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Mon vieux Saint-Gilles

Mon vieux Saint Gilles les bains. Lagon de mon île tant aimée, Fier que je suis d’être réunionnais, Un peu taquin, un peu chauvin. Saint Gilles, toi, au Boucan, qu’annote Un sable blond aux gros grains, Aux roches noires, où canotent Les pêcheurs au petit matin. Tu es là! Pour le meilleur, Bien calé au […]

Ecrit par Arnaud JOMAIN – le lundi 27 novembre 2017 à 11H33

Mon vieux Saint Gilles les bains.
Lagon de mon île tant aimée,
Fier que je suis d’être réunionnais,
Un peu taquin, un peu chauvin.
Saint Gilles, toi, au Boucan, qu’annote
Un sable blond aux gros grains,
Aux roches noires, où canotent
Les pêcheurs au petit matin.
Tu es là! Pour le meilleur,
Bien calé au fond de mon coeur.
Tu as été, autrefois, pour moi,
Un merveilleux et doux « chez moi ».
Le premier son qui m’atteignit
Au sein de mon premier nid,
Ce ne fut pas la voix de ma Mère,
Mais le ressac soyeux de la Mer,
Le lent balancement
Du grand Océan.
Le vent d’antan, dans tes filaos,
Chantait en Fa, en Si, en Do
Pour bercer, « Dodo, l’enfant d’eau
Qui dormira bientôt ».
Bruissements d’enfance
D’une mémoire fugace,
Aux parfums tenaces,
Mon vieux Saint Gilles
Tu es là! Pour le meilleur
Bien calé, au fond de mon coeur.
Mes yeux se sont ouverts
Sur tes filaos au sombre vert.
Ta frange en écume d’Océan,
A ourlé de dentelles mon âme d’enfant.
Ton Cap Homard,
Le soir, sur le tard,
Impressionnait ma vision enfantine.
Comme un monstre de comptines,
Sa masse inquiétante et sombre
Se détachait sur un ciel d’ombre.
Maman alors, me chantait
Une petite fleur si tôt, fanée,
Qui n’en finissait plus d’aimer.
Et je m’endormais
Avec toi, mon vieux Saint Gilles
Qui étais là! Pour le meilleur,
Bien calé au fond de mon coeur.
Aujourd’hui, tu joues les bourgeois.
Tu me toises quand je te tutoie
Sur les chemins de mes premiers pas.
Pourtant, c’est toi qui m’as vu naître.
Tu sembles, aujourd’hui, me méconnaître.
Je découvre tes rues encombrées
Tes boutiques joliment achalandées.
Je n’entends plus la corne de la micheline
Qui transportait les belles dames en capelines.
Je ne sens plus l’odeur des caris de cabot, de vivaneau
Qui s’élançait, conquérante, derrière les barreaux*, 
Se mélangeant à celui du brède mourongue
Et d’un succulent rougail mangues.
Cependant, mon vieux Saint Gilles,
Tu seras toujours là! Pour le meilleur,
Bien calé au fond de mon coeur.
Mes petits pieds de joyeux marmot,
Empreintes indélébiles sur ton sable chaud,
Même la marée, chaussée de houle,
N’a pu en dissoudre le moule.
En ce temps là, ton coeur et mon coeur,
Unis en simples et puérils bonheurs,
Ne formaient qu’une seule âme
Vibrante, au rythme de tes lames.
Certes, céans, tu « surfes »,
Tu « paddles », tu « bodyboardes ».
Tu « grand boucanes » un roi de carton!
Au son des fifres et des mirlitons.
Faisant la joie des jeunes générations.
Je retiens mon souffle,
En apnée de souvenirs.
Tu as beau te draper en paréo
Rouler les mécaniques au casino,
Loulou vends toujours des gâteaux,
Dans ton port dansent encore les bateaux,
Le vent courbe joliment tes filaos.
C’est encore mon enfance, c’est beau!
Alors, permets-moi de sourire
Au nom de nos souvenirs,
A tes efforts pour ne pas vieillir,
Parce que, mon vieux Saint Gilles,
Tu seras toujours là! pour le meilleur,
Bien calé au fond de mon coeur.

* barreaux = portails

 

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