Encore ce matin, l’histoire de Laure Dumont et Christopher Laude trouve sa place dans les colonnes de la presse. Au goût d’Odette Poncet, la présidente de Femmes Solid’Air, le traitement fait par les journalistes tend à faire oublier trop vite que ce drame demeure avant tout l’assassinat d’une jeune femme par son ex-concubin. "Quand je lis qu’un nouveau drame fait deux morts, je souhaite rappeler qu’ils ne sont en quelque sorte pas ex-aequo. Il s’agit d’un meurtre et puis c’est tout", s’indigne-t-elle.
"Et puis je m’interroge : Elle avait décidé de rompre quelques temps auparavant, cette jeune femme était-elle victime de violences? Avait-elle déjà appelé au secours?" Odette Poncet insiste, car pour cette militante, il n’y a qu’une seule façon de protéger des personnes victimes de violences : le 115. "Ni la famille, ni les voisins ne peuvent protéger une personne harcelée, violentée… Le 115 permet un abri, une rupture, un lien avec des professionnels", explique-t-elle.
La présidente de Femmes Solid’air regrette qu’une fois de plus "on ne tire pas les conclusions. On attend un drame pour que la presse en parle, puis ça part aux oubliettes. Que font les autorités?", s’indigne-t-elle avant d’ajouter : "Toutes les associations le disent, il faudrait créer des centres de soins pour les hommes".
Soigner les hommes, mais aider aussi certaines femmes à ne pas reproduire les mêmes schémas, le travail sur le terrain est grand. Depuis le 1er janvier 2011, l’association d’Odette Poncet a reçu 75 femmes en souffrance. "Je crois qu’on a évité des meurtres", conclut-elle.