Le CESER a interpellé régulièrement le Conseil régional sur sa capacité financière à mener à terme ce chantier. Dans son avis sur « la liaison Ouest-Nord » de 2006, le CESER estime que la solution viaduc-digue comporte beaucoup d’incertitudes et de risques sur sa pérennité et son sur-coût d’entretien. Le CESER rappelle l’intention commune des parties sur la nécessité de sécurisation des routes nationales, dont la route du littoral, à ce titre, le CESER questionne la répartition de l’évolution des coûts entre les deux partenaires que sont l’État et la collectivité régionale et l’effectivité de cette sécurisation au vu des risques humains. La difficulté qu’allait représenter la question des matériaux face aux besoins exprimés est un élément essentiel que le CESER avait mis en avant dès 2016. De même, l’aménagement des entrées de villes et leur articulation synchronisée avec le chantier de la NRL était un point d’alerte soulevé par le CESER dès 2016.
Le schéma ci-dessus montre, pour répondre au choix de la meilleure solution, qu’il faut rechercher un équilibre entre les enjeux sectoriels, les écosystèmes des acteurs publics et privés, en cohérence avec les échelons territoriaux concernés (communes, EPCI et Conseil régional). Le challenge est d’agir en cohérence, en réussissant les mutations nécessaires et de nourrir l’engagement des parties prenantes concernées. Une étude conduite par la chaire d’économie urbaine de l’ESSEC montre qu’en matière d’aménagements, les vrais blocages peuvent être profonds. Essentiellement organisationnels et socioculturels, ils se situent au coeur même de l’organisation territoriale et dans la persistance de pratiques trop rigides. L’évolution démographique du territoire et l’adéquation de l’aménagement (logement, mobilités, eau, éducation) nécessitent cette anticipation et cette approche multidimensionnelle et non plus une approche en silo, par politiques publiques, et des mises en œuvres désynchronisées. La NRL se situe à l’intersection de ces trois dimensions démontrant la complexité d’une réponse à apporter. Aussi, le CESER propose de passer de l’intérêt catégoriel à l’intérêt général, seule voie des possibles.
Comme nous l’avons décrit, un nouveau pacte social territorial s’impose à toutes les parties prenantes. En effet, si l’on voit se multiplier des projets de pistes cyclables, des initiatives souvent réussies de végétalisation ou de piétonisation, de Transports collectifs en site propre, etc., l’échelle et le rythme du changement sont très loin d’être suffisants pour répondre aux besoins d’aménagement du territoire. Manquons-nous, comme on pourrait le croire, de solutions techniques pour apporter des réponses concrètes aux enjeux de nos villes et de nos territoires ? La question est-elle uniquement financière ? Faut-il plus d’ingénieries localement ? Dans cet avis, le CESER propose ainsi, s’agissant des options proposées pour l’achèvement du chantier de la Nouvelle route du littoral (digue à talus, digue à caisson, digue béton, viaduc…) mais également pour tout chantier structurant à venir, une méthodologie :
– Recourir à une gouvernance territoriale adaptée aux enjeux environnementaux, financiers et humains.
– S’assurer de l’acceptabilité sociale du projet grâce à un process de co-construction et une évaluation socio-économique posée en amont et informant des externalités positives et négatives du projet.
– Planifier l’aménagement durable du territoire et construire un horizon commun, lisible et profitable au plus grand nombre.
Sans une mutation vigoureuse dans les pratiques de gouvernance, de planification, de concernement des parties prenantes, aucune transition ne pourra véritablement s’opérer, dans les délais nécessaires. La Réunion fait face à des enjeux d’une complexité multidimensionnelle et d’une diversité exceptionnelles, de l’impact carbone à la biodiversité, en passant par la gestion des ressources naturelles, l’équité socio-spatiale, la qualité du cadre de vie, ou encore l’enjeu de la réelle applicabilité d’un contrat Convergence à coté des budgets de droit communs. Le CESER rappelle donc la nécessité de disposer d’un budget de convergence et d’un budget de droit commun afin de différencier l’endettement qui relève d’investissements d’égalité réelle et celles relevant du droit commun liées aux besoins du territoire.