« Quand on est né ici, c’est comme les enfants de la Creuse, mais professionnellement. C’est un déracinement. Sans parler du salaire et des risques », déplore Aurélie*. La jeune femme vient d’obtenir son CAPET, certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement technique, mais pourtant, l’ambiance n’est pas à la fête.
En effet, elle a appris qu’elle était mutée dans l’académie de Versailles pour son année de stage alors qu’elle avait demandé en priorité à rentrer sur son île natale. « Dans aucun de mes voeux, il n’y a Paris », annonce celle qui aurait au moins préféré rester dans le sud, là où elle a fait ses études.
Car c’est l’un des points qui a joué contre elle : elle a fait ses études en métropole. Sa filière n’est pas enseignée dans le département, elle a dû aller en métropole pour l’étudier. « C’est la seule raison pour laquelle je suis partie en métropole. Sinon, je serais restée ici », indique la sudiste.
Pas mariée et pas d’enfant, un facteur aggravant
Alors malgré son bon classement et les 120 points supplémentaires, elle a été affectée dans l’académie de Versailles pour son année de stage. Un sort que même ses amies métropolitaines ont connu. « J’ai une amie du sud de la France qui a été mutée dans l’académie de Versailles alors même qu’elle était mariée avec un enfant. Alors moi, qui ne suis même pas pacsée et sans enfant, je suis le bon pion pour partir », s’agace Aurélie.
Une situation d’autant plus difficile à vivre qu’elle estime qu’il y a un manque de transparence à ce sujet. « Une inspectrice de La Réunion n’a pas compris pourquoi je n’avais pas été mutée ici. Elle m’a dit qu’il y avait beaucoup de contractuelles dans ma filière. C’est donc qu’il y a des heures disponibles », affirme-t-elle.
Aurélie a réagi en contactant le rectorat, qui lui a signifié que tout se jouait plus haut et qu’il fallait passer par la plateforme numérique Colibris pour contester. Même discours auprès des syndicats locaux qui lui ont conseillé de contacter leur siège à Paris, car cela se jouait au niveau national. Elle a interpellé plusieurs élus, dont Karine Lebon qui a interpellé le gouvernement à ce sujet la semaine dernière.
Toujours aucune idée de son lieu d’affectation
Résignée à partir dans la banlieue parisienne, la jeune femme qui est actuellement sur l’île a un autre grief à l’encontre du ministère : elle ne sait toujours pas dans quelle ville elle est mutée. Aurélie craint d’apprendre le lieu de son établissement au dernier moment, ce qui la mettrait en grande difficulté pour trouver un logement et s’installer.
Après son année de stage terminée, Aurélie envisage de demander à être mutée à Mayotte, afin de se rapprocher de La Réunion. « Je pourrais au moins être là pour les vacances », se résigne-t-elle avant d’ajouter que « c’est mieux que de finir dans une campagne française. La métropole, c’est uniquement pour les études ».
* Prénom d’emprunt