Ce premier jour de procès de Gilles Alaise a planté le décor du crime, ainsi que les personnages impliqués. Gilles Alaise, 43 ans à l’époque, alcoolique, sans réel domicile, ni emploi et coupé de sa famille. Idriss Rosanaque 32 ans, saoul le jour de son anniversaire, le jour où il a croisé l’accusé et a bu quelques verres (certes, de trop) avec lui.
Ivres (1,22g/litre de sang pour Idriss Rosanaque et 3,28 pour Gilles Alaise), ils se chamaillaient, selon certains témoins, se disputaient selon d’autres. Et là, Idriss Rosanaque se lève du muret où ils étaient installés, rue Badet à Saint-Joseph, juste au dessus de la ravine, et urine. Gilles Alaise passe une jambe par dessus le muret et pousse la victime. Son téléphone tombe, il le cherche, le ramasse, et s’en va. C’est un témoin qui appellera les forces de l’ordre.
Selon l’expert psychiatrique, il y a un lien entre l’alcool et les nombreuses condamnations sur le casier judiciaire de Gilles Alain. Une vingtaine de mentions, et plusieurs incarcérations, entre 2000 et 2013, puis le calme. Aurait-il pris quelques années pour comprendre ? Si son casier ne joue pas en sa faveur, l’expert psychiatrique précise qu’il ne serait pas assez intelligent pour mentir. Quelques omissions, sûrement, qui s’apparentent à des mensonges mais surtout à « un souhait de se montrer sous un meilleur jour ». Une chose est certaine : sa personnalité « frustre » et l’alcool ont augmenté son impulsivité et diminué son seuil de tolérance. Alors quand la victime lui vole sa casquette puis sa sacoche et se bagarre avec lui… Il en a eu « marre ».
« Je lui ai dit, fais pas ça mais il n’a pas écouté »
Provoqué ? Violenté ? Oui. Des coups de poing au visage et des menaces de coups de couteau de la part de la victime ? Le doute règne… Même Me Bruno Raffi, avocat de la défense, parle de « jeux de mains ». Mais si Idriss Rosanaque « ne cherchait pas la bagarre et ne se mettait pas dans des embrouilles », selon l’autre avocate de la partie civile, Me Marie Briot.
» Je lui ai dit, fais pas ça mais il n’a pas écouté ». Le problème n’est pas tant une bagarre qui a mal tourné mais plutôt l’opportunité prise alors que la victime urine, de la pousser dans le dos, là où il savait, selon l’avocat de la partie civile, Georges André Hoarau, que se trouvait la ravine. Qu’il ait eu ras-le-bol, c’est fort probable. Mais lorsqu’il dit avoir eu peur, c’est difficile à croire. Pourquoi ne pas avoir fuit ? Pour l’avocat, il s’agit d’ « un monstre froid », « pas là avec ça » et « spectateur de son propre procès ».
L’avocat général croit même à « une stratégie ». Mettre son acte sur le dos de l’alcool alors que c’est « un alcoolique qui garde le contrôle ». Il a donc requis 10 ans de prison à son encontre.
Pour Me Bruno Raffi, il s’agit simplement d’« un mauvais choix au mauvais moment ». Un choix qui coûte cher : l’accusé a été condamné à dix ans de prison pour violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner.