comme je l'ai déjà écrit ici...
A ce stade de la négociation, les choses ne sont déjà pas faciles car Olivier Biancarelli ne peut nullement garantir le vote de chacun des grands électeurs de Droite et Nassimah n'ignore pas leur ressentiment à son sujet. Autrement dit, même avec l'aval de Paris, elle hésite à franchir le Rubicon...
Nassimah plus isolée que jamais
Plusieurs autres difficultés viennent s'ajouter pour Nassimah.
Tout d'abord, dans une négociation, on ne pèse que par la force de ses troupes. Aujourd'hui, sa majorité est composée de trois parties : le PS, l'Alliance et les élus qui sont censés la soutenir, réunis sous l'étiquette de la Droite sociale et dont le responsable du groupe est Ibrahim Dindar. Problème: Ibrahim et Nassimah sont fâchés, au point de ne plus se dire bonjour !
Le groupe Droite sociale est aujourd'hui composé, outre Ibrahim et Nassimah, de Bruno Mamindy Pajany, Rico Florian, Patrick Erudel, et Gino Ponimballom. Quel leader ces derniers vont-ils suivre, en cas de désaccord ? Nassimah ou Ibrahim ?
A ces élus, il faut encore rajouter Monica Govindin, qui a basculé à Droite depuis les dernières Régionales, qui s'entend bien avec Ibrahim Dindar mais qui refuse d'aller dans le même groupe que Nassimah...
Même dans l'hypothèse où tous ces élus décidaient de "basculer", ce qui semble acquis pour la quasi-totalité d'entre eux, le rapport de force s'établirait à 25 contre 23. Vingt-cinq à Droite contre vingt trois à Gauche. Autrement dit, une majorité extrêmement fragile dans laquelle Nassimah pourrait continuer à tirer son épingle du jeu en jouant sur les deux tableaux.
Nassimah a sauté le pas
Malgré toutes ces incertitudes, ou justement à cause d'elles, Nassimah Dindar a décidé de franchir le pas. Dans un courrier adressé le 20 mai dernier à Daniel Gonthier, Stéphane Fouassin et Serge Hoarau, elle leur annonce qu'elle a décidé d'inscrire le remplacement des vice-présidences vacantes (Thierry Robert et Jean-Claude Fidji) "à l'ordre du jour de la prochaine Assemblée plénière", soit le 16 juin prochain.
Pour en arriver là, la présidente du Département utilise un argumentaire juridique biscornu. Je la cite : "Il ressort des dispositions de l'article 3122-6 du Code général des collectivités qu'il ne peut être procédé au cours de la mandature à la recomposition de la Commission permanente, ni même à son élargissement comme je l'avais préconisé au lendemain des Régionales". Notons au passage que la présidente du Département reconnait avoir dit et écrit des bêtises à ce sujet, mais passons. Elle poursuit : "En revanche, la loi autorise le Président de l'exécutif à remplacer les postes des vice-présidents vacants. Aussi, le renouvellement de la Commission permanente ne peut-il se faire légalement que dans ce cadre".
Mais Nassimah Dindar omet de faire référence à la dernière phrase de l'article 2122-6 : "A défaut d'accord, il est procédé au renouvellement intégral des membres de la commission permanente autres que le président". Autrement dit, si les groupes politiques se mettent d'accord et qu'il n'y a qu'un seul candidat pour le poste renouvelable, ce candidat est élu. Et s'il y a désaccord, c'est à dire s'il y a plus d'un candidat pour le poste, c'est l'ensemble de la Commission permanente qui tombe, et on doit procéder à un nouveau vote pour l'ensemble des vice-présidences. Seule la présidente garderait son poste dans cette hypothèse, la loi la rendant intouchable.
Quoi qu'il en soit, Nassimah Dindar a décidé d'inscrire le renouvellement des postes de vice-présidents à l'ordre du jour de la prochaine assemblée plénière et, ce faisant, elle ouvre la boîte de Pandore. Toutes les combinaisons deviennent possibles...
Que va faire le PCR ?
Le rapport de forces 25/23 est celui qui existait avant les élections à la Région, le 21 mars dernier. Mais qui peut garantir qu'il soit toujours valable aujourd'hui, que les lignes n'ont pas bougé?
Aujourd'hui, le principal adversaire du PCR ne se situe plus à Droite, mais du côté du PS, de Saint-Paul et de Saint-André.
On imagine mal le PCR rejoignant une éventuelle majorité de Droite (encore que tout soit possible...), mais Paul Vergès peut être tenté de demander à un ou plusieurs élus proches de son parti sans pour autant y être encarté, de franchir le pas... Comme un Thierry Robert par exemple, qui a toujours affirmé qu'en tant que "petit maire", il serait toujours du côté de la majorité...
Comme on le voit, les prochains jours s'annoncent passionnants...