Dans votre excellent article publié récemment « Une morbidité humaine planétaire fait-elle le lit du coronavirus ? » (1) vous dénoncez, à juste titre une sorte d’incompréhension de la maladie. Et vous apportez une hypothèse comportementale : « Les virus sans frontières vont-ils nous contraindre à être plus fraternels ? »
On peut, à mon sens, compléter cette vision des choses par un élément plus temporel. Il est sûr que les comportements un tantinet schizophrènes de l’humanité moderne n’arrangent pas notre santé, mais il ne faut pas oublier le temps et une évolution de plusieurs millions d’années qui a, c’est certain, marqué de façon quasi indélébile notre constitution et notre fonctionnement physique. Le mode de vie et l’environnement dans lequel nous avons si longtemps vécu n’a rien à voir avec les conditions de vie du dernier petit millier d’année. À la sélection naturelle de l’homme des bois parfaitement omnivore et parfaitement adapté à son milieu, a succédé cette période folle du progrès, du matérialisme, des sciences médicales et autres, du « struggle for life », de la vitesse, de la pollution, du stress du toujours plus et de la financiarisation du Monde. Notre machine physique a bien été façonnée de façon quasi parfaite par plusieurs millions d’années dévolution (à la fin de la période préhistorique, le squelette de l’homme des bois avait une autre allure que celui de l’agriculteur qui lui a succédé). La machine la plus perfectionnée du Monde a cependant ses limites. Et, il semble bien que la vie moderne a largement outrepassé ces limites. Les sciences, en particulier médicales ont permis, de lutter contre ces maladies induites, on est même très fier d’avoir allongé la durée de vie des humains, mais la solidité physique intrinsèque des humains, comme leurs capacités à résister aux agressions, tout cela a fortement diminué. Il est symptomatique qu’un Américain hyper protégé contre les microbes, tombe malade quand il boit en France, un verre d’eau du robinet.
Mangez sain et varié, bougez, le régime « paléo », etc, toutes ces injonctions vont dans le sens d’un retour à un mode de vie plus adapté et plus raisonnable mais la pente est raide et peu d’humains sont en mesure de la franchir et surtout, de comprendre le pourquoi des choses. Il faut dire qu’on ne leur dit pas tout. Comment se constitueraient ces fortunes colossales du monde de la chimie agricole, pharmaceutique et médicale ! On en arrive même au paradoxe suivant : Pour certains, la disparition d’une partie de la population mondiale ne serait pas une mauvaise chose. Honte à vous.
(1) Le Quotidien du 22 mai 2020.
François-Michel MAUGIS