L’émotion suscitée la semaine dernière par la mise en lumière des propos tenus début janvier par Ségolène Royal est remontée jusque dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale.
Au cours de la séance des Questions au gouvernement, le député Gabriel Serville s’est fait le relais des nombreux ultra-marins qui souhaitent en savoir plus sur la véracité de cette pratique qui consistait, si elle a existé, à muter en Outre-mer des professeurs pédophiles.
« Au-delà de la polémique que ces propos ont pu créer ici et là, les populations des outre-mer, qui doivent en permanence faire face à des histoires singulièrement douloureuses, ne comprennent pas et exigent des explications. « Avant, on mutait », dixit la ministre : « avant », mais quand, précisément ? « On », qui est-ce exactement ? Et qui sont ces pédophiles dont elle parle ? Où sont-ils ? Que sont-ils devenus ? Qu’en est-il de ce qui se passe actuellement ? « C’était loin et on n’en entendait plus parler » ? Mais nous, parents, enfants et professeurs des outre-mer, voulons savoir. Le proviseur que je suis vient de loin pour obtenir des réponses. Si ces propos étaient confirmés, nous serions face à un véritable scandale d’État – un scandale qui témoignerait, une fois de plus, du peu de considération de certains de nos dirigeants envers les outre-mer – je dis bien « certains » de nos dirigeants », a ainsi questionné le député de la 1re circonscription de Guyane.
Blanquer : « La première personne à interroger, c’est elle »
Invité à livrer la version de l’État, le ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse a avoué ne « disposer d’aucun élément qui vienne appuyer ses déclarations de manière probante. »
Cette réponse qui, on s’en doute, ne pourra satisfaire parents d’élèves et parlementaires domiens devrait inciter ces derniers à utiliser tous les outils permettant d’aller plus loin dans la mise au jour de la vérité.
Le député de Guyane a ainsi ouvert le champ à une demande de création d’une commission d’enquête parlementaire si la réponse du ministre de l’Éducation venait à ne pas dissiper les doutes. En l’état, cette réponse du ministre actuel en appelle, logiquement, à la convocation de l’ancienne ministre déléguée à l’Éducation. C’est ce que laisse déjà entrevoir Jean-Michel Blanquer.
« Je ne suis pas comptable des propos de Mme Royal. La première personne à interroger, c’est elle : qu’a-t-elle voulu dire ? Avant d’envisager quoi que ce soit, il nous faut savoir ce qui lui permet d’affirmer une chose pareille. Pour ma part, je le répète, je ne dispose d’aucun élément corroborant des faits antérieurs à ses fonctions, assez anciennes, de ministre déléguée à l’enseignement scolaire. Je comprends bien l’émotion que ces propos ont pu susciter, mais je pense qu’ils sont sans fondement », donne-t-il tout de même son avis.