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Mon ami Jean-François Hory : Passion, culture et dérision

Je ne vous parlerai pas ici des développements successifs de sa carrière politique ; les journaux feront ça mieux que moi… s’ils décident de parler de mon ami un peu moins chichement qu’ils ne l’ont fait jusqu’ici. Je vous dirai juste ce qu’était un homme avec qui le courant passa immédiatement. C’était à Mayotte en […]

Ecrit par Jules Bénard – le samedi 30 décembre 2017 à 12H44

Je ne vous parlerai pas ici des développements successifs de sa carrière politique ; les journaux feront ça mieux que moi… s’ils décident de parler de mon ami un peu moins chichement qu’ils ne l’ont fait jusqu’ici.

Je vous dirai juste ce qu’était un homme avec qui le courant passa immédiatement. C’était à Mayotte en 1981…
 
Après quelques années (de trop) dans un Saint-Denis déjà impossible à vivre ; après l’extraordinaire aventure du Mémorial ; je décidai de faire un break en allant vivre à Mayotte, un pays formidable que j’avais déjà visité sur les conseils avisés de mon ami Vaxelaire.

Accueilli par mon presque frère, Ahamada Boinali, je mitonnai mon installation dans la partie mahoraise de Mamoutzou, ne voulant à aucun prix me retrouver dans « le quartier blanc des 100 villas ». On ne connaît un pays qu’en vivant au milieu de ses autochtones !
 
Ahamada me dit, un soir, qu’un certain Younoussa Bamana, président du Conseil général, souhaitait faire la connaissance de ce mzungu vivant au milieu des Mahorais.

Le soir-même, nous nous rencontrâmes au Baobab (que je devais être amené à gérer, peu après) et cela commença par quelques séries de whiskies pour adultes.

Survint alors un grand bonhomme blond au regard bleu franc, souple dans sa démarche, au maintien élégant, apparemment costaud. Younoussa me présenta son secrétaire général, Jean-François Hory, et le courant circula tout-de-suite.
 
A partir de ce moment, nous nous vîmes quotidiennement. Ce que j’appréciai chez lui ? D’abord une époustouflante érudition. Je pouvais, avec Jean-François, me laisser aller à discuter de mes grandes passions, le cinéma, la culture… les femmes.

Il savait à peu près tout sur tout. C’est grâce à lui que j’entrai dans l’univers fascinant et cocasse de Pascal Brückner, notamment avec « Le sanglot de l’homme blanc ». Car ce passionné de Mayotte, cet homme hanté par la réelle amélioration du sort des plus démunis, partageait une autre de mes habitudes, la dérision. Nous avions fait nôtre la maxime voulant que l’humour et la dérision sont ce qui nous sauve le mieux de la désespérance ; je crois vous l’avoir déjà dit.

Intellectuel de haute volée, Jean-François adorait le sport, essentiellement la natation et le hand-ball. Il jouait d’ailleurs régulièrement en qualité d’avant-centre dans l’équipe de hand de Mamoudzou. Les gardiens de but parlaient de ses shoots avec une appréhension mêlée d’admiration dans la voix et le regard.

Un jour, je lui dis : « Ah ! tu joues… Il y a donc une équipe de vétérans ? » Il fronça les sourcils puis sourit : « Mets-toi en face, tu verras ». J’évitai soigneusement, ayant déjà été shooté dans la tronche, autrefois, par Freddy Lécolier. En pleine poire, ça douille !
 
A cette époque, Jan-François avait créé l’antenne mahoraise du MRG. Gaulliste de gauche depuis toujours, je fus séduit par ses idées et ce fut bien la première et dernière fois de mon existence que repris une carte de parti. Par amitié fidèle envers mon ami ; mais aussi parce que ses actions en faveur du développement de Mayotte ne pouvaient que me séduire.

A cette même époque, un certain J.-C. V. vint à Mayotte faire l’apologie de Le Pen. Jean-François et moi le suivions pas à pas, démolissant systématiquement toutes ses tentatives pour faire la pub du FN. On s’est bien marré, là.

Aux législatives de 1981 suivant l’élection de Mitterrand, Jean-François fut élu député de cette île… qui était encore une île de rêve alors. Sa carrière politique l’éloigna quelque temps de Mayotte ; après divers avatars, il revint s’y installer en tant qu’avocat, ayant définitivement renoncé à la politique.

Lorsque je gérai le bar-restaurant du Baobab, il débarquait assez tard le soir et après deux jus de goyave (son péché mignon), ne détestait pas vider quelques godets de taille respectable en compagnie de quelques bons amis très fréquentables eux aussi, Bamana, Bastoi (inspecteur du travail qui avait failli s’étouffer en buvant, peu habitué à ce liquide bizarre, un de ses premiers verres d’eau !), Gérard de Villèle, le propriétaire du Baobab, Ahamada (qui ne suçait pas que des glaçons), votre serviteur himself… Nous refaisions le monde jusque tard dans la nuit.

Une de ses phrases me revient : « Il n’y a rien de plus beau que les seins d’une femme… quand par bonheur ils commencent à tomber ! »

Une autre, à mon adresse : « On parle beaucoup de Dick Ukéwé (leader néo-calédonien disparu). Il y a un homme de ce niveau à Mayotte, Younoussa Bamana. Pourquoi n’écrirais-tu pas sur lui ? »

Younoussa était effectivement LE grand héros de la résistance majorais face aux visées hégémoniques de la Grande-Comore. Ça viendra peut-être.
 
Salut à toi, Jean-François Hory. Je persisterai à dire que tu as été un type comme ça et que te connaître a fait partie des grands moments de ma vie.

 

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