
Ce devait être un enchaînement idéal : travailler sur le titanesque chantier de la Ligne à Grande Vitesse (LGV) Bordeaux-Tours, deux ans, pour ensuite rentrer au pays. Le scénario présenté ne s'est pas déroulé comme prévu pour une dizaine d'ouvriers réunionnais du BTP.
Début 2013, la Région formalise son souhait d'offrir le plus de chances possibles à des professionnels réunionnais d'être embauchés sur le futur chantier de la NRL. Un partenariat "mobilité" entre la Région, Axion Intérim et Vinci Constructions est passé. Courant mars 2013, les premiers ouvriers gagnent le chantier de la LGV qui doit relier la ville de Bordeaux à Tours, le plus gros chantier européen à l'heure actuelle.
Avec entrain, les ouvriers partent avec la promesse de travailler au moins deux ans en métropole. Cette mobilité a pour but de les aguerrir aux méthodes du géant du BTP Vinci, qui doit ensuite enchaîner sur le tout aussi gigantesque chantier de NRL. Dès leur arrivée en métropole, les responsables de chantier et autres collègues leur font comprendre qu'ils sont indésirables, expriment-ils.
"J'ai commencé à travailler un mardi et j'ai fini le vendredi. Pour seule explication, on m'a dit que je ne faisais pas l'affaire", relate encore amer Bertrand (*), spécialisé sur les engins de type niveleuse. Tentant de défendre leur place, les ouvriers essuient des remarques acides de la part des chefs de chantier de Vinci. "On nous a dit : ici c'est pas la maison des pleurs", se rappelle-t-il. "Trois autres réunionnais qui étaient avec moi peuvent le confirmer", ajoute l'intéressé.
"Mon contrat était prévu pour six mois et potentiellement renouvelable jusqu'à ses deux ans. J'étais parti dans cette optique mais une fois arrivé sur place, le discours a changé. J'en veux à Axion qui n'a rien fait pour arranger les choses. Son responsable m'a dit : on prend ton billet d'avion et je suis revenu à La Réunion". Cet ouvrier était parti de la Réunion un 25 février et est revenu un 3 mars. "Je ne pense pas qu'il y ait eu plus de dix réunionnais qui ont pu tenir très longtemps", explique-t-il car il faut savoir que ces volontaires à la mobilité n'étaient pas tous sur le même lot du chantier Bordeaux-Tours. Aujourd'hui, Bertrand travaille au coup par coup en intérim. "Je ne désespère pas de travailler sur la nouvelle route du littoral", considère-t-il malgré ce mauvais épisode.
Geoffrey était dans le même train du départ en cette fin mars 2013. "On m'a dit de quitter le chantier de la LGV un jeudi pour le vendredi. Même Axion n'était pas au courant", décrit-il. Le comble de son récit tient dans le fait que son éviction de Vinci a été bénéfique à une autre entreprise engagée sur le même chantier. "On nous dit que les Réunionnais ne faisaient pas l'affaire mais j'ai pu trouver tout de suite après un poste sur la même ligne mais dans une société sous-traitante de Vinci, allez comprendre pourquoi ?", ironise-t-il. De son expérience passée là-bas, il retient aussi le racisme ambiant et les petites réflexions dévalorisantes.
"Pour moi, c'était un gros coup de com'"
Autre mauvaise expérience, celle de Sébastien. Le Réunionnais, qui travaille dans le BTP depuis 2005 en métropole, raconte la déconvenue qui est arrivée à ses collègues de La Réunion. Au bout de quelques mois, Vinci a décidé de couper l'indemnité de déplacement qui a pour particularité de doubler le salaire des ouvriers. "Un ouvrier gagne dans les 3.500 euros. Aux 1.800 euros de base, il faut ajouter 1.500 euros pour le déplacement. Moi, même si j'habite en métropole, je vis dans un département très loin du chantier LGV, ce qui fait que je bénéficiais aussi de cette prime. Si vous l'enlevez, ça revient à dire qu'un ouvrier en métropole ne gagne pas plus qu'un ouvrier réunionnais. A quoi bon venir dans ce cas là ? Surtout que je sais que certains avaient tout déménagé, acheté une voiture pour leur transport jusqu'au chantier". Pour lui, cette décision de Vinci avait pour but de décourager volontairement les ouvriers réunionnais qui tentaient tant bien que mal de rester. Deux ouvriers rapportent également avoir entendu deux responsables de Vinci leur avoir déclaré, lors d'échanges tendus, que "maintenant qu'on a le chantier, on en a rien à f…. des Réunionnais". Impossible à vérifier.
Un autre réunionnais conducteur de travaux raconte la galère qu'il a vécue. Une galère qui engage cette fois-ci femme et enfants. "On a dû dormir dans une voiture en attendant de trouver un logement. Mais j'ai pu tirer mon épingle du jeu grâce à mes compétences. Peut-être que deux ou trois n'avaient pas le niveau effectivement mais je mets ma main à couper que Vinci n'a fait ça que pour remporter le marché. C'est simple : le discours de Vinci a complètement changé 15 ou 20 jours après l'obtention du marché. Pour moi, Vinci a voulu se faire un gros coup de com'. Après, il fallait être assez malin pour discuter avec les chefs de chantier. Ils n'ont pas pu faire ce qu'ils ont fait aux autres avec moi car je leur posais trop de questions. J'étais l'emmerdeur de service", en rigole-t-il.
"Déjà depuis la Réunion, j'étais méfiant car ce n'était que des paroles, pas d'écrit, j'avais déjà des doutes". Des doutes qui prendront forme lorsque Vinci a décidé d'arrêter de payer la prime "grand déplacement". "J'étais parti pour 6 mois renouvelable jusqu'à 18 mois mais le directeur des ressources humaines a refusé que je reste. S'il a pu "tirer son épingle du jeu", selon ses propres mots, à force de persévérance, et si "j'ai de très bons souvenirs de mes chefs et de mes collègues, je sais que pour d'autres réunionnais ça s'est mal passé. Le racisme, les autres l'ont vécu oui, mais moi je suis réunionnais blanc. On est en 2014 et ça existe encore malheureusement". Si, selon les ouvriers, la Région n'est pas responsable de leur mésaventure sur place, la responsabilité de la boîte d'intérim est par contre engagée: "M. Nangy, le responsable d'Axion, n'a pas compris qu'il était un pion dans ce partenariat. Il a bien essayé de faire quelque chose pour nous mais c'était trop tard. Le problème là-dedans c'est Vinci". L'homme est malgré tout sorti de Vinci avec une lettre d'appréciation qu'il compte bien faire valoir dans quelques mois pour le grand chantier réunionnais.
Un autre cas illustre ce malaise sur la ligne LGV. Cédric était parti pour rester de fin mars 2013 au 19 décembre, plus encore la possibilité de prolonger l'intérim au-delà. "Sans explication, on nous a dit à un moment que notre contrat allait se terminer au 15 octobre, c'est à peu près le moment où les marchés publics ont été passés". Cédric raconte qu'il a dû négocier à maintes reprises face à une direction qui souhaitait le remercier à tout bout de champ. Le coup de grâce est arrivé comme pour ses autres collègues par l'annonce de la fin de la prime de déplacement. "Vers septembre, on continuait à nous assurer qu'il ne fallait pas nous inquiéter, qu'on allait être gardé jusqu'au début du chantier de la nouvelle route du littoral. Mais cette garantie allait être proposée sans la prime grand déplacement. Malgré la fin de cette prime, j'ai décidé avec un autre camarade réunionnais de poursuivre car j'avais emmené avec moi ma femme et mes enfants. Dès qu'on leur a dit qu'on souhaitait rester, ils se sont ravisés pour finalement dire qu'ils ne pouvaient pas nous garder. La fin de cette prime nous était imposée pour nous faire partir de nous-mêmes mais ils ne pensaient pas qu'on allait persévérer", explique Cédric.
"S'ils nous avaient dit la vérité, je n'y serais pas allé"
Tous les ouvriers qui ont souhaité témoigner, qu'ils soient encore en galère en métropole ou déjà de retour à La Réunion, sont constants dans leurs remarques sur un fait : Vinci s'est engagé auprès de la Région et Axion dans un seul but: "Pour moi, nous faire venir là-bas était une ruse pour avoir le chantier de la NRL", affirme Pascal. Aujourd'hui, cet ouvrier compte malgré tout sur la boîte d'intérim pour travailler sur la NRL. "Ce qu'il nous manquait ici en métropole c'était un délégué sur place. Le responsable d'Axion n'a rien pu faire depuis La Réunion. Ce que je reproche à Vinci, c'est de nous avoir fait croire qu'on nous garantissait 18 mois de travail. Il fallait nous dire la vérité comme quoi on vous prend pour deux mois. Ils nous ont pris pour des marmailles l'école. Dès le départ, ils étaient très méfiants vis-à-vis de nous. Déjà en avril 2013, on m'avait annoncé que j'allais passer deux mois de test, pourtant je leur ai dit que j'avais 10 ans d'expérience en conduite de pelle hydraulique et bulldozers. Au final je suis déçu. Je suis allé dans l'idée de partir 18 mois. Et finalement j'ai fait 8 mois et encore il fallait râler pour obtenir des prolongements. Si j'avais su, je n'y serais pas allé car là-bas on nous a clairement fait comprendre que l'on prenait le travail des métros. On devait être trente réunionnais. Seuls six sont restés à ma connaissance et encore pas pour le poste qui était prévu", assure-t-il.
Début 2013, la Région formalise son souhait d'offrir le plus de chances possibles à des professionnels réunionnais d'être embauchés sur le futur chantier de la NRL. Un partenariat "mobilité" entre la Région, Axion Intérim et Vinci Constructions est passé. Courant mars 2013, les premiers ouvriers gagnent le chantier de la LGV qui doit relier la ville de Bordeaux à Tours, le plus gros chantier européen à l'heure actuelle.
Avec entrain, les ouvriers partent avec la promesse de travailler au moins deux ans en métropole. Cette mobilité a pour but de les aguerrir aux méthodes du géant du BTP Vinci, qui doit ensuite enchaîner sur le tout aussi gigantesque chantier de NRL. Dès leur arrivée en métropole, les responsables de chantier et autres collègues leur font comprendre qu'ils sont indésirables, expriment-ils.
"J'ai commencé à travailler un mardi et j'ai fini le vendredi. Pour seule explication, on m'a dit que je ne faisais pas l'affaire", relate encore amer Bertrand (*), spécialisé sur les engins de type niveleuse. Tentant de défendre leur place, les ouvriers essuient des remarques acides de la part des chefs de chantier de Vinci. "On nous a dit : ici c'est pas la maison des pleurs", se rappelle-t-il. "Trois autres réunionnais qui étaient avec moi peuvent le confirmer", ajoute l'intéressé.
"Mon contrat était prévu pour six mois et potentiellement renouvelable jusqu'à ses deux ans. J'étais parti dans cette optique mais une fois arrivé sur place, le discours a changé. J'en veux à Axion qui n'a rien fait pour arranger les choses. Son responsable m'a dit : on prend ton billet d'avion et je suis revenu à La Réunion". Cet ouvrier était parti de la Réunion un 25 février et est revenu un 3 mars. "Je ne pense pas qu'il y ait eu plus de dix réunionnais qui ont pu tenir très longtemps", explique-t-il car il faut savoir que ces volontaires à la mobilité n'étaient pas tous sur le même lot du chantier Bordeaux-Tours. Aujourd'hui, Bertrand travaille au coup par coup en intérim. "Je ne désespère pas de travailler sur la nouvelle route du littoral", considère-t-il malgré ce mauvais épisode.
Geoffrey était dans le même train du départ en cette fin mars 2013. "On m'a dit de quitter le chantier de la LGV un jeudi pour le vendredi. Même Axion n'était pas au courant", décrit-il. Le comble de son récit tient dans le fait que son éviction de Vinci a été bénéfique à une autre entreprise engagée sur le même chantier. "On nous dit que les Réunionnais ne faisaient pas l'affaire mais j'ai pu trouver tout de suite après un poste sur la même ligne mais dans une société sous-traitante de Vinci, allez comprendre pourquoi ?", ironise-t-il. De son expérience passée là-bas, il retient aussi le racisme ambiant et les petites réflexions dévalorisantes.
"Pour moi, c'était un gros coup de com'"
Autre mauvaise expérience, celle de Sébastien. Le Réunionnais, qui travaille dans le BTP depuis 2005 en métropole, raconte la déconvenue qui est arrivée à ses collègues de La Réunion. Au bout de quelques mois, Vinci a décidé de couper l'indemnité de déplacement qui a pour particularité de doubler le salaire des ouvriers. "Un ouvrier gagne dans les 3.500 euros. Aux 1.800 euros de base, il faut ajouter 1.500 euros pour le déplacement. Moi, même si j'habite en métropole, je vis dans un département très loin du chantier LGV, ce qui fait que je bénéficiais aussi de cette prime. Si vous l'enlevez, ça revient à dire qu'un ouvrier en métropole ne gagne pas plus qu'un ouvrier réunionnais. A quoi bon venir dans ce cas là ? Surtout que je sais que certains avaient tout déménagé, acheté une voiture pour leur transport jusqu'au chantier". Pour lui, cette décision de Vinci avait pour but de décourager volontairement les ouvriers réunionnais qui tentaient tant bien que mal de rester. Deux ouvriers rapportent également avoir entendu deux responsables de Vinci leur avoir déclaré, lors d'échanges tendus, que "maintenant qu'on a le chantier, on en a rien à f…. des Réunionnais". Impossible à vérifier.
Un autre réunionnais conducteur de travaux raconte la galère qu'il a vécue. Une galère qui engage cette fois-ci femme et enfants. "On a dû dormir dans une voiture en attendant de trouver un logement. Mais j'ai pu tirer mon épingle du jeu grâce à mes compétences. Peut-être que deux ou trois n'avaient pas le niveau effectivement mais je mets ma main à couper que Vinci n'a fait ça que pour remporter le marché. C'est simple : le discours de Vinci a complètement changé 15 ou 20 jours après l'obtention du marché. Pour moi, Vinci a voulu se faire un gros coup de com'. Après, il fallait être assez malin pour discuter avec les chefs de chantier. Ils n'ont pas pu faire ce qu'ils ont fait aux autres avec moi car je leur posais trop de questions. J'étais l'emmerdeur de service", en rigole-t-il.
"Déjà depuis la Réunion, j'étais méfiant car ce n'était que des paroles, pas d'écrit, j'avais déjà des doutes". Des doutes qui prendront forme lorsque Vinci a décidé d'arrêter de payer la prime "grand déplacement". "J'étais parti pour 6 mois renouvelable jusqu'à 18 mois mais le directeur des ressources humaines a refusé que je reste. S'il a pu "tirer son épingle du jeu", selon ses propres mots, à force de persévérance, et si "j'ai de très bons souvenirs de mes chefs et de mes collègues, je sais que pour d'autres réunionnais ça s'est mal passé. Le racisme, les autres l'ont vécu oui, mais moi je suis réunionnais blanc. On est en 2014 et ça existe encore malheureusement". Si, selon les ouvriers, la Région n'est pas responsable de leur mésaventure sur place, la responsabilité de la boîte d'intérim est par contre engagée: "M. Nangy, le responsable d'Axion, n'a pas compris qu'il était un pion dans ce partenariat. Il a bien essayé de faire quelque chose pour nous mais c'était trop tard. Le problème là-dedans c'est Vinci". L'homme est malgré tout sorti de Vinci avec une lettre d'appréciation qu'il compte bien faire valoir dans quelques mois pour le grand chantier réunionnais.
Un autre cas illustre ce malaise sur la ligne LGV. Cédric était parti pour rester de fin mars 2013 au 19 décembre, plus encore la possibilité de prolonger l'intérim au-delà. "Sans explication, on nous a dit à un moment que notre contrat allait se terminer au 15 octobre, c'est à peu près le moment où les marchés publics ont été passés". Cédric raconte qu'il a dû négocier à maintes reprises face à une direction qui souhaitait le remercier à tout bout de champ. Le coup de grâce est arrivé comme pour ses autres collègues par l'annonce de la fin de la prime de déplacement. "Vers septembre, on continuait à nous assurer qu'il ne fallait pas nous inquiéter, qu'on allait être gardé jusqu'au début du chantier de la nouvelle route du littoral. Mais cette garantie allait être proposée sans la prime grand déplacement. Malgré la fin de cette prime, j'ai décidé avec un autre camarade réunionnais de poursuivre car j'avais emmené avec moi ma femme et mes enfants. Dès qu'on leur a dit qu'on souhaitait rester, ils se sont ravisés pour finalement dire qu'ils ne pouvaient pas nous garder. La fin de cette prime nous était imposée pour nous faire partir de nous-mêmes mais ils ne pensaient pas qu'on allait persévérer", explique Cédric.
"S'ils nous avaient dit la vérité, je n'y serais pas allé"
Tous les ouvriers qui ont souhaité témoigner, qu'ils soient encore en galère en métropole ou déjà de retour à La Réunion, sont constants dans leurs remarques sur un fait : Vinci s'est engagé auprès de la Région et Axion dans un seul but: "Pour moi, nous faire venir là-bas était une ruse pour avoir le chantier de la NRL", affirme Pascal. Aujourd'hui, cet ouvrier compte malgré tout sur la boîte d'intérim pour travailler sur la NRL. "Ce qu'il nous manquait ici en métropole c'était un délégué sur place. Le responsable d'Axion n'a rien pu faire depuis La Réunion. Ce que je reproche à Vinci, c'est de nous avoir fait croire qu'on nous garantissait 18 mois de travail. Il fallait nous dire la vérité comme quoi on vous prend pour deux mois. Ils nous ont pris pour des marmailles l'école. Dès le départ, ils étaient très méfiants vis-à-vis de nous. Déjà en avril 2013, on m'avait annoncé que j'allais passer deux mois de test, pourtant je leur ai dit que j'avais 10 ans d'expérience en conduite de pelle hydraulique et bulldozers. Au final je suis déçu. Je suis allé dans l'idée de partir 18 mois. Et finalement j'ai fait 8 mois et encore il fallait râler pour obtenir des prolongements. Si j'avais su, je n'y serais pas allé car là-bas on nous a clairement fait comprendre que l'on prenait le travail des métros. On devait être trente réunionnais. Seuls six sont restés à ma connaissance et encore pas pour le poste qui était prévu", assure-t-il.

La dernière expérience malheureuse est celle de Jean-Luc. "Ça s'est mal passé dès le premier jour. Nous n'avions aucun équipement de protection individuelle (EPI) pour la sécurité. Quand on l'a signalé, les responsables de chantier nous ont tout de suite sorti qu'ici on n'était pas au bureau des pleurnichards et que c'était à notre boîte d'intérim de nous fournir les vêtements", se souvient-il. "Le plus étonnant a été de voir que j'ai été remercié par Vinci pour être finalement repris par une société sous-traitante de Vinci, et sur le poste en pelle de finition. Si je n'avais pas retrouvé ce travail, comment j'aurais fait?" Le contrat de Jean-Luc devait normalement tenir sur 12 mois, voire 18.
Les Réunionnais découvrent au fil du temps que leur mésaventure n'est pas une exception
Selon certains ouvriers, Vinci a entretenu volontairement le flou sur la durée réelle du contrat dès le départ. "Quand nous sommes arrivés sur la LGV, on a pu constater que le gros œuvre était quasiment achevé. Les travaux avaient déjà un an d'avancement. Vinci a menti à la Région et à Axion en disant qu'il garantissait deux ans de boulot", complète un ouvrier écœuré.
"A plusieurs reprises, on a informé Axion intérim des soucis que l'on rencontrait en métropole mais on nous disait de s’accrocher, c’est pour nous tester, qu'on verra notre salaire… . La boîte d’intérim nous faisait croire que notre situation était particulière mais au fur et à mesure que nous avons pu nous rapprocher des autres Réunionnais, on a remarqué que la situation était la même pour tout le monde", explique Chantal, compagne d'un ouvrier volontaire à la mobilité.
"Le contrat entre Vinci et nous a été fait dans les règles de l'art", commence par expliquer Jean-Marie Nangy, responsable d'agence Ouest Axion. Celui-ci reconnaît toutefois avoir été "surpris par les exigences de Vinci". Il assure avoir pourtant sélectionné "la crème de la crème" localement. Mais même certains de ces intérimaires hyper expérimentés n'ont pas fait l'affaire selon lui. Jean-Marie Nangy rappelle à toutes fins utiles que les ouvriers réunionnais ont bénéficié d'un traitement plus qu'enviable sur le plan financier, soit le double d'un salaire admis localement.
S'il y a bien eu un couac en l'absence de vêtements de sécurité pour le premier jour de travail des ouvriers, il aurait été réglé dans la foulée selon lui. La boîte d'intérim se félicite néanmoins que certains d'entre eux ont pu, bon gré mal gré, poursuivre leur aventure métropolitaine dans d'autres sociétés. Ces problèmes d'adaptation ont été ajustés selon lui par l'évolution de la méthode de sélection de Vinci qui est ensuite venu recruter localement pour la deuxième vague de départ, en juillet 2013. L'année dernière, 35 départs, en deux vagues (mars et juillet) étaient prévus.
Sollicité, Vinci Construction Terrassement explique que le "partenariat avec la Région et la société d'intérim Axion avait pour vocation d¹entretenir les compétences des conducteurs d¹engins avec de hauts niveaux de qualification". Objectif : "travailler sur la construction de la ligne à grande vitesse entre Tours et Bordeaux. Il ne s'agissait pas d'une opération de formation à un métier", recadre la direction du groupe de BTP.
Vinci : "Cette opération semble effectivement avoir souffert d'un problème de pré-sélection"
"Sur 26 intérimaires sélectionnés par Axion à La Réunion, huit n'ont pas été gardés car ils n'étaient pas suffisamment qualifiés. Pour cinq autres, les postes ont été doublés ou ils ont suivi une formation pour les perfectionner mais sans amélioration ou résultats. Enfin, deux sont repartis pour raisons familiales ou maladie. 11 sont donc restés au sein des entreprises du Groupement constructeur, ce que les ouvriers appellent sans doute les sous-traitants", déclare pour sa défense la direction de Vinci.
Pour le géant du BTP, "la prime de déplacement n'a pas été retirée", et confirme que "les contrats allaient jusqu'à décembre 2013. Ils étaient calés sur les vacances de La Réunion."
Vinci botte en touche concernant les propos de deux de ses responsables, dont celui des ressources humaines, qui auraient manifesté leur volonté de mettre à l'écart les Réunionnais, une fois la certitude de remporter le marché de la NRL acquise. "Nous laissons aux auteurs la responsabilité de leurs propos. Ce que je peux vous dire c'est que cette opération semble effectivement avoir souffert d'un problème de pré-sélection des personnes recrutées mais que certains ont donné entière satisfaction", tranche tout de même la direction du groupe.
(*) Tous les noms des ouvriers ont été anonymisés, respectant ainsi leur volonté de ne pas hypothéquer leur chance de travailler sur la NRL dans un avenir proche.
Les Réunionnais découvrent au fil du temps que leur mésaventure n'est pas une exception
Selon certains ouvriers, Vinci a entretenu volontairement le flou sur la durée réelle du contrat dès le départ. "Quand nous sommes arrivés sur la LGV, on a pu constater que le gros œuvre était quasiment achevé. Les travaux avaient déjà un an d'avancement. Vinci a menti à la Région et à Axion en disant qu'il garantissait deux ans de boulot", complète un ouvrier écœuré.
"A plusieurs reprises, on a informé Axion intérim des soucis que l'on rencontrait en métropole mais on nous disait de s’accrocher, c’est pour nous tester, qu'on verra notre salaire… . La boîte d’intérim nous faisait croire que notre situation était particulière mais au fur et à mesure que nous avons pu nous rapprocher des autres Réunionnais, on a remarqué que la situation était la même pour tout le monde", explique Chantal, compagne d'un ouvrier volontaire à la mobilité.
"Le contrat entre Vinci et nous a été fait dans les règles de l'art", commence par expliquer Jean-Marie Nangy, responsable d'agence Ouest Axion. Celui-ci reconnaît toutefois avoir été "surpris par les exigences de Vinci". Il assure avoir pourtant sélectionné "la crème de la crème" localement. Mais même certains de ces intérimaires hyper expérimentés n'ont pas fait l'affaire selon lui. Jean-Marie Nangy rappelle à toutes fins utiles que les ouvriers réunionnais ont bénéficié d'un traitement plus qu'enviable sur le plan financier, soit le double d'un salaire admis localement.
S'il y a bien eu un couac en l'absence de vêtements de sécurité pour le premier jour de travail des ouvriers, il aurait été réglé dans la foulée selon lui. La boîte d'intérim se félicite néanmoins que certains d'entre eux ont pu, bon gré mal gré, poursuivre leur aventure métropolitaine dans d'autres sociétés. Ces problèmes d'adaptation ont été ajustés selon lui par l'évolution de la méthode de sélection de Vinci qui est ensuite venu recruter localement pour la deuxième vague de départ, en juillet 2013. L'année dernière, 35 départs, en deux vagues (mars et juillet) étaient prévus.
Sollicité, Vinci Construction Terrassement explique que le "partenariat avec la Région et la société d'intérim Axion avait pour vocation d¹entretenir les compétences des conducteurs d¹engins avec de hauts niveaux de qualification". Objectif : "travailler sur la construction de la ligne à grande vitesse entre Tours et Bordeaux. Il ne s'agissait pas d'une opération de formation à un métier", recadre la direction du groupe de BTP.
Vinci : "Cette opération semble effectivement avoir souffert d'un problème de pré-sélection"
"Sur 26 intérimaires sélectionnés par Axion à La Réunion, huit n'ont pas été gardés car ils n'étaient pas suffisamment qualifiés. Pour cinq autres, les postes ont été doublés ou ils ont suivi une formation pour les perfectionner mais sans amélioration ou résultats. Enfin, deux sont repartis pour raisons familiales ou maladie. 11 sont donc restés au sein des entreprises du Groupement constructeur, ce que les ouvriers appellent sans doute les sous-traitants", déclare pour sa défense la direction de Vinci.
Pour le géant du BTP, "la prime de déplacement n'a pas été retirée", et confirme que "les contrats allaient jusqu'à décembre 2013. Ils étaient calés sur les vacances de La Réunion."
Vinci botte en touche concernant les propos de deux de ses responsables, dont celui des ressources humaines, qui auraient manifesté leur volonté de mettre à l'écart les Réunionnais, une fois la certitude de remporter le marché de la NRL acquise. "Nous laissons aux auteurs la responsabilité de leurs propos. Ce que je peux vous dire c'est que cette opération semble effectivement avoir souffert d'un problème de pré-sélection des personnes recrutées mais que certains ont donné entière satisfaction", tranche tout de même la direction du groupe.
(*) Tous les noms des ouvriers ont été anonymisés, respectant ainsi leur volonté de ne pas hypothéquer leur chance de travailler sur la NRL dans un avenir proche.